Kadhafi, le client a toujours raison
par Babar
lundi 10 décembre 2007
Depuis 1973. Ça fait 34 ans ! Un bail. Une éternité qu’il était venu. On ne va plus le reconnaître, Mouammar Kadhafi. Depuis le temps, il a changé. Surtout exigez le vrai. Pas l’imitation. Kadhafi étant le sosie de lui-même, ça peut prêter à confusion. Exigez le farceur à lunettes, l’homme à la tirade facile qui aime faire la bombe et justifie le terrorisme. Non, calmos, Kadhafi n’est pas Fellag.
Il y a peu le Guide suprême de la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste, armé de son petit livre vert (le rouge était déjà sous copyright) n’était vraiment pas le bienvenue. Aujourd’hui c’est différent. Pas pareil. Sarkozy l’a compris. Pragmatique Nicolas. Les autres - Rama Yade, François Hollande, François Bayrou, de nombreux Français - n’ont rien compris.
Va falloir leur expliquer qu’il ne faut plus appeler Kadhafi « chien enragé » comme le faisait papy Reagan. Aujourd’hui, rappelle Le Monde, « l’artisan des réseaux radicaux de naguère, Moussa Koussa, est pressenti pour le poste d’ambassadeur à Washington ».
Oui, aujourd’hui Kadhafi plante sa tente à Paris (voir Agoravox). Ça fait causer dans les bistrots. Mais Kadhafi est gentil, maintenant. Il a libéré les infirmières bulgares. Et puis il veut se rapprocher de l’Occident. Laissez venir à nous les petits enfants.
« Avec le contexte nouveau créé par le 11-Septembre et la hausse des prix du brut, Kadhafi a vu qu’il avait un coup à jouer », rapporte au Monde Luis Martinez, spécialiste du Centre d’études et de recherches internationales (Sciences-Po Paris), auteur de The Libyan Paradox (Hurst, 2006).
Voilà, maintenant les relations peuvent être normales. On ne va pas remâcher éternellement de vieilles rancunes. D’ailleurs Sarkozy ne fait que rouler sur une voie tracée par Chirac, Romano Prodi, Tony Blair. Maintenant que les infirmières bulgares sont libérées, Kadhafi est un chef d’Etat comme les autres.
C’est pourquoi il est en France aujourd’hui. Lors de son séjour, il doit visiter l’Assemblée nationale, se recueillir sur la tombe du général de Gaulle, etc., bref tout comme un vrai chef d’Etat. Et aussi, rapporte L’Express, parce que « des contrats commerciaux pour plusieurs milliards d’euros devraient être signés, notamment dans le domaine militaire ».
Il devrait également emporter dans ses valises pour 3 milliards d’euros d’Airbus, un réacteur nucléaire et de l’équipement militaire (une dizaine de Rafale). Sans paraît-il marchander. A cette occasion, François Bayrou a déclaré à L’Express : « La France est un pays qui honore non pas les droits de l’homme, mais l’argent ».
Quel rapport ?
Crédit photo : Wikipédia