Beuveries organisées, encadrées ou espace public controlé ?
par MonsieurG
jeudi 27 mai 2010
Les « apéros Facebook » ne cessent de faire l’objet d’articles, de prises de positions, de sondages voire même de parodies rédigées parfois avec une plume aiguisée. Alors qu’une partie du débat se concentre sur l’encadrement et la responsabilité des organisateurs, d’ores et déjà quelques beuveries - avec une organisation bien huilée - sont planifiées.
Encadrement, responsabilité, sponsors (et pas n’importe lesquels), mais pas de C.R.S. Moment de convivialité en perspective, dans toute la France et même... international.
Quelle différence avec l’organisation sur Facebook des "apéros géants" ?
Le manque de spontanéité sans doute. Néanmoins, depuis 1990, l’association "Paris d’amis" tente de renforcer les liens de proximité et d’isolement des parisiens. Tout a commencé dans le 17e arrondissement pour finalement se généraliser progressivement à partir de l’an 2000. Cette année la, avec l’appui de l’Association des Maires de France, 30 municipalités parrainent l’évènement. Je ne vais pas réécrire l’historique de cet évènement, vous pouvez le consulter ici. Le plus drôle dans l’histoire c’est que parmi les partenaires de l’opération nous y trouvons : Heineken France. C’est donc, bel et bien une beuverie nationale, encadrée par une association qui assumera sans aucun doute toute la responsabilité des débordements dont nous n’entendrons jamais rien dans la presse.
Pour les nostalgiques de l’organisation sauvage des rave party, à la bonne époque, le site "Immeubles en fête" nous propose de télécharger des flyers.
J’ai l’habitude de faire du mauvais esprit, mais j’ai moins l’habitude qu’on se foute de ma gueule et donc par extension de la notre. Le constat est rude, le terme volontairement insultant et provocateur, mais c’est la désagréable impression que cette affaire d’apéros géants encadrés me laisse.
Si ce n’est pas l’alcool qui pose problème, si ce n’est pas la planification et l’organisation (Facebook n’étant que l’outil posant dates et lieux), si ce n’est les responsables (des anonymes sous couvert d’une association dans le cas des "Fêtes des voisins, un Ministre festif pour les "Apéritifs à la Française") qu’est ce donc ?
Et si ce n’était, tout simplement, que la spontanéité des citoyens souhaitant se réunir autour d’un thème convivial (quel que soit le thème) sur un espace urbain public ? Ne serait-ce pas là, le point noir du Gouvernement ? L’angoisse des réunions spontanées pouvant déborder vers une contre-manifestation de plus grande ampleur ?
Un projet(*), que je suis avec une grande attention, tente de démontrer que l’espace urbain public n’est pas si public qu’on veut nous le faire croire. Choix d’un autre thème que l’alcool (n’empêchant pas pour autant les participants à amener leurs collations préférées pour la soirée), choix d’un autre outil permettant l’organisation, le respect des riverains, etc. Une autre forme de "guerilla urbaine", axée cette fois-ci sur des projections cinématographiques sauvages, provocant d’autres problématiques (droits d’auteurs et de diffusion par exemple). Mais le concepteur de ce projet propose des solutions innovantes tant du point de vue des droits que dans le choix de la technique de projection et de diffusion du son, sans occasionner des gênes sonores pour les riverains.
L’espace public est au public, au peuple, aux citoyens. Il serait temps que quelqu’un démontre que tout cela n’est qu’un leurre.
(*) : Pas de référence, cet article n’est pas rédigé pour dissimuler une publicité massive pour ce projet qui a pour vocation de rester discret.