Berlusconi fait-il sombrer l’Italie dans le fascisme ?
par Comet
vendredi 19 juin 2009
Des rondes citoyennes chargées de prévenir la police à la vue d’une personne suspecte. C’est vrai et ça se passe à côté de chez nous, en Italie. Loin de toute drôlerie, les rondeurs ressortent les chemises noires...
Les « rondes citoyennes », c’est donc l’idée du Ministre de l’intérieur italien de la Ligue du Nord, Roberto Maroni. Une loi qui, à sa manière, autorise une forme de coercition relevant de la sphère privée. Des citoyens pour alerter la « vraie » police pas assez nombreuse pour traquer les délinquants. Bienvenue dans un monde où son voisin s’appelle peut-être Big Brother. Un voisin au service d’un Etat qui abandonne une parcelle de la force publique, critiquent les syndicats de Police italiens. D’une certaine façon, c’est le début de la fin du monopole de la violence physique légitime, tel que l’appelait le sociologue Max Weber. Un monopole nécessaire puisqu’il est garant de l’ordre public républicain, et non d’un ordre privé où tout un chacun peut devenir le suspect d’un autre et exercer son autorité sur un autre.
Une dérive d’autant plus nauséabonde que, dixit le Vatican, car ces milices d’un nouveau genre se font un point d’honneur à dénoncer les « étranger suspects ». L’un des articles de la loi qui les institue explicite en effet l’obligation faite à tous les citoyens de dénoncer les immigrants illégaux. Ben oui ! La frontière entre les immigrants illégaux et les étrangers est bien mince pour ces citoyens auto-proclamés « rondeurs ».
Vidéo de Roberto Maroni expliquant sa loi
Le populisme de droite prend forme. Un populisme d’autant plus inquiétant qu’il se traduit par des victoires électorales, les dernières européennes en date. On apprend ainsi dans Courrier International que la ligue du Nord, porteuse du projet des « rondes citoyennes », pourrait être appelée « la ligue des hommes apeurés ». Décidément, Berlusconi ne cesse de repousser les frontières du possible et de l’imaginable, l’espoir en moins. A suivre.