De l’adhésion au vote contre, en attendant le rejet par l’abstention

par Michel DROUET
samedi 29 octobre 2016

Voilà décrite en quelques mots la lente déliquescence de la vie démocratique en France, décomposée, laminée et moribonde, écrasée par les coups successifs d’une gérontocratie politique minée par le cumul de mandats et d’un jeunisme qui n’aspire qu’à prendre la place sans rien changer.

L’adhésion

Adhérer à un projet, à un programme, à des valeurs, voilà qui fait vibrer la corde sensible de ceux qui croient encore au système politique actuel. Nous aimerions bien être tous dans cette logique et aller voter en glissant un bulletin dans l’urne en ayant le sentiment d’être acteurs.

Oui, mais voilà, le système n’intègre que très peu cette logique. Il dérive, il diverge, il s’égare et se transforme au profit exclusif de quelques marionnettes politiques instrumentalisées en dehors de toute règle démocratique par des pouvoirs qui ne tirent aucune légitimité d’un vote, mais dont le pouvoir de nuisance économique et la rapacité financière est sans limite.

Alors les élus s’adaptent pour faire carrière, en renonçant systématiquement au projet sur lequel ils ont été élus et en piétinant les valeurs des électeurs.

François Hollande est l’incarnation de ce qui précède.

Le vote contre

Puisqu’on ne peut pas voter pour, faute de projet ou de certitude quant à une réalisation, même partielle, on vote contre, pour éliminer et non plus pour choisir. On ne prend pas le meilleur mais on élabore une stratégie d’élimination parce qu’on pense qu’il y a des candidats ou des partis plus mauvais que d’autres.

Le symbole du vote contre, c’est 2002, avec un second tour Chirac Le Pen et un score de république bananière pour le premier qui nous avait donné un mandat inutile, creux, où aucune initiative politique n’avait été prise malgré le boulevard offert à son titulaire.

Aujourd’hui, le système se sophistique avec le système des primaires auxquelles peuvent être tentés de participer les électeurs de l’autre camp afin d’éliminer un candidat sur le retour sans s’inquiéter de la politique que mettra en œuvre le bénéficiaire de cette manœuvre.

Certains s’apprêtent donc à voter Juppé contre Sarkozy aux primaires des Républicains même si cette famille politique n’est pas la leur.

Autant dire que la notion de projet n’existe pas. Quant aux valeurs…

Tout cela pour éviter qu’un candidat qui a déjà fait preuve de son incompétence et cherche sans doute à se bricoler vite fait une immunité pour dire merde aux juges, soit en position de gagner la prochaine présidentielle !

Le vote contre est dans l’air du temps…

L’abstention

Auparavant, l’abstention était le reflet d’un désintérêt marqué pour la chose publique ou d’une forme d’égoïsme ou de j’menfoutisme.

Aujourd’hui, ce mode de non expression tend à en devenir un qui malheureusement n’est pas assez étudié ni pris en compte. L’impression qui domine aujourd’hui de la part des politiques et des accros du vote à tout prix, même celui du renoncement à ses idées ou à ses valeurs, est que « c’est pas grave » puisque les gagnants des scrutins le sont toujours par une majorité supérieure à 50 % des suffrages exprimés.

Rarement, on fait le calcul des suffrages obtenus par rapport au corps électoral, ce qui donnerait souvent des scores autour de 15 à 20 % et donc la pleine mesure du problème, en pleine croissance notamment aux élections locales auxquelles les citoyens ne comprennent plus rien.

L’abstention n’est plus aujourd’hui synonyme de désintérêt mais celui d’une prise de conscience qu’on ne peut plus voter par adhésion à des projets qui n’existent plus ou s’autodétruisent immédiatement après le scrutin ou bien « contre ».

L’abstention a de beaux jours devant elle, tant que le vote sera inutile comme il l’est aujourd’hui, puisque nié, transformé et dernier instrument de la soumission par des pouvoirs qui tous ne sont pas élus.


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