Mia et le Migou de Jacques-Rémy Girerd, ŕ voir !
par Francesco Piccinini
mercredi 10 décembre 2008
Mia et le Migou, nouveau film d’animation du réalisateur et producteur Jacques-Rémy Girerd sort aujourd’hui, mercredi 10 décembre, dans les salles de cinéma. Un film ambitieux, parfois déroutant et contrasté. Fable évoluant entre merveilleux et réalisme noir, il est destiné à tous les publics à partir de 6-7 ans. Mia et le Migou qui a obtenu de nombreuses récompenses internationales, il évoque, sur fond de quête initiatique et d’épopée écologiste la récurrente question du « qu’est-ce que grandir ? ».
Mia et le Migou a déjà été vu par de nombreux spectateurs. A peine en salle il est déjà raflé quelques prix comme le Prix du meilleur film d’animation au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue (Canada) et le prix du Public-Mon premier festival à Paris où il était présenté en avant-première il y a quelques semaines devant un public tellement nombreux que des spectateurs n’ont pu assister à la séance…C’est dire que ce nouvel opus de Jacques-Rémy Girerd était attendu. Après L’enfant au grelot, La prophétie des grenouilles et quelques programmes de films d’animation (Patate, Petites Z’escapades…), voici ce nouveau sur les écrans.
En Amérique du sud, dans la Cordillère des Andes, Mia, une fillette d’une dizaine d’année, quitte brusquement son village pour suivre une intuition : elle doit retrouver son père qui travaille dans la forêt amazonienne, sur un chantier pharaonique dont la finalité est la construction, en pleine nature, d’un gigantesque complexe hôtelier. La route que suivra Mia pour retrouver son père est longue. C’est un chemin initiatique sur lequel elle croisera des créatures qui l’aideront à grandir. En parallèle il y a l’histoire d’Aldrin, jeune garçon élevé par sa grand-mère. Sa mère travaille au bout du monde quant à son père, promoteur immobilier, il ne pense qu’à gagner de l’argent. Mia et Aldrin se rencontreront-ils ?
Pour Le Monde, Mia et le Migou est une « fantaisie écologiste bancale et sympathique et rappelle, par bien des aspects, La Prophétie des grenouilles, le précédent film de Jacques-Rémy Girerd. On y reconnaît le crayonné artisanal, le goût pour les couleurs chaudes, la technique d’animation traditionnelle en deux dimensions ».
Ce qui est pourtant passionnant dans ce film c’est la mise en parallèle de deux destinées apparemment contraires : celle de Mia qui cherche son père et celle d’Aldrin dont le père Jekhide (concentré de Jekyll et de Hyde ?) est un « fieffé sale type, cruel et sans coeur - c’est d’ailleurs ce qui fait le sel du film. Concentré de virilité bête et arrogante, il se montre aussi violent avec l’environnement qu’inhumain avec ses salariés », rapporte Le Monde.
Sans doute, ce nouveau film des studios Folimage manque t-il un peu de souffle et de cohérence. Mais ce qui, selon certains, fait sa faiblesse - le clash entre les couleurs chatoyantes et fauves du dessin, en bref son « registre merveilleux » (dixit le Monde), et la noirceur du scénario qui cumule bon nombre de menaces humanitaires et environnementales -, est au contraire pour d’autres spectateurs ce qui fait sa force, son grâce. Les voix de Dany Boon, Pierre Richard, Jean-Pierre Coffe, Yolande Moreau, Miou-Miou, Romain Bouteille, Jean-Francois Derec ou encore Garance Lagraa (dont la « voix » a obtenu une mention spéciale au festival Voix d’étoiles à Port Leucate) ne sont pas étrangères à la réussite de ce film.
Mia et le Migou a demandé à Jacques Rémy-Girerd six ans de travail : « Deux ans pour l’écriture qui, (...), va jusqu’au montage de l’animatique en noir et blanc. Trois ans de production lourde et le reste pour les finitions et préparer la sortie du film. Un film de cette nature nécessite de réaliser plusieurs centaines de milliers de dessins, tous faits à la main. C’est la raison pour laquelle il faut réunir des cohortes de bras et passer beaucoup de temps. Malgré la bonne volonté et l’appui de l’ordinateur, impossible d’aller plus vite », explique le cinéaste à Allo ciné.
Depuis vingt ans, Folimage, rare studio européen, est, selon son fondateur, Jacques-Rémy Girerd lui-même qui s’exprime sur son site, « un centre de création image par image où presque tout est possible, un lieu magique qui s’est construit petit à petit grâce à la volonté, le talent, et l’imagination d’une centaine d’artistes et de techniciens. C’est une fabrique bourrée d’audaces, de tubes de couleurs, d’ordinateurs raisonnables, de mine de plomb, de tailles crayons, de plateaux illuminés, de caméras amicales, de sujets en pâte à modeler, de petits mouvements tendres et sincères, d’éclats de rire, de coups de fil, de coups durs et de coups de foudre ».
Selon le site evous, « La patte Girerd est bien présente dans ce nouveau long-métrage, montrant que l’ouverture de la production du film à l’Europe et une plus grande aisance financière n’ont pas altéré son amour du travail bien fait. Le scénario est bien écrit, ni manichéen ni bébète et tiendra les enfants en haleine tout au long du film. L’histoire mélange habilement une trame merveilleuse et poétique avec les Migou et leur arbre sacré, une dimension psychologique simple et efficace avec les portraits croisés des familles de Mia et d’Aldrin et un fil rouge écolo toujours de bon aloi ».
Et le Migou dans tout ça ? Ah, le Migou…