Ces militants ouvriers qui soutiennent François RUFFIN, journaliste et député, auteur du film Merci Patron

par chazy
samedi 9 septembre 2017

La vallée de la Nièvre à 30 Km d'Amiens porte la mémoire du mouvement ouvrier, de ses souffrances et de sa soif de justice. Aujourd'hui la population au chomage sur trois générations, à la suite des délocalisations des usiles de tréfilerie, trahie par les élus en dérive, erre à la recherche de sa bousole sociale et politique, tentée au régionales par le Front National (53% des voix), elle va se resaissir au législatives pour élire comme député François Ruffin avec 56% des voix, lui qui a su interpeler Macron devant l'usine de Whirlpool, Nous avions rendez vous avec Catherine Thierry, ancienne syndicaliste qui témoignait dans son film "Merci Patron".

Reportage dans la vallée de la Nièvre (Somme)

Rencontre avec des militants(es) ouvriers (ères) chrétiens (es)

La vallée de la Nièvre, verdoyante au cœur de la Somme, forme un ruban de 23 km regroupant 38 communes, elle se répand entourée de collines avec en son cœur les bâtiments industriels désaffectés, les citées ouvrières faites d’alignements de maisons vivement colorées, enfin trois châteaux fantommes demeures des anciens propriétaires, les frères Saint, traces d’un long passé industriel révolu initié en 1840 avec la mise en exploitation de la toile de jute et ayant compté jusqu'à 20 usines et 12 000 salariés.

La vallée ouvriere militante a laissé aussi des traces de son passé de luttes et on peut toujours lire sur le bâtiment de la mairie une plaque indiquant « hommage à l’émancipation de la pensée humaine »

Les usines textiles, qui occupaient une bonne partie de la vallée, ont été délocalisées, comme beaucoup d’autres à l’exemple de Whirlpool qui va quitter Amiens,. En France, un million d’emplois industriels ont été perdus dans ces délocalisations en 15 ans. La résistance ouvrière qui a accompagné ces délocalisations a laissé des traces de fraternité nées dans les luttes mais aussi de colère contre ce gâchis, dans ces terres marquée par le désir de justice, déboussolées par les défaillances des représentants politiques et aujourd’hui tentées par le Front National.

C’est dans ce contexte que François Ruffin, un enfant du pays, a réussit une percée inattendue, gagnant au second tour des législatives avec 56% Il a pu compter sur quelques voix chrétiennes car ici l’Eglise s’est ouverte depuis longtemps aux aspirations ouvrières, accédant, avec ses militants, au refus radical des injustices et à la réalité de la survie précaire.

Nous avons rencontré deux d’entre eux : José et son épouse Catherine. José est chauffeur routier, syndicaliste, membre de l’ACO, il n’a jamais accepté aucune promotion et sa vie est marquée par le souci de l’action collective et de la défense des droits des salariés. Catherine, son épouse, est assistante maternelle et défend ses collègues à la commission d’agrément (cf vidéo) suspendues parfois à la suite d’une simple main courante

Nous sommes très loin des affrontements entre religieux et laïques d’autrefois et signe de ce changement de climat, le village de l’Etoile connu pour son athéisme a tenu à reconstruire son église quand celle-ci a brulé.

La vitalité chrétienne est réelle : une quinzaine d’adultes se font confirmer chaque année dans la vallée. Nous avons rencontré deux d’entre eux : Stéphane et Aline. Stéphane est originaire du village de l’Etoile, salarié de l’entreprise Bigard, personne ne connait la religion chrétienne dans sa famille, et il est entré dans une église pour la première fois pour son mariage. Il y a découvert une communauté qui est devenue sa famille « la religion catholique pour moi c’est l’amour » en contraste avec la dureté des relations ouvrières de son milieu, ou il n’y a « pas de pardon, pas de pitié »

Nous avons également rencontré le curé de la paroisse bien accepté de tous, malgré le port anachronique de la soutane,

 Nous avions rendez vous avec Catherine Thierry , qui fut ouvrière d’usine toute sa vie, ancienne membre du comité d’entreprise de « Saint Frères », syndicaliste refusant toute promotion, et aujourd"hui retraitée visiteuse de prison, conseillère juridique des salariés licenciés, Catherine est également religieuse, Dominicaine Missionnaire des Campagnes, membre de la Mission de France, cette organisation qui regroupe encore une cinquantaine de prêtres au travail et 600 laics

A Flixecourt où réside Catherine, le Font national à fait 52% aux régionales. François Ruffin lui a demandé de témoigner dans son film « Merci patron » et elle a déclaré devant la ruine de son usine emportée par la spéculation de son propriétaire Bernard Arnault « l’évangile nous demande de choisir entre Dieu et l’argent » comme en contre point au vitrail du château de l’ancien propriétaire de « Saint-Frères » ou est gravé : « l’amour peut beaucoup, l’argent peut tout »

Radicalité donc de son engagement, porté par un fort tempérament, mais fraternité aussi, Catherine a le don de la réconciliation dans un monde marqué par les blessures psychologiques, les vieux antagonismes hérités, elle connait chaque enfant des villages par son prénom, son engagement vient de loin, sa congrégation religieuse a choisit le travail ouvrier depuis sa fondation en 1932.

Catherine, aujourd’hui âgée de 79 ans, continue le soutien juridique des ouvriers licenciés et l’accompagnement des catéchumènes

Cela reste dur de vivre en fidélité aux deux réalités laïques et religieuses, Aline nous l’a confié « il y a deux Eglises ceux des possédants et celle des gens qui n’ont pas grand-chose, quand on veut que les choses soient justes on est très seul »

Olivier CHAZY

Reportage pour la Mission de France, Juillet 2017

PJ : Interview vidéo de

Stéphane et Aline :

José et Catherine :

Photos des usines désaffectées, des alignements des maisons ouvrières, des châteaux désaffectés, des amis de Catherine


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