Ça ne vaut pas la peine !

par C’est Nabum
vendredi 18 mai 2018

Le mensonge d'état exonéré

Qu’il nous fait de la peine ce grand bourgeois, ministre de l’indignité, pris les doigts dans le bol de confiture, et la bouche maculée de sa sournoise gourmandise, jurant ses grands dieux qu’il n’a rien fait. L’image a fait le tour de l’hexagone pour que cette figure puisse permettre fantaisie, sans oublier un petit crochet par la Suisse, Paradis d’alors des gredins de son espèce.

Le pourfendeur de la fraude fiscale était un expert de la chose. Voilà belle manière de reconnaître les compétences, la qualification pour un poste de ministre ne tenant parfois qu’à de menus détails qui, pour des gogos comme nous, échappent totalement. Il est vrai que nous n’avons ni le sens de l’état ni celui des subtilités politiciennes. Le grand dissimulateur était sans doute le plus désigné pour ne rien faire dans un domaine où l’administration a souvent le devoir de fermer les yeux.

Mais nous espérions encore sur notre justice, éternels naïfs que nous sommes. Nous voulions voir le maudit voleur derrière les barreaux, comme le pauvre gueux qui pour faire vivre sa famille, pratique des larcins répréhensibles et justement punis. Mais que nenni ! Cela eut déshonoré le pauvre homme, le malheureux qui a suffisamment pâti de la honte et de l'opprobre. N’a-t-il pas laissé dans l’affaire son titre, son couple, sa carrière, une partie de sa fortune ? Laissons-le en paix désormais, à remâcher éternellement les remords qui ne manquent pas de le tourmenter.

C’est bien ce qui nous désole tous. Voilà un homme totalement détruit, non pas par ce qu’il a fait, il n’a fait qu’imiter tous ses pareils, mais par l’odieux acharnement médiatique et populaire dont il fut l’objet. Il a besoin de se reconstruire, on peut même envisager de lui accorder un soutien psychologique pour effacer sa dette morale. Point n’est nécessaire de le laisser croupir derrière les barreaux, on sait le peu de personnel dans notre administration pénitentiaire pour remplir cette mission, surtout pour des gens de son état.

C’est donc une nécessité de lui laisser le bénéfice du doute, de lui accorder sa requête, de l’écarter des geôles en lui octroyant une peine négociable. Notre bonhomme va pouvoir ressasser en admirant le merveilleux bracelet électronique que dans notre immense mansuétude, nous lui paierons avec l’argent de nos impôts, nous qui ne mettons rien à l’abri de ce prélèvement citoyen. Nous sommes ravis de savoir combien notre dîme sera bien employée afin de ne pas traumatiser plus encore un margoulin de la pire espèce.

Le sursis négocié pour ne pas dépasser la peine de deux ans, relève du marchandage tout autant que de la plus insupportable forfaiture. Nous n’imaginons pas pareille négociation pour un citoyen ordinaire. Nous observons une fois encore que la belle balance fonctionne de manière différente suivant que l’on soit puissant ou bien misérable. A-t-on demandé aux délinquants s’ils supporteront psychologiquement l’incarcération avant que de les enfermer ainsi ?

Monsieur le pourfendeur de la fraude fiscale était à la peine, certes, mais avait mérité largement sa sanction. Nous n’allions pas le plaindre et voilà que nous découvrons avec indignation que le bras séculier a été touché par ses larmoyantes lamentations. Quelle pantomime, quelle mascarade ! Il sera libre comme l’air vicié qui plane au-dessus de cette République des canailles. Une peine aménagée dans une grande maison bourgeoise, les familles des détenus apprécieront.

Il est dit souvent qu’il ne convient pas de commenter une décision de justice. J’en accepte l’idée d’autant plus aisément qu’il s’agit dans ce cas particulier d’une « Indécision de Justice », d’un acte manqué ou d’un véritable déni. Je ne tombe donc pas sous le coup de la remarque coupable ou pire encore, de la sanction à laquelle naturellement, je n’échapperais pas si tel était le cas. Tout le monde n’a pas le privilège d’avoir été Ministre !

Justiciablement sien.


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