Big Brother, ou l’arroseur arrosé

par olivier cabanel
lundi 4 janvier 2010

La multiplication des caméras de surveillance, et toute l’armada sécuritaire qui en découle, est en train de se retourner contre ceux qui les ont décidées.

Les caméras de surveillance, dont le nombre n’a cessé d’augmenter depuis l’arrivée d’un certain Nicolas Sarkozy au ministère de l’intérieur, n’ont pas freiné la délinquance.

La loi sur la sécurité intérieure (LSI) qu’il a fait voter en mars 2003 et le fichage ADN ont permis l’élargissement des pouvoirs policiers. lien

Aujourd’hui Brice Hortefeux, nouveau ministre de l’intérieur a décidé en novembre 2009 de faire passer de 20 000 à 60 000 le nombre de caméras de surveillance.

Pourtant, dans les différentes études menées en Angleterre, mais aussi aux Etats Unis, ou en Australie, les caméras n’ont pas apporté des résultats significatifs, bien au contraire, même si certains rapports sont contradictoires. lien

Un rapport officiel de Scotland yard, datant de mai 2009 affirmait que les caméras n’ont permis d’élucider que 3% des vols dans les rues de Londres.

Un autre rapport anglais de 2005 ne disait pas autre chose. lien

Pourtant en Grande-Bretagne, plus de 4 millions de caméras étaient déjà installées en 2007, soit une caméra pour 15 habitants.

Ils sont même allés assez loin dans la parano sécuritaire, puisque certaines sont parlantes, et diffusent régulièrement par haut parleur un message « original » : « big brother is watching you !  »

En France, on se souvient de la cavale insolente pendant de près de 3 mois de Jean Pierre Treiber, faisant en quelque sorte un pied de nez aux caméras qui l’avaient filmé, sans pour autant permettre son arrestation.

Rappelons qu’il s’était évadé d’une façon assez rocambolesque le 8 septembre 2009. lien

Ces caméras de surveillances ont un coût assez élevé. L’installation est évaluée entre 21 000 et 36 000 euros la caméra, coût de fonctionnement compris (le salaire des personnels choisis pour surveiller les écrans, par exemple, n’est pas compris dans ce prix) lien

Ce qui fait un total maximum dépassant les 2 milliards d’euros. lien

Si l’on y ajoute les salaires on suppute facilement que le total final dépasse allègrement 3 milliards d’euros et l’on est tenté de se dire qu’en temps de crise et de déficit budgétaire de l’Etat ce n’est peut-être pas un choix raisonnable.

La Corse qui ne veut pas être en reste, a voté en 2007 un plan caméras de surveillances qui va coûter 572 000 euros. lien

Mais il n’y a pas que les caméras, Michelle Alliot Marie à déclaré dans « le Monde » du 13 octobre 2007 « mettre en place des drones au dessus des zones urbaines ». lien

La facture risque donc de s’allonger.

Pourtant, certains positivent aujourd’hui.

C’est l’effet boomerang qui les encourage à voir d’un autre œil tout ce que « Big Brother » pourrait avoir d’effets bénéfiques.

Si l’on prend l’exemple du meurtre récent de Michel Blaise dans la capitale des Gaules, meurtre commis par 4 vigiles, sans les caméras de surveillance, ceux-ci n’auraient pu être si facilement inculpés. lien

Mais les meilleurs effets bénéfiques de la paranoïa sécuritaire restent liés à l’utilisation des téléphones portables.

Comme chacun sait, leur technologie évolue à vitesse grand V.

On peut aujourd’hui photographier, filmer et tant d’autres choses.

Certaines fonctions sont discutables, puisqu’il est possible aujourd’hui d’espionner un portable depuis son ordinateur en utilisant un logiciel spécifique. lien

On suppose allègrement que les séparations de couples, et autres divorces vont se multiplier sous peu.

Heureusement  il est bon de se rappeler que,  sans eux, nous n’aurions jamais eu la communication de ces « vidéos qui tuent ».

Rappelez vous de Sarkozy au Salon de l’Agriculture, et de son désormais célèbre « casse toi pauv’con  », ou d’Hortefeux et de sa déclaration raciste « c’est quand il y en a beaucoup que çà pose problème ». lien

Sans les téléphones portables maniés par des citoyens investigateurs, nous n’aurions pas eu ces petites phrases.

Aujourd’hui, sans les téléphones portables, nous n’aurions qu’une vision partisane de ce qui se passe en Iran.

Mais grâce à eux, les vidéos se multiplient, et apportent la preuve de la vague de violence qui secoue le pays, et de la résistance désespérée des citoyens démocrates.

Sur ce lien, on en a la preuve. (Personnes sensibles s’abstenir).

Nul doute qu’à l’avenir, le téléphone portable va élargir le champ d’investigation citoyen, et nous apporter sur un plateau ces informations qu’en haut lieu, on essayait de dissimuler.

Ce qui est sans doute le plus paradoxal, c’est que ces outils que les puissants ont mis en place pour nous surveiller, se retournent tels des boomerangs, contre eux, puisque aujourd’hui c’est nous qui les espionnons.

Le syndrome de l’arroseur arrosé, en quelque sorte.

Car comme disait un vieil ami africain : « la langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche ».


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