De Dupont-Gnan-Gnan à Dupont-Teigneux

par Pale Rider
samedi 29 avril 2017

Le Monsieur Propre de la droite a embobiné ceux qui, face à un Fillon englué dans ses petites affaires, s’imaginaient pouvoir accorder leur voix à quelqu’un d’intègre. Or, NDA a révélé ce qu’il est : un vendu et, très exactement, un collabo.

Dans ses discours, dans sa profession de foi, M. Dupont-Aignan s’est fait passer pour le Monsieur Propre de la droite (les muscles en moins). Face à un François Fillon de plus en plus englué dans ses affaires (de famille et autres) et ses mensonges, il allait jusqu’à expliquer et même à montrer comment tel grand industriel avait tenté de l’acheter. Ainsi, M. Dupont-Aignan a réussi à faire croire à certains électeurs qu’il était « nickel » et inachetable. Ses plongeons quotidiens dans l’eau de Javel de sa piscine préférée l’ont peut-être persuadé qu’il était débarrassé de tout germe de décomposition, que son physique très propret n’était que le reflet de son âme de politicien immaculé comme la sainte Vierge.

 Plus encore, M. Dupont-Aignan n’a cessé d’adopter une posture gaullienne, l’évocation du Général servant, comme les citations de Camus pour d’autres, de caution morale. Pas de faute de parcours, campagne très bien menée : l’Eliott Ness de la droite française pouvait faire un candidat très présentable dans un jeu politique assombri par les magouilles de toutes sortes et de tous bords.

Un nouveau collaborateur

 Et voilà que, en ce soir du 28 avril 2017, M. Dupont-Aignan annonce tranquillement sur la deuxième chaîne qu’il a carrément passé un « accord de gouvernement » avec la châtelaine de Montretout, dont les cuisines sont pourtant garnies de casseroles en comparaison desquelles celles du hobereau de la Sarthe ne sont que piètre quincaillerie. Le leader de Debout la France crée donc un nouveau mouvement : À Genoux la France. L’émule auto-proclamé du chef de la France Libre a passé un accord avec la candidate d’un parti héritier du pétainisme et de l’OAS, ainsi qu’Emmanuel Macron l’a rappelé sans commettre d’erreur sur ce coup-là.

 François Bayrou qui, lui, a payé sa probité au prix fort, a parlé de « honte ». Car oui, M. Dupont-Aignan est un homme sans honneur et est devenu pour Madame Le Pen ce que François Fillon a été servilement pour M. Sarkozy : un collaborateur et, sans doute, un collabo rateur.

 L’intérêt de ces élections présidentielles très rudes, c’est qu’elles ont révélé qui était qui. Comme au début des années 40, il est maintenant possible de repérer celles et ceux qui n’ont jamais eu d’honneur ou qui sont prêt/e/s à le sacrifier pour un plat de lentilles. M. Dupont-Aignan prétend « sauver la France » en (mauvaise) compagnie de celle qui en donne la pire image qui soit et qui créera la guerre civile à brève échéance si par malheur elle devait remporter cette élection.

 Consolation pour les personnes qui ont voté pour le nageur en eaux troubles mais qui avaient et ont toujours une conscience : elles ne donneront pas leur voix à la mégère qui, le 27 au soir, a transformé son meeting de Nice en un stade de foot de la pire espèce. Finalement, la manœuvre était bonne : les presque 5% de voix de Dupont La Joie ne se reporteront pas entièrement sur Madame Le Pen.

 Bien qu’étant plein de compréhension pour ceux qui voteront blanc (comme je l’ai fait au premier tour), bien que trouvant assez digne la position exprimée par Jean-Luc Mélenchon même s’il n’avait pas besoin de nous faire poireauter cinq jours pour nous informer d’une décision assez évidente dans sa logique, je ne prendrai pas le risque de laisser passer le fascisme –car c’est là que nous en sommes.

Souvenez-vous : la veille –je redis bien : la veille de l’élection de Donald Trump–, pratiquement personne ne croyait que ce grotesque personnage serait élu, pas même lui. Or, ici, en Europe, l’histoire peut permettre ce qui n’a jamais existé aux États-Unis : l’instauration d’une dictature.

Tout le poids dans la balance !

 Je ne suis pas macroniste, même si j’observe que Micron devient Macron et prend de l’épaisseur au fil des jours, et même si la présence tutélaire de François Bayrou derrière lui est un élément à prendre positivement en compte. Mais, face à une personne dont le père fut l’éditeur de 33-tours de chants SS, ainsi qu’André Lajoinie le prouva jadis lors d’un débat télévisé, je n’hésiterai pas : je voterai Macron. Comme l’a dit Raphaël Glucksman, il sera toujours possible de le combattre démocratiquement quand il le faudra. Et il ne faut pas exclure que cet homme jeune se bonifie à l’usage. De toutes façons, je ne prends pas le moindre risque d’être responsable de laisser revenir au pouvoir cette part de la France –oui, de la France– qui organisa la rafle du Vel’ d’Hiv, n’en déplaise à Madame Le Pen. J’ajoute que, étant protestant, je n’apprécie guère qu’elle ait justifié les persécutions de Richelieu contre les huguenots. Quant à nos amis juifs, ils savent à quoi s’en tenir si jamais elle arrivait à l’Élysée : leur position a été très clairement exprimée par le Grand Rabbin de France Haïm Korsia.

 …Au moment de terminer cet article, j’apprends la démission du vice-président de Debout la France, Dominique Jamet, qui reprend, un peu plus gentiment que je ne le fais, l’argumentation que je viens de développer :

 

« Ce qui avait amené près de 5% des électeurs à porter leur choix sur le candidat de ‘Debout la France’, c’est tout d’abord l’intégrité de la personne et d’autre part son intransigeance et le refus des magouilles politiciennes, l’humanisme, l’accueil des ‘républicains des deux rives’. Ça faisait l’originalité de ‘Debout la France’ et ça expliquait que des gens venant des vieux partis venaient à nous. Je pense que beaucoup de gens vont être déçus ce soir. »

 

Cela ne fait que confirmer que Debout la France avait rallié des gens épris d’intégrité, et qui se sont fait entièrement berner. J’ajoute que la défaite de Madame Le Pen signifiera la mort politique de Dupont-Aignan, raison supplémentaire pour moi d’avoir politiquement sa peau.


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