Claude Guéant cristallise le ressentiment de l’UMP

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jeudi 7 février 2008

Une révolte ou une révolution ? Une fronde, pour l’instant. Un début d’incendie que Nicolas Sarkozy a intérêt à circonscrire tout de suite avant qu’il ne se propage.

On se souvient peut-être qu’en début de semaine Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel s’était exprimé suite au mariage de Nicolas et de Carla Sarkozy. Il avait estimé qu’il fallait "faire attention à ne pas désacraliser les fonctions officielles" et qu’il y avait "une certaine tenue à avoir quand on représente tous les Français et quand on incarne la France".

Ses propos avaient été largement commentés par les ténors de la droite, Raffarin, Balladur, Bernard Accoyer et... Claude Guéant.

Le secrétaire général s’était dit « un peu surpris de cette déclaration. Il n’avait pas à dire ce qu’il a dit. Je ne savais pas qu’il était chargé d’être l’arbitre des comportements politiques dans ce pays. Le président du Conseil constitutionnel doit être à l’abri de tout soupçon de partialité » (voir Agoravox).

Or les députés UMP sont de plus nombreux à penser que le secrétaire général de l’Elysée sort de ses compétences. Ils s’en sont plaints hier auprès de François Fillon (voir Agoravox ) et n’y sont pas allés de mains mortes.

« C’est presque un "Feu sur le quartier général", selon Libération. Depuis que, mardi, la députée (UMP) Valérie Rosso-Debord a critiqué l’interventionnisme aigu du secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant, les langues se délient. Y compris au sein du gouvernement. Ainsi, hier, le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, en a-t-il remis une couche, estimant que les conseillers de Nicolas Sarkozy n’ont pas à jouer aux ministres : "L’interprétation, oui, l’expression, oui, parce qu’elle répond à une évolution naturelle de nos institutions et de la médiatisation politique. En revanche, la substitution à ce que sont des responsabilités gouvernementales, non", a-t-il expliqué devant l’Association des journalistes parlementaires ».

Ambiance...

Les mauvais sondages qui s’accumulent, le rapport Attali rendu public à deux mois des élections, tout concourt à déstabiliser l’esquif présidentiel que rien, pas même son mariage, ne semble apaiser (voir Agoravox ).

Alors, que les députés s’en prennent à Guéant, via François Fillon qui en plus a la cote auprès des Français, c’est trop. Et Nicolas Sarkozy l’a fait savoir. Il va y avoir du sang sur les murs.

D’autant que Claude Guéant n’est pas le seul visé. Toute l’équipe rapprochée de Sarkozy en prend pour son grade, Guaino compris.

La réaction de Nicolas Sarkozy ne s’est pas faite attendre, bien sûr. « "J’écoute, je lis, j’entends tout ce qui se dit. Après les municipales, je prendrai avec sang-froid les décisions qui s’imposent", a déclaré le président au Figaro qui se demande qui est dans le collimateur de Sarkozy : Fillon, coupable d’avoir laissé les parlementaires se lâcher et dire tout le bien qu’ils pensent de Claude Guéant ? Les députés eux-mêmes, coupables, en pleine tourmente de quitter le navire ? Les ministres "qu’on n’entend pas beaucoup défendre l’action et le bilan du gouvernement ?" ».

Peut-être Sarkozy lui-même ? Mais ce président-là aura-t-il le courage de l’admettre ?


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