PV, la politique du chiffre
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jeudi 26 mars 2009
C’était un secret de polichinelle. Le magazine Auto Plus révèle dans son dernier numéro que les policiers sont soumis à la loi des quotas. De plus en plus d’automobilistes se plaignent d’être verbalisés sans raison.
Ce sont des notes de service explosives. Et de plus en plus embarrassantes pour le ministère de l’intérieur. D’abord, la place Beauvau et la police dans son ensemble ont commencé par nier que des « quotas nationaux » de PV soient fixés aux forces de l’ordre.
Pourtant, « les collègues, explique un policier à ouest-france.fr, sont fortement incités à atteindre les objectifs. Le gouvernement a annoncé qu’il voulait rentabiliser la fonction publique. Dans la police, seuls les PV permettent de le faire ».
Selon les responsables de la police, Nicolas Sarkozy en parlant de tolérance zéro, y compris pour les petites infractions, a créé cette situation. « Maintenant, selon la même source, on veut supprimer le libre-arbitre du policier qui peut difficilement fermer les yeux sur une petite infraction ».
Sur une des notes de services publiées par le magazine Auto plus, en appui de ses assertions sur les quotas de PV, on peut lire que « vu les nécessités de décliner notamment des objectifs chiffrés en matière d’activité de voie publique et vu l’analyse des résultats obtenus en 2008, la présente note a pour objet de fixer les objectifs à atteindre en 2009 pour les brigades et unités spécialisées composant l’unité de sécurité de proximité ».
On ne saurait être plus clair. Libération s’interroge sur cette notre de service : « est-elle un cas isolé, dû à un fonctionnaire particulièrement zélé ? Ou bien une pratique devenue monnaie courante dans les services de police ? »
Selon certains syndicalistes comme Yannick Danio, porte-parole du syndicat Unsa police-le syndicat unique, ce genre de note n’est pas du tout exceptionnelle : « A partir du moment où on fait entrer une logique de rendement dans la police et la gendarmerie, explique t-il à liberation.fr, faut pas s’étonner d’avoir des dérapages de ce genre et des conséquences qui vont avec ».
Et de constater qu’immanquablement ce genre de pratique détériore un peu plus les relations entre citoyens et forces de l’ordre.