Le flop de l’année de la France en Chine

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lundi 19 septembre 2005

Le ministre chinois de la Culture Sun Jiazheng et Christian Poncelet, président du Sénat français l’ambassadeur de France M. Philippe Guelluy ont participé samedi 17 septembre au soir à une soirée française sous titre "Illumination en Bleu Blanc Rouge" qui s’est tenue au bord du lac du Palais d’été dans la banlieue pékinoise, à l’occasion de la clôture de l’Année de la France en Chine.

"Les vieux remparts ont été ornés de panneaux en toile présentant les monuments historiques significatifs des villes jumelées sino-françaises, et des drapeaux français et chinois y ont été dressés, cela en respectant les conditions environnementales de la Muraille. Dans le village français installé au pied de la Grande Muraille, des artisans français ont offert des fromages, des chefs cuisiniers, leurs spécialités culinaires et les boulangers français et chinois ont fait cuire leur pain" (Source : xinhua) à l’occasion de cette année de la France en Chine. "C’est assez extraordinaire de pouvoir partager nos cultures au sommet de la Grande Muraille, sur un tel monument datant de plus de 2000 ans" a expliqué un Français (Source : xinhua) venu en Chine spécifiquement pour la clôture de l’Année de la France.

Après vingt-quatre mois de célébration culturelle croisée entre les deux pays, le Pique-nique, sur la Grande Muraille, devait être ce week-end le clou de l’Année de la France en Chine, un vrai banquet républicain tout en foules et en saveurs provinciales. Un événement populaire de l’ampleur du défilé sur les Champs-Elysées, à l’occasion du nouvel an chinois l’an dernier. Le pique-nique a eu lieu. Mais ce n’était pas sur le célèbre rempart. Les Chinois n’ont pu que le dévorer des yeux, parqués de l’autre côté d’une barrière. Et les organisateurs français l’ont finalement rebaptisé, avec une pincée de sel : c’était l’Incroyable Aventure.

Un an de travail, 1.5 millions d’euro et 200 personnes venues spécialement de France pour ce dernier évènement de l’année de la France en Chine. Entre autoritarisme chinois et folie des grandeurs françaises, le rêve a tourné à la cruelle déception. Le projet initial, qui était de réunir 120 000 personnes sur deux jours le long d’une muraille investie par les provinces françaises, leurs traditions et les produits du terroir, avait déjà été singulièrement revu à la baisse par les obstacles mis par les autorités locales.

Gad Weil, l’organisateur de ce « pique-nique » géant, dont l’idée est née à l’Elysée, ne cachait pas sa colère samedi. On lui a répondu : « Mais ce sont des paysans, ce ne sont pas les gens qui vous intéressent, ils n’iront jamais en France ! » « Je suis un saltimbanque, mon métier est de mettre en scène des événements populaires pour le grand public », tentait vainement d’expliquer l’homme qui avait organisé la parade chinoise sur les Champs-Elysées.

Côté chinois, les organisateurs français se sont heurtés à l’obsession du régime pour la sécurité et pour le contrôle policier. Pour ce pique nique de clôture de l’année de la France en Chine, les policiers ont gardé le public non invité à distance derrière un cordon sanitaire, une scène très coloniale où des centaines de Chinois observaient à distance les Français et leurs invités de marque s’amuser. Pour finir, la ville de Pékin a plafonné les entrées : 25 000 visiteurs en principe, beaucoup moins en réalité et loin, très loin des « centaines de milliers de Chinois » que Paris avait espérées pour l’apothéose.

A l’automne, lors du concert inaugural à la Cité interdite, les invités d’honneur et Mme Bernadette Chirac avaient dû suivre le spectacle de Jean-Michel Jarre séparés de la scène par un vide de trente mètres et quelques rangs serrés de policiers en uniforme. La foule chinoise, tout un symbole, était déjà rejetée à l’extérieur de l’enclos.

Les années croisées France-Chine, qui se sont déroulées entre octobre 2003 et septembre 2005, ont été initiées par les gouvernements chinois et français en conformité avec les Notes d’entretien conclues entre les deux Etats.


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