L’homme, seul animal obèse

par L’équipe AgoraVox
mardi 19 septembre 2006

 

A la question posée par le journaliste Michel Cymes : - « Les animaux peuvent-ils êtreobèses dans leur milieu naturel ? », Bernard Guy-Grand, professeur de nutrition à La Pitié-Salpêtrière répondait : « Non. L’animal est dans l’obligation de rechercher sa nourriture, de la chasser ou d’échapper aux prédateurs : il n’a donc pas de raison de devenir obèse. Un être humain placé dans les mêmes conditions ne développerait pas non plus d’obésité. L’homme n’est pas préparé à affronter les évolutions sociétales actuelles : l’accent est trop mis sur l’alimentation, alors que la sédentarité et l’absence d’activité physique jouent un rôle capital. Les changements qui se sont produits au cours des vingt ou trente dernières années montrent que la réduction de l’activité physique est nettement plus importante que l’augmentation de la consommation alimentaire. »

La diminution de l’activité physique est souvent retenue comme cause majeure dans le développement de l’obésité ; sur le site de manicore, on peut lire : « Le seul facteur parfaitement corrélé à l’augmentation de la prévalence de l’obésité aux Etats-Unis est le nombre d’automobiles en circulation. Et cela est probablement vrai en France aussi. ». Soit, mais ce n’est pas si simple.

Cette première maladie non infectieuse de l’histoire est devenue une épidémie plus répandue qu’on ne croit, qui frappe aussi les pays pauvres. Les Indiens Pimas d’Arizona, les Nauruens mélanésiens sont obèses à 80 %, et près d’un sur deux développe un diabète avant l’âge de cinquante ans.

Trois milliards d’individus sous-alimentés, et les autres « en train de devenir obèses », nous indiquent tous les rapports de santé actuels : 50 % des Américains en surpoids, dont 25 % obèses, en Europe, 30 % des adultes en surpoids. En France, 8 millions d’obèses : les campagnes sont plus affectées que les villes, et le pourtour méditerranéen subit une évolution particulièrement rapide et défavorable. Et surtout, le déséquilibre pondéral touche les individus à un âge de plus en plus précoce. La Finlande est le seul pays d’Europe à avoir agi efficacement en contrôlant l’alimentation des enfants. Le mauvais équilibre de la nourriture ingérée - avec le mode d’ingestion, le « fast-food »
- est un des facteurs de la prise de poids, avec les facteurs génétiques, les facteurs endocrinologiques. La complexité du traitement de l’obésité (illustrée par Proust dans une phrase de Sodome, publié en 1922 : « Certaines personnes prédisposées à l’obésité mangent à peine et marchent toute la journée sans cesser d’engraisser à vue d’œil  ») et le faible taux de réussite à long terme conduisent les chercheurs à définir des politiques de prévention efficaces.


Lire l'article complet, et les commentaires