Rien de nouveau sous la vidéo d’Angers

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samedi 11 novembre 2006

Pourquoi tant d’alarme, à la suite de la diffusion sur Daily Motion d’une intervention d’une militante socialiste devenue candidate à la candidature présidentielle, Ségolène Royal, lors d’une réunion fédérale à Angers, le 21 janvier ? Pourquoi crier au rapt d’image, n’est-il pas juste de dire : un candidat doit tenir le même langage quelles que soient les circonstances ? Les circonstances étaient ici en outre une réunion de travail collectif, sans huis clos. Pourquoi s’étonner des propos ? Ce n’était ni la première ni l’unique occasion pour Mme Royal de s’inquiéter des inégalités sociales préjudiciables à la réussite scolaire. Elle propose ici un « pacte, pendant la préparation du programme du PS, avec les organisations syndicales, pour que si on arrive aux responsabilités on soit immédiatement opérationnels. » L’idée posée en principe de ce pacte est présentée comme novatrice : « Je pense qu’une des révolutions c’est de faire les 35 heures au collège. C’est-à-dire que les enseignants restent 35 heures au collège. » La logique de la proposition est ensuite soulignée : si les enseignants du secteur public ont le temps d’aller faire du soutien payant, ils auront le temps de faire du soutien gratuit. C’est aussi clair que simple, et tout le monde se réjouit, les parents, et plus encore les professeurs, qui se sentent enfin associés à la réduction de travail hebdomadaire, et à qui on va enfin offrir un lieu de travail personnel dans les établissements scolaires. Les porte-paroles de la candidate à la candidature  s’en félicitent ; « Les enseignants seront mieux épaulés, mieux accompagnés, mieux respectés, dans le combat commun pour la réussite scolaire. » Et le directeur du département « opinions » de l’institut de sondage CSA se veut rassurant : lors d’un chat sur lemonde.fr, il contextualise les effets de cette diffusion : « Le pays et l’électorat de gauche applaudissent en ce moment à toute proposition qui semble remettre à plat le contrat entre gouvernants, gouvernés et catégories sociales. »

Alors pourquoi le premier secrétaire du PS intervient-il ? Il a développé en ce matin de 11 novembre assez longuement la position du parti : « Le PS, et c’est l’engagement que nous prendrons tous, quel que soit le candidat désigné », se donne pour objectif d’introduire « un soutien scolaire gratuit, par forcément par les enseignants d’ailleurs », il peut s’agir « d’étudiants, de personnels contractuels » rémunérés. Il a encore dit : « Les enseignants effectuent souvent plus de 35 heures : entre le temps d’enseignement, de préparation des cours, de correction des copies, de rencontres avec les parents... Est-ce qu’il faudrait qu’ils soient au collège ? Aujourd’hui, il n’y a pas de possibilité pour les accueillir. Son intervention ne pouvant être motivée que par quelque préoccupation concernant le parti, et on s’aperçoit qu’il embrouille ici un peu les choses, parce que si l’objectif est bien toujours la réussite scolaire de tous, la méthode est très différente de ce que préconise Ségolène Royal, parfois même opposée. Et le commentaire d’un élu socialiste, J.-C. Cambadélis, sonne juste : « Si elle l’a dit, le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas tout à fait le programme socialiste », tout comme l’appréciation du député Yves Durand, ancien secrétaire national du PS à l’éducation : « Les propos sont pour le moins malvenus, injustes et maladroits. »

Au total, il n’y a pas de surprise, ni dans l’analyse de la candidate, ni dans les réactions qui se sont exprimées consécutivement à la diffusion de la vidéo. Ni dans le fait qu’elle tient des discours parfois « bruts de décoffrage », et qui sont une des clés du succès qu’elle a eu jusqu’à maintenant.


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