1789, et si tout était ŕ refaire ?
par olivier cabanel
lundi 22 février 2021
La fin de la monarchie, la République victorieuse, et cette devise si souvent proclamée, « liberté, égalité, fraternité » ... et si tout cela n’était qu’une belle légende, voire une cynique manipulation ?
Henri Guillemin est l’un de ces historiens qui, très tôt, a posé un regard critique sur les conséquences de 1789.
Qu’en est-il par exemple de l’article 1er de la déclaration des droits de l’homme : « Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits »...
Cette volonté a-t-elle été respectée ?
On se souvient que c’est bien la bourgeoisie qui avait armé les « gueux » de 1789... puis, après la réussite de « l’opération La Bastille », elle avait habilement récupéré les armes, craignant que ces armes puissent se retourner contre elle.
Maurice Barres n’avait-il pas écrit : « il faut que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance, voilà l’une des conditions de la paix sociale ». lien
On désarma donc les citoyens, et à l’initiative du marquis de Lafayette, fut créée la garde nationale.
Elle était constituée de volontaires, à la condition, importante, qu’ils payent leurs uniformes, soit 80 livres, condition qui écartait fatalement les « gueux »... et privilégiait les fils de bourgeois. lien (curseur à 17’)
Premier coup de canif fait à la formule « égaux en droits ».
Mais ce n’est pas tout...
On découvre que la révolution de 1789 donna naissance à 2 sortes de citoyens... les citoyens actifs, et les autres, les passifs.
Seront considérés « actifs » ceux qui auront payé une certaine somme d’impôt... ce qui leur ouvrira la possibilité de voter... mais pas les autres.
Ça s’appelait le vote censitaire. lien
Il faut donc bien comprendre que les citoyens dits passifs n’avaient aucun droit, et devaient obéir aux plus puissants.
Quittons donc cette égalité bien inégale... pour aller voir du côté de la liberté, car il fallait régler le problème de l’esclavage, très courant à cette période, et lors de la déclaration des droits de l’homme, il n’y avait pas de référence à la couleur de peau.
Robespierre réclama donc qu’il n’y ait plus d’esclavage dans nos colonies...
Le lobby colonial, La Fayette en tête, s’indigna : « pas question ! Les noirs sont en dehors de la déclaration des droits de l’homme, il faut maintenir l’esclavage dans les colonies françaises »... lien (page 159)
D’ailleurs rappelons que ce « cher » Napoléon s’était empressé de rétablir cet esclavage dès qu’il a été au pouvoir. lien
Et puis quid des ouvriers, puisque la loi « le chapelier » qui va être votée au mois de mai 1791, interdit, sous peine de prison toute coalition entre salariés pour obtenir une augmentation de salaire. lien
Oublions un instant Guillemin, et laissons la parole à Michelet, qui avait déclaré, des larmes dans la voix, « que l’aristocratie s’était immolé sur l’autel de la Patrie »...
Or la nuit du 4 aout 1789, ces aristocrates, d’après Michelet, avaient décidé qu’ils renonçaient à leurs droit féodaux...
Extrait : « depuis cette merveilleuse nuit, plus de classes, des Français, des provinces, une France...Vive la France »... écrivait-il. lien
Qu’en était-il réellement ?
Il s’était produit, rappelle Guillemin, dans ce qu’on appelle la France rurale des évènements plutôt violents.
Les paysans avaient envoyé à Paris leurs représentants, et attendaient avec impatience que la dime ecclésiastique, et les droits féodaux soient abolis.
Comme rien de tout cela n’arrivait, ils en avaient pris ombrage, et brûlé quelques châteaux, et leurs occupants, ce qui faisait désordre...
Alors l’aristocratie envoyé à la tribune 2 représentants pour signifier qu’ils étaient prêts à renoncer à leurs droits féodaux... et qu’ils étaient rachetables.
Jean Jaurès raconte ça en détail. lien
Pour s’en acquitter, le paysan devait donc apporter les deniers équivalents à 30 années de droits féodaux pour n’avoir plus rien à payer par la suite... ce qui a été traduit médiatiquement par « les aristocrates sont prêts à renoncer à leurs droits féodaux », mais sans mentionner les détails de la transaction.
L’annonce eut pour effet d’éteindre la révolte, sans pour autant changer la réalité, car les paysans n’avaient hélas pas les moyens de payer ces 30 années de droits féodaux.
Et pour assurer l’ordre dans les campagnes furent créés des « garde nationaux », à l’identique de ce qui s’était fait à Paris.
Et le calme revint...
Le plus cocasse arrive.
Nous commémorons tous les ans le 14 juillet 1789, et il n’est pas inutile de s’interroger sur la forme qu’a pris cette célébration dans la capitale : le peuple ne défile pas dans la joie, il s’agit seulement d’une démonstration de force, avec des chars, des canons, et de beaux militaires... le peuple étant juste là pour applaudir.
La raison de tout ça réside justement dans ce qui s’est passé dans les campagnes, où les révoltes ont été cruellement matées... et le 14 juillet 1790, tous les gardes nationaux des provinces françaises se sont réunis à Paris, pour y défiler en bon ordre.
Cette fête se déroulait alors sous le nom de « la Fédération », et la garde nationale parisienne avait invité toutes les gardes nationales de province pour y fêter leur institution... rien de plus.
« Il s’agit là de bien faire comprendre aux citoyens passifs qu’ils n’ont pas à se mêler des affaires nationales » ainsi que l’affirme Guillemin. Curseur à 24’
C’est donc bien la bourgeoisie armée qui tiendra le pays d’une main ferme, et qui n’entendra pas le lâcher de sitôt.
Ce qui va faire dire à Robespierre ; « c’est aux classes fortunées que vous voulez transférer la puissance, vous voulez diviser la nation en 2 classes, dont l’une ne sera armée que pour contenir l’autre ».
Une vraie commémoration du 14 juillet devrait donc se faire sans le moindre militaire, le peuple défilant dans la rue, dans la joie et la bonne humeur... en toute liberté.
On voit donc comment l’article 1 des droits de l’homme et du citoyen a été bafoué, car de nos temps, même si le travailleur a le droit de se syndiquer, tout a été fait pour qu’il soit largement minoritaire, et négligé.
D’ailleurs en matière de syndicalisme, la France fait figure de cancre.
Quant à l’esclavage, il a bien sûr disparu aujourd’hui, mais il est parfois remplacé par ce qu’il faut bien appeler un « esclavage volontaire », ce que La Boétie a décrit si bien dans son discours « de la servitude volontaire ». lien
C’est Charles Bukowski qui écrivait : « l’esclavage n’a jamais été aboli, il a seulement été élargi pour y inclure tout le monde ». lien
En effet, quand un travailleur paye 800 € pour un loyer, et accepte, contraint et forcé de travailler sous la barre du smic, il faut bien constater une situation paradoxale.
Et en ces temps de pandémie, ou le travail se raréfie drastiquement, nombreux sont les patrons qui y voient un effet d’aubaine, d’autant que la loi est dotée de nombreux cas d’exception... lien
Alors que reste-t-il aujourd’hui des belles valeurs voulue, et mises dans la loi, par les révolutionnaires de 1789 ?
Quelle est la légalité de ce gouvernement, qui, sous prétexte de pandémie, restreint drastiquement les libertés ?
D’ailleurs de nombreux juristes ont fait savoir que de nombreuses décisions étaient inconstitutionnelles. lien
Quelle est la légalité de l’état d’urgence ? Du couvre-feu ? De l’obligation de mettre un masque en plein air ?, (ce que le Conseil d’Etat a récemment retoqué du côté de Lyon lien), du confinement ? Des lieux culturels fermés ? De la prochaine mise en place du « passeport vaccinal » ? (qui n’est ni plus ni moins qu’une obligation vaccinale déguisée, car si vous n’avez pas été vaccinés, vous ne pourriez ni vous rendre dans un autre pays, ni dans une salle de spectacle, participer à un concert, bref sans avoir la moindre activité culturelle)...
Pour ceux qui auraient encore des doutes sur ce futur passeport, il suffisait d’écouter France Inter, le 18 février, dans le 7/9 l’interview du Dr Pittet, un nouveau expert nommé par le gouvernement : « le passeport vaccinal, on va y arriver, c’est une décision, au minimum prise par l’Europe... oui ! Il faudra bien y aller, vers ce passeport... ». lien (curseur à 24’)
Reste à savoir ce que la justice en dira ? lien
Comme dit mon vieil ami africain : « le lion dort avec ses dents ».
Le dessin qui illustre l’article est d’Eneko
Merci aux internautes de leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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