Comme un parfum de proportionnelle ?
par Michel DROUET
mardi 21 juin 2022
Des pratiques détestables
Sauf que s’il y avait une anomalie dans la précédente assemblée, elle tenait plutôt à la présence écrasante de godillots dévoués à leur maître élus sur le malentendu et l’escroquerie du ni gauche ni droite auquel des gogos crédules en mal de nouveauté ont succombé.
Le scrutin de dimanche dernier a eu pour vertu de corriger ce point sans changer fondamentalement le paysage d’avant 2017 de l’assemblée nationale, sauf concernant le succès obtenu par le RN (auquel il ne s’attendait pas), favorisé dans les duels NUPES/RN par des reports de voix venus de la droite (LR et LREM, en particulier).
La « meilleure candidate » pour Macron à la présidentielle était Mme Le Pen. Cette onction donnée par Macron et l’absence de consignes de vote claires, voire contradictoires, ont laissé des traces dans une partie de l’électorat LREM qui a allégrement franchi le pas du vote RN pour faire barrage à la NUPES.
Les opérations électorales censées faire vivre la démocratie deviennent, chaque jour un peu plus, le champ clos de basses manœuvres politiciennes. Ni gauche ni droite, mais un peu d’extrême droite tout de même…
La première conclusion de toutes ces manœuvres est que désormais le « mouvement » de Macron a perdu plus de 150 sièges, et qu’il n’a plus de majorité absolue, ce qui est une bonne nouvelle. La seconde conclusion c’est que le pays vote majoritairement à droite, même si la gauche a pu, à l’occasion de ce scrutin se refaire la cerise, temporairement peut-être. Troisième conclusion, le mouvement attrape-tout LREM est sans doute en voie d’extinction, à terme.
Les abstentionnistes déjà oubliés
Pour terminer sur la fable de la proportionnelle, certaines publications n’ont pas hésité à faire une projection sur des résultats en cas d’élection à la proportionnelle intégrale pour vendre du papier, sans savoir si un autre système proportionnel aurait pu être appliqué (avec seuil, avec prime au parti arrivé le premier, avec répartition au plus fort reste ou à la plus forte moyenne).
Surtout, passée la gêne ou l’indignation devant le taux d’abstention au premier tour (confirmé au second) les commentateurs (et les sondeurs qui se sont encore plantés, comme d’habitude), n’intègrent plus ce paramètre pour faire leurs hypothèses fumeuses de cohabitations des différentes composantes de la nouvelle assemblée pour voter des textes. Passés à la trappe, comme prévu, les abstentionnistes… Sauf que peut-être, lassés par les magouilles entre partis pour voter des textes à moitié vidés de leur consistance, ils pourraient se rappeler au bon souvenir de la représentation nationale en défilant (et plus, si affinités) dans la rue.
Finalement cette cohabitation entre gens de bonne compagnie va permettre d’asseoir des partis en mal de financement et des élus en mal de pouvoir et de prestige qui songent à faire carrière. Prudence tout de même lorsqu’on constate certaines défaites (Ferrand, Castaner, Monchalin, Valls,…).
Rien n’est réglé et le Médef mène toujours la danse
La fracture profonde entre le peuple et ses élites politiques est sous nos yeux. A peine la moitié des électeurs se sont rendus aux urnes et encore l’ont parfois fait par automatisme, par habitude, par « devoir citoyen », par suivisme, sans être informés d’un programme réel, après des débats indigents (ou pas de débats du tout…), de moins en moins convaincus que ce vote aurait un impact sur leur vie de citoyen.
Il faut dire que ces vingt dernières années quel que soit le parti aux manettes la tendance a surtout consisté à voter des textes privilégiant les privilégiés, et à durcir les conditions d’accès à certains droits sociaux pour ceux qui ne le sont pas.
L’absence de projet politique de la part de LREM s’explique donc très bien si l’on considère que le véritable pouvoir en France n’est plus politique mais qu’il est constitué de lobbies actifs qui œuvrent chaque jour pour le bien de leur corporation et leurs intérêts personnels et ceux de leurs actionnaires en tendant la sébile.
Dernier exemple en date dans un édito du journal Ouest France intitulé : « Climat : le patronat présente la facture » dans lequel le Médef trouve une nouvelle justification à sa demande de baisse des impôts de production à hauteur de 35 Milliards par an « non plus pour gagner en productivité, mais pour amortir les investissements associés à la décarbonation ». C’est beau comme du Verlaine !
Nous voilà donc rassurés, la baisse des charges depuis 20 ans n’ira donc pas désormais systématiquement aux dividendes et va ruisseler pour le plus grand bien de la planète : nous sommes priés d’y croire.