Nicolas Hulot navigue à vue
par L’équipe AgoraVox
vendredi 12 janvier 2007
Nicolas Hulot participera à une conférence consacrée au Pacte écologique à Nantes le 15 janvier, puis annoncera sa candidature à l’élection présidentielle ou une autre décision le 22. Sa situation n’est pas simple. Fort d’une popularité assez retentissante, troisième personnalité préférée des Français, nous dit le sondage Ifop publié tout récemment dans Le Journal du dimanche, fédérant 10% en gros d’intentions de votes, il peut être tenté de se lancer dans la compétition, et d’ailleurs a déjà prévu un minimum d’organisation (un directeur de campagne possible en la personne de Gérard Feldzer, environ 130 promesses de parrainage collectées). La probabilité d’un remboursement des frais de campagne est assez bonne ; la fonction initiale du Pacte écologique est dans l’impasse : tant de candidats l’ont signé qu’il n’a plus de valeur instrumentale possible, politiquement (l’adhésion d’Arlette Laguiller est un bon exemple du caractère anecdotique que peut prendre la signature du Pacte, Lutte ouvrière plaçant la transformation politique de la société comme priorité absolue). Les commentateurs politiques le soulignent de manière quasi unanime : comme presque tout le monde a signé le Pacte, c’est comme si personne ne l’avait signé, trop de signatures tue l’engagement...
Alors Nicolas Hulot place la barre de ses exigences plus haut : désormais, il faut que les candidats s’engagent « de manière satisfaisante ». Il dit et redit qu’il « croise les doigts pour ne pas y aller », confirmant par là que s’il se présente, ce n’est pas pour devenir président, il ne le veut pas, mais pour pousser en avant la préoccupation écologique, mettre ses talents incontestable d’orateur au service de sa cause. Et après ? En quoi les négociations entre les deux tours auraient-elles plus de chances d’aboutir à des accords politiques qu’elles n’en ont aujourd’hui ? Ajoutons qu’il ne sera guère soutenu par les autres porte-parole de la défense de l’environnement (voir par exemple la position argumentée de Corinne Lepage dans la tribune donnée à Libération). Son éventuelle candidature gênerait certes les candidats en lice, à gauche comme à droite, et pourrit servir des personnalités peu enclines à soutenir ces candidats, mais il n’est pas établi qu’il souhaite jouer ce rôle. Nicolas Hulot navigue à vue, et ne trouve guère de repère solide sur sa route.