James Brown, I’m black and I’m proud, mais fier de quoi ?
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mardi 26 décembre 2006
Né dans une famille pauvre de Caroline du Sud, élevé en Géorgie, à sept ans il est rabatteur de prostituées, cireur de chaussures, devient boxeur, est enfermé à seize ans pour trois ans et demi en maison de correction pour vols réitérés, et c’est à l’âge approximatif de vingt-cinq ans (il n’a jamais donné vraiment sa date de naissance), qu’il est devenu James Brown, avec son premier succès musical, Please, please, please. Son rythme de concerts, publiction d’albums, tournées, des années 1950 aux années 1970 en fait le « travailleur le plus acharné du show busimess ». 119 de ses titres ont été intégrés aux classements spécialisés de la revue professionnelle Billboard entre 1956 et 1998. Il a enregistré plus de cinquante albums. En 1992, un Grammy lui est attribué pour l’ensemble de sa carrière.
Dans les coulisses de la vie, il ne brille pas : multiples condamnations pour affaires de drogue, pour violences conjugales (en quatre mariages), port illégal d’armes, irrespect de la police, excès de vitesse, tricherie fiscale, prison. Il n’est pas tendre non plus avec ses musiciens, quand il leur inflige une amende à la moindre fausse note.
Une tendance à la démesure semble avoir affecté son combat de chanteur noir : certes, en 1968, au moment de l’assassinat de Martin Luther King, il a chanté toute la nuit sur une radio pour tenter d’apaiser les émeutiers ; certes, il donnait une dimension politique à son chant quand il disait : « La soul, ce sont tous les coups durs, toutes les punitions qu’a endurés l’homme noir (...) tous les rêves inassouvis qui doivent se réaliser. » Et quand il abandonne sa coiffure lissée et brillante pour une mise afro, il est adopté par bien des leaders noirs comme Brother James. Mais c’est pour Nixon et Reagan qu’il fait campagne. En 1962 le message de promotion n’évoquait que l’idée de quantité de biens matériels : « En un mois, il distribue 5000 photos dédicacées et 1000 paires de boutons de manchettes, porte 120 chemises fraîchement repassées et plus de 80 paires de chaussures, change 150 fois de costume de scène, et passe près de 80 heures sur scène, à chanter, à danser et aussi à jouer au moins 960 chansons sur un ou plusieurs instruments parmi les huit qu’il maîtrise. » Il a beaucoup accumulé, ensemble de stations de radio, société de production, collection de voitures, avion... L’empire, il voulait aussi le faire reconnaître dans le domaine musical : en 2003 il déclarait à Associated Press : « Le disco, c’est James Brown. Le hip-hop, c’est James Brown. Le rap, c’est James Brown. Vous comprenez ce que je dis ? Quand vous écoutez tous ces rappers, 90% de leur musique vient de moi. »
I’m black and I’m proud ? Fier, certainement, mais d’une réussite strictement personnelle, et non d’une contribution à un combat collectif.