Chute mortelle de Bilal dans une cage d'ascenseur : beaucoup d'incertitudes
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lundi 5 septembre 2005
STRASBOURG (AP)
Beaucoup d’incertitudes techniques ont été relevées lundi devant le tribunal correctionnel de Strasbourg (Bas-Rhin) lors de l’ouverture du procès de la société AMS (Ascenseurs multi-services) et d’un technicien de maintenance poursuivis pour homicide involontaire après la chute mortelle le 19 mai 2002 de Bilal Wahili, quatre ans, dans la cage d’un ascenseur HLM du quartier strasbourgeois de la Meinau.
Deux causes ont été évoquées pour ce drame, mais il reste beaucoup de zones d’ombre. En effet, les experts se sont aperçus que deux bornes du boîtier électrique (F9 et F10) étaient shuntées (dérivées). « Cela a bloqué le système de sécurité », estiment-ils.
Ni l’enquête ni l’instruction n’a permis de déterminer avec certitude qui avait procédé à cet acte. « On aurait pu le voir », a reconnu le cadre d’AMS lors d’une opération de maintenance.
Second problème : le système de roulettes qui actionne l’ouverture et la fermeture de la porte palière a été « manipulée ». Elle est la seconde cause de cet accident dramatique. Là encore, l’auteur de ce geste n’a pas été identifié.
Les experts ont évoqué en fin de matinée la manie de certains locataires de « privatiser l’ascenseur », c’est-à-dire de le bloquer à leur profit. Une locataire a d’ailleurs fait ce geste devant les experts de façon « professionnelle ». C’est elle qui, au début de l’enquête, avait prétendu s’être trouvée un jour devant une cage d’ascenseur vide à son palier avant de reconnaître avoir menti.
Dans l’après-midi, le procureur Benoît Blanchy a requis 18 mois de prison avec sursis contre le technicien, qu’il estime coupable d’homicide involontaire pour une faute grave et inexcusable : celle de ne pas avoir vu le pont électrique (shunt) qui est à l’origine de l’accident mortel.
Il a également demandé que soit reconnue la culpabilité d’AMS en tant que personne morale pour une série de manquements à la sécurité, notamment l’emploi d’un technicien qui n’avait pas reçu de formation adéquate. AP