Ce n’est pas parce qu’ils n’en ont rien à foutre qu’on va se priver de leur donner notre avis !
par Monolecte
samedi 3 octobre 2009
Ou comment une abstentionniste convaincue, voire forcenée, en vient à faire de la retape pour inciter à se rendre en masse dans des bureaux de vote sauvages. Et comme d’hab’, moins ils veulent qu’on y aille, plus il est important d’y aller.

Parfois, on nous demande fort civilement notre avis, juste histoire de vernir leurs grosses saloperies sous une fine couche de légitimité et de renoncement. C’est, le plus souvent, pour un choix qui n’en est pas un :
alors, tu préfères quoi, petit peuple ignare,Ou alors on nous bourre le mou (et un peu les urnes, en passant) avec un choix tout pourri à une seule alternative :la peste ou le choléra Pimprenelle ou Nicolasla droite sévèrement burnée ou la gauche rose pâle, sachant que le gros de la différence tient à la qualité du lubrifiant dont on se servira par la suite pour singulièrement élargir ton petit point de vue trop étroit pour appréhender la magnificence de cet ordre nouveau qui se fera malgré toi, sur toi et surtout, sans toi ?
Ton Europe, tu la veux méchamment libérale ou totalement et libéralement débridée ?Prière de ne répondre que oui. D’ailleurs, hasard du calendrier, comme dirait un journaleux mal dégrossi de la transition lourdaude, aujourd’hui, c’est la session de rattrapage des Irlandais qui avaient fait leur mauvaise tête et avaient refusé de comprendre qu’on ne leur demandait leur avis qu’à condition qu’ils donnent la bonne réponse, un peu comme un gosse de maternelle qui reluque d’un œil rond et vaguement désespéré la maîtresse tant il sent qu’il faut toujours donner la réponse attendue plutôt que la réponse juste, dans tous les cas.
Alors, forcément, j’ai très très mal à ma démocratie ces derniers temps. Surtout qu’entre chaque branlette électorale, on en profite pour augmenter encore plus la dose de laxatif à nous prescrire de force sur l’air bien connu et désespérément vide de sens du fameux :
mais puisque c’est pour ton bien !
C’est donc pour notre bien qu’on coule la Sécu à grand renfort d’exonérations de cotisations sociales, qu’on crève l’école républicaine au demonte-pneu en virant toujours plus de profs et en assurant, la main sur le cœur, que ça ne changera rien à la qualité de l’enseignement, qu’on assèche tout financement du secteur associatif, lequel pallie tant bien que mal aux divers dégagements sociaux de l’État. C’est toujours pour notre bien que le princident du pouvoir d’achat, le chantre du
travailler plus pour gagner plus, reprend d’une main ce qu’il nous a déjà harponnés de l’autre, en appauvrissant les SMICards tout en augmentant tous les prélèvements obligatoires pour les crevards. Encore pour notre bien qu’on a refilé les bijoux de famille
Alors oui, ça ne va servir probablement à rien dans notre République des autistes. Notre gouvernement va continuer à appliquer servilement la note de route qui lui a été dictée par les puissants de ce monde, mais on s’en branle vigoureusement : quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent, il ne faut plus que ce soit en notre nom.
Alors, demain, si ce n’est pas déjà fait, allons tous ouvrir grand notre gueule contre le grand bond en arrière que l’on nous impose depuis des années ! Et il n’y a qu’à voir comme ils se dépêchent de vouloir nous faire taire pour bien comprendre à quel point, finalement, nos luttes comptent !