Blogueurs : Attention danger !

par socrate&co
samedi 31 août 2019

Beaucoup d’entre nous ne font pas qu’écrire des articles ici pour Agoravox ou encore pour d’autres forums. C’est cela la liberté. Et beaucoup d’entre nous n’hésitent pas à faire vivre en plus un blog. C’est aussi cela la liberté.

Mais, ce serait être un doux rêveur ou un parfait crétin que de croire que nos blogs n’intéressent que nos amis. D’autres aussi les lisent, et pas forcément d’un œil amical. On sait tous dans notre belle démocratie informatique que la toile est devenue une place publique pour le meilleur et pour le pire. Donc, il faut savoir que nous sommes surveillés et parfois victimes de sanctions.

SURVEILLANCE

Un des patrons des services secrets français, ancien élève de Centrale et brillant ingénieur, déclarait même dans une interview qu’une des grandes réussites dont il était fier était d’avoir créé un «  échelon  » à la française. (Ceux qui ne savent pas ce qu’est le «  échelon  » de la CIA et l’appréciation plutôt nuancée des Américains à ce propos, peuvent faire une recherche sur internet avec leur moteur de recherche favori… à leur risque et péril  !)

Un autre patron des services français disait lors d’une réunion avec des hommes politiques français qu’il était en mesure de savoir en mois de 48 heures jusqu’à la couleur des chaussettes des participants à cette réunion. Il ajoutait avec un sourire de connivence que, bien entendu, en plus de la couleur des chaussettes, il était capable d’avoir des informations sur la famille, sur l’état financier et même sur les démêlés judiciaires de chacun. Doit-on préciser que cela jeta un certain froid dans l’assistance !

Donc, en tant que blogueurs, on ne saura peut-être pas en quelques instants découvrir la couleur de nos chaussettes, mais plus grave, on saura ce que l’on pense…

Voilà une chose sue et connue désormais de beaucoup et aucune protestation ne permet de revenir en arrière  ; on vous dira d’ailleurs que ces mesures ont été édictées dans un seul but : vous protéger, vous et vos libertés. Donc, c’est une aubaine pour vous cette surveillance  ! De plus, il est bien connu que la liberté doit être surveillée lorsqu’elle concerne le peuple. En effet, le peuple est par définition un peu irrationnel puisque les gens qui le composent font partie des dirigés et qu’il est donc plus que nécessaire de veiller à son bien-être en réduisant cette «  irrationalité  ».

Tout cela nous le savons peu ou prou. 

 

SANCTIONS

Mais, il serait un peu léger de penser que si l’on peut connaître jusqu’à l’état de vos chaussettes, on n’utilise pas à certains moments ces connaissances pour effectuer des corrections dans vos habitudes d’écriture ou de penser. Et pardi, cela sert à quoi de vous surveiller, si vos bêtises restaient impunies  ! Il faut bien quand même à un moment ou à un autre vous rappeler à «  l’ordre  ».

Cette partie de l’action de certains services est un peu moins connue, car elle est une démonstration de ce que l’on appelle la répression  ! Or, dans une démocratie, si l’on est tous d’accord sur la surveillance, on est toujours un peu discret sur la répression… ce n’est pas propre ce que l’on appelle dans un certain monde : les «  dirty tricks.  »

Dans une démocratie, où la volonté du peuple doit s’imposer, il n’est pas question (enfin jusqu’à maintenant) de recourir trop souvent ou avec trop d’ostentation aux procès politiques, voire aux emprisonnements et encore moins aux condamnations à mort. On laisse cela aux brutes, à ceux qui exercent un pouvoir dictatorial dans un régime autoritaire, comme disent nos «  journaleux  ».

Donc, on doit trouver des méthodes de rappel à l’ordre ou de sanction plus discrètes.
C’est un certain François Mitterrand qui a trouvé un nom générique pour ces méthodes : la mort civile.

Alors, c’est quoi la mort civile  ?

Eh bien, c’est conduire un réfractaire, un individu qui par son appartenance au peuple est évidemment irrationnel, à une situation où il ne pourra plus se nuire et nuire aux autres en l’évacuant purement et simplement de la vie civile. Vous n’avez pas compris. Alors, on précise : c’est attenter à son existence matérielle  ! Viser le portefeuille en d’autres termes.
Les modalités sont variées et souvent laissées à l’appréciation du «  chef de chantier  », comme l’on dit dans le milieu du renseignement pour désigner le responsable de l’action à entreprendre. Les uns vous condamneront à voir votre découvert supprimé sans préavis par votre banque, les autres iront jusqu’à faire vendre votre maison à vil prix ou à vous faire licencier, à retarder au maximum vos indemnités de chômages ou la mise en place de votre retraite, etc. 

On a même des cas, où il n’est pas nécessaire d’être blogueur.

Le fait de signer une pétition peut avoir aussi des conséquences imprévues. Ainsi, un vieil homme de près de 80 ans et retraité au minimum vieillesse a cru bon de signer une pétition contre l’abattage sauvage de plusieurs dizaines d’arbres centenaires à Montrouge. Une signature qui n’a pas plu au maire de Montrouge. Afin de le guérir de cette manie puérile de signer n’importe quoi, la mairie lui a supprimé purement et simplement la petite allocation qu’elle lui versait  ! Avis aux amateurs  !

Il y a aussi le cas des écrivains qui connaissent désormais au-delà de la censure, ces «  dirty tricks  ». On pourrait citer beaucoup de noms, mais on retiendra celui d’un journaliste, un vrai, qui avait osé écrire en 1981 : «  Le PCF sans peine  ». Un petit livre d’humour, pastiche de la célèbre collection pour apprendre les langues, Assimil. La vengeance ne s’est pas fait attendre, et Christian Jelen a connu la descente aux enfers. 

Ces méthodes sont diffuses et bien entendu il n’y a généralement aucun responsable. 
Récemment, on a vu encore mieux. Ainsi, un policier syndicaliste, Alexandre Langlois, qui avait osé critiquer sur une chaîne de TV certains ordres venus de la hiérarchie contre les manifestations des gilets jaunes, s’est retrouvé suspendu pour un an, sans solde  !

La méthode a aussi été appliquée à des professeurs et à d’autres fonctionnaires ou encore à des salariés d’entreprises privées.

 

QUI ?

Mais on dira qui peut faire ça et comment de tels agissements peuvent être autorisés en France  ! Le pays des droits de l’homme  !

Aucun service secret digne de ce nom n’avouera pratiquer des méthodes aussi dégradantes. On sait qu’à une certaine époque, ces agissements et bien d’autres tout aussi répréhensibles furent attribués à ce que l’on nommait alors les R.G, ou encore les R.G.P.P. Émanation d’une police politique inavouable et inavouée. Ils furent dissous sans autres formes de procès et beaucoup s’interrogent encore sur le «  suicide  » du commissaire Bertrand…

Comme personne de la haute hiérarchie ne veut être mêlé à des actions aussi dégradantes, on a laissé se créer une zone d’ombre. Une zone d’ombre dans laquelle s’agite ce que l’on nomme pudiquement les officines. Les officines sont nombreuses. Puisqu’à la conférence de Bern, qui rassemble tous les services secrets du «  monde libre  », on en dénombrait près de 3500 pour 80 pays adhérents… Chiffres estimés puisque l’on est dans le monde du secret.

On sait qu’il en existe plusieurs centaines en France et qu’elles ont des correspondants dans toutes les branches de l’activité économique et à tous les niveaux. D’une concierge à un DRH en passant par un conseiller bancaire ou un directeur d’agence ou encore bon nombre de fonctionnaires, mais aussi plus qu’on ne peut le croire de personnes du secteur privé. 

Les couvertures de ces «  officines  » sont très diverses. Il y a bien sûr les sociétés spécialisées dans la sécurité, mais aussi le domaine du recouvrement ou encore des sociétés de conseils. Là, il y en a pour tous les goûts du conseil financier, fiscal ou encore d’entreprises. Les plus importantes sont souvent abritées par des cabinets d’avocats internationaux, d’autres sont présentes au sein de grands groupes bancaires… 

On a même vu certains responsables de ces officines venir sur les plateaux de TV et dire haut et fort tout le mal qu’il faut penser des gilets jaunes. Ils se présentaient en général comme experts en sécurité, en maintien de l’ordre, en «  affaire de police  », mais aussi comme historiens ou professionnels de la communication, etc.

Les officines ne sont pas les seules sur lesquelles on peut compter lorsque l’on tient les rênes d’un certain pouvoir. Il y a encore les «  réseaux  ». Là, c’est encore plus mystérieux. Évidemment, on connaît tous celui des francs-maçons, mais il y en a bien d’autres qui ne sont pas toujours très faciles à identifier. Les appartenances à ces réseaux étant par nature même relativement confidentielles, on ne peut guère évaluer avec précision leur degré de nocivité. 

Voilà pourquoi il faut rendre hommage aux blogueurs et à ceux qui viennent écrire ici sur Agoravox ou sur d’autres forums politiques, car rien ne nous permet de croire que l’on peut sortir indemne de cette aventure. Et le pire est qu’avec l’informatique et la «  charge écrasante des médias  » contre les «  esprits libres  », tout cela peut se faire en toute impunité dans le grand «  silence des agneaux…  »

 

UNE DEFENSE...

On sait qu’il existe une commission du renseignement au Parlement qui a pour tâche de «  réduire  » les abus de pouvoir ou encore de limiter les «  bavures  » de ces services. Mais les élus qui en sont membres déclarent bien souvent être impuissants face au silence des principaux dirigeants de ces organisations.

Mais il y aurait peut-être un moyen à notre humble niveau de blogueurs pour devenir des «  empêcheurs de tourner rond  », faire une pétition afin de renforcer le pouvoir de la commission de contrôle du renseignement du Parlement. On peut toujours lancer l’idée...


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