Weyergans primé, Houllebecq s’incline

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jeudi 3 novembre 2005

Les jurés du Goncourt 2005 en ont décidé ainsi : le prix est décerné à François Weyergans pour son roman Trois jours chez ma mère, chez Grasset. Pourtant, qui ne voyait pas déjà Houellebecq primé, couronné pour La possibilité d’une île, chez Fayard ? Michel Houellebecq était le grand favori, il avait notamment derrière lui des "adeptes" déterminés comme François Nourrissier qui, juré, ne jurait que par lui. Tout paraissait joué d’avance. Qui pouvait détrôner l’écrivain des Particules élémentaires, l’écrivain le plus lucide de notre société décadente ? La troisième sélection du prix Goncourt, la dernière, comportait Falaises, d’Olivier Adam (Editions de l’Olivier), Trois Jours chez ma mère, de François Weyergans (Grasset), Fuir, de Jean-Philippe Toussaint (Editions de Minuit) et La Possibilité d’une île, de Michel Houellebecq (Fayard).

Ce sera le second tour qui aura départagé les deux écrivains  : François Weyergans a obtenu, au second tour, 6 voix, contre 4 à Michel Houellebecq.

Ce fut également au second tour, lors de la deuxième liste du Goncourt, que l’Académie décidait d’intégrer in extremis Trois jours chez ma mère de François Weyergans. En effet, l’ouvrage de celui-ci n’ est pas sorti dès les premiers jours de la rentrée littéraire, il a fallu attendre la fin septembre. François Weyergans reviendrait-il donc de loin ? Il n’avait pas publié depuis longtemps, il s’immisce dans la course au Goncourt avec retard... Cela ne pouvait se faire sans un petit geste envers les lecteurs impatients : François Weyergans a décidé de ne pas publier un seul roman, mais deux. En plus de Trois jours chez ma mère, il publiait Salomé, un ouvrage de jeunesse : il avait 27 ans quand il l’a écrit. Trois Jours chez ma mère et Salomé auront eu sans doute raison de l’Académie Goncourt. Deux romans donc qui paraissent en même temps, deux romans écrits par le même homme et pourtant si différents, le temps est le principal témoin et acteur de cette évolution.

Trois Jours chez ma mère de François Weyergans raconte l’histoire d’un fils qui a des problèmes mentaux et de sa mère qui a des problèmes physiques. Doit-on céder à l’envie d’y voir un roman autobiographique ? Quel roman n’est pas inspiré par le vécu de l’écrivain, qui plus est, quand il s’agit d’un écrivain à fleur de peau ? François Weyergans ne nie pas que son roman soit en partie autobiographique. Mais finalement peu importe... le livre séduira les lecteurs, comme une Salomé. Après un tel prix, espérons que François Weyergans garde toute sa tête sur ses épaules.


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