De l’objectivité, ou non, de la valeur de toutes choses
par Luniterre
samedi 24 mai 2025
Au cours des récents débats en commentaires sur AgoraVox, notamment avec « La Bête du Gévaudan » (Ultra-libérale), est revenue la question de savoir si la notion de valeur, en économie, a une base objective ou bien reste en toutes circonstances complètement subjective.
C’est habituellement le genre de débat qui à tendance à tourner en rond et où chacun se débrouille, par un subterfuge ou l’autre, pour rester sur ses préjugés idéologiques.
Néanmoins il y a peut-être un moyen de résumer ce débat du simple point de vue de la dialectique :
Au moment précis de la dépense, si elle reste subjective par bien des aspects, elle est néanmoins le plus souvent conditionnée par des facteurs objectifs incontournables.
Le premier étant, à l’évidence, et surtout pour ceux qui n’en n’ont pas ou pas beaucoup, la quantité d’argent disponible !
Un SDF passionné d’art mais très objectivement affamé et qui trouve par hasard un billet gagnant du loto jeté par mégarde avant le résultat ira d’abord s’acheter un bon sandwich avant de se payer un tableau de maître pour décorer sa future demeure…
Par contre, il ne regardera même plus le prix du sandwich, que la veille encore il aurait soupesé centime par centime, selon son maigre argent disponible.
Le « Français moyen » ne regarde en fait pas du tout du même œil ses factures de gaz et d’électricité selon qu’il habite un HLM de banlieue ou un appartement du 16ème à Paris. Et pourtant l’un ou l’autre devront payer leurs factures sauf à choisir de se geler et de repasser à la bougie.
Et de même, un investisseur qui lance un projet industriel ne peut le faire qu’en tenant compte des prix déjà établis pour tous les ingrédients du projet en termes de machines, énergies, matières premières, salaires, etc…
Il y a donc toujours un mélange de facteurs objectifs et subjectifs dans les choix des acteurs économiques, et l’un ou l’autre de ces aspects, subjectif ou objectif, devient dominant selon les situations.
Mais globalement les facteurs objectifs ont tendance à se combiner entre eux pour aboutir à ce qui ressemble bien à des « lois de l’économie ».
Même les effets de modes ou les effets spéculatifs, lorsqu’ils agissent à grande échelle, deviennent donc des facteurs « objectifs » dans la mesure où on peut étudier leurs impacts globaux, voire les anticiper.
On en revient donc à ce principe que l’économie est une combinaison des besoins, objectifs et subjectifs, d’une part, et de l’autre de la masse monétaire en circulation et de sa répartition.
Dans une société limitée aux besoins primaires il y a tendance à se former un équilibre entre les échanges et la masse monétaire en circulation.
Les effets de spéculation n’arrivent qu’avec les prémisses d’un luxe relatif, les « privilèges », autrement dit, avec les inégalités sociales.
On en revient ainsi au fait qu’un équilibre relatif se maintient tant que la majorité des acteurs économiques sont eux-mêmes peu ou prou des acteurs de la production.
Le déséquilibre naissant avec les premiers « privilèges » et les premiers facteurs de stratification sociale ne peut qu’aller en s’accentuant avec une société presque uniquement de services, « tertiarisée » et déconnectée de la production répondant pourtant à ses besoins primaires.
Lorsque la masse monétaire en circulation est elle-même déconnectée des « besoins primaires » elle devient donc un facteur à lui-seul déterminant, et lui-même de façon de plus en plus arbitraire, à mesure de la déconnection.
Le « profit » des acteurs cesse d’être essentiellement réglé par les rapports de production pour n’être plus réglé que par la masse monétaire et sa répartition, de plus en plus arbitraire.
L’économie cesse de répondre, même indirectement et avec « inégalité », à des besoins primaires, pour ne répondre qu’à des rapports sociaux fixés subjectivement par une classe banco-centraliste qui distribue l’argent selon ses propres règles, qui sont celles d’un jeu de Monopoly biaisé, dès le départ, par une répartition arbitraire et inégale. Lorsque la partie « coince », par l’effet de cette inégalité, intervient alors une nouvelle vague de « création monétaire » type Quantitative Easing, sous une forme ou sous une autre, sous un prétexte « vital » ou sous un autre, pour relancer la partie jusqu’à la prochaine « crise », en réalité à la fois tout aussi arbitraire et prévisible que la précédente.
Le capitalisme « classique », quant à lui, a déjà perdu la partie depuis bien longtemps, et ne subsiste plus qu’à l’état de vestiges, même s’ils font encore illusion pour la plupart des prétendus « analystes », tels un décor de « Village Potemkine » derrière lequel ils refusent obstinément d’aller voir, sachant pertinemment qu’ils en font eux-mêmes partie, comme marionnettes de ce spectacle de guignols.
Le Quantitative Easing est la seule véritable invention notable du XXIème siècle et la seule qui lui permette encore d’exister en tant que période historique autre que celle d’un chaos total, mais dont il n’est jamais très loin.
Le Quantitative Easing est la marque d’entrée de la société humaine dans l’ère du banco-centralisme comme le fer rouge sur sa chair était la marque de l’esclavage.
Luniterre
https://cieldefrance.eklablog.com/2025/05/de-l-objectivite-ou-non-de-la-valeur-de-toutes-choses.html
Sur le même thème, voir aussi :
France Finances, ça Balance... Mal ! Déficit Public Vs Dividendes CAC 40
La représentation schématique ci-dessus du banco-centralisme illustre donc le cas français, particulièrement caractéristique, mais ce schéma est fondamentalement le même qu’aux USA ou dans la plupart des pays, occidentaux ou non, industrialisés depuis plus d’un siècle, et qui suivent inévitablement une même courbe d’évolution de leur appareil productif, même si avec des variantes dans leurs conséquences immédiates.
L’évidence que met sous nos yeux le schéma symbolique de la balance, c’est la part de la valeur d’amortissement du capital fixe qui est assumée par la dette sur le plateau le plus "lourd" de la balance, d’un côté, et qui permet donc, de l’autre côté, sur le plateau de la finance, les « superprofits » autrement impossibles.
Un tour de « passe-passe » qui serait impossible sans les politiques monétaires ad hoc des Banques Centrales, et en UE, donc, de la BCE.
Exit le capitalisme « classique », bonjour le banco-centralisme !
Un système qui tient à la fois de la pyramide de Ponzi et de la dystopie orwellienne. Mais une pyramide de Ponzi constamment « consolidée » par les politiques monétaires « créatives » des Banques Centrales et une dystopie qui ne peut précisément se rendre « durable » que par un contrôle de plus en plus totalitaire de la vie quotidienne et de la « pensée » des citoyens.
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Pour aller plus loin sur le thème
de la mondialisation économique
et géopolitique banco-centraliste :
Banco-centralisme : définition et mise au point
https://cieldefrance.eklablog.com/2025/04/banco-centralisme-definition-et-mise-au-point.html
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Sur la crise en cours des Tarifs Douaniers :
Après avoir déclenché une tornade économique, monétaire et surtout financière mondiale avec sa "guerre des tarifs douaniers", Donald Trump a donc enchaîné les reculades, au point que la plupart des "analystes" s'interrogent bientôt davantage sur son instabilité potentielle que sur les causes réelles de cette tornade, qu'ils semblent donc avoir "oubliées", pour peu qu'ils aient vraiment eu le courage de les aborder un jour ou l'autre, ce qui ne s'est que très rarement produit, de toute façon.
C'est donc là qu'en suivant ces zélateurs nous revient à l'esprit le célèbre refrain : "Tout va très bien, Madame la Marquise, tout va très bien, et pourtant, il faut que l'on vous dise..."
"...Et pourtant, il faut que l'on vous dise..." Mais vous ne voudrez pas l'entendre...
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Face à Trump : « solidarité internationale » des Banquiers Centraux (Nouvelle Edition)
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Sur le même thème, articles de fond plus anciens :
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Un article un peu plus ancien, mais où Richard Werner, lui-même à l’origine du concept de "Quantitative Easing", décrit on ne peut mieux, à partir de son expérience personnelle d’économiste au Japon, l’évolution économique banco-centraliste de ce premier quart du XXIesiècle, jusqu’à la naissance actuelle des Monnaies Numériques de Banque Centrale et au danger fatidique pour les libertés, économiques, et les libertés tout court, qu’elles représentent :
Richard Werner, "père spirituel" du Quantitative Easing et "apprenti sorcier" du banco-centralisme
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Pour l’ébauche d’une solution…
Pour un retour à quelques fondamentaux du Gaullisme,
réadaptés en pratique à l’évolution économique du XXIesiècle :
Reprendre le contrôle, à l’échelle nationale, de la vie économique et sociale, y compris dans sa dimension financière, reste la priorité essentielle. Contrôler le crédit, c’est contrôler la création monétaire réelle dans le pays, directement sur le terrain du développement économique, et donc tout à fait indépendamment de son signe, Euro ou autre. Contrôler le crédit permet d’orienter les grandes tendances de l’activité économique vers les activités et secteurs prioritaires pour les besoins de la population et pour l’indépendance de la nation.
C’est pourquoi nous avons proposé, sur Ciel de France, de remettre au centre du débat la reconstruction d’un Conseil National du Crédit, dans une version statutairement adaptée aux nécessités de notre indépendance nationale au XXIe siècle, c’est à dire doté de pouvoirs constitutionnels et d’une représentativité démocratique réelle :
Les leçons de l’Histoire…
Il était une fois… le Conseil National du Crédit (1945). Et aujourd’hui ?
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Pour une approche plus synthétique de l’ensemble du processus de la mutation banco-centraliste depuis la formation du capital industriel, une étude de fond :
Le Roi « Capital » est mort, vive la Reine « Dette » !
https://cieldefrance.eklablog.com/le-roi-capital-est-mort-vive-la-reine-dette-a215991921
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