De l’effectivité du vote neutre (blanc ou nul)
par Lucadeparis
lundi 29 mars 2021
Une revendication démocratique est que les votes blancs et nuls ne soient pas des votes pour rien, faisant des citoyens qui s’expriment des citoyens de fait exclus de la décision, et donc que les ces votes soient comptabilisés dans les résultats en pourcentages, mais aussi puissent avoir un effet dans les décisions. Comment ces votes pourraient-ils être effectifs ? Déjà, ils ne peuvent être comptabilisés comme ayant nécessairement le même effet un des autres votes (contre ou non en particulier), car sinon il n’y aurait aucun intérêt à ce qu’ils existent distinctement.
Le vote neutre (blanc ou nul) exprime qu'on n'a pas de préférence pour les diverses propositions, qu'aucune n'est suffisamment satisfaisante, que leur formulation est trop peu compréhensible, ambigüe ou piégeuse, ou que le débat a été insuffisant pour savoir quoi choisir.
Le vote blanc n'exprime aucune alternative, alors qu'un vote nul peut être celui ou le votant exprime une alternative, une opposition, une autre proposition que celles délibérées (par exemple un autre candidat, une autre proposition).
Les votes blancs et nuls doivent être additionnés comme votes neutres.
Par respect pour l'isocratie (égalité dans la décision de chaque votant), les votes neutres (blancs ou nuls) doivent être pris en compte, effectifs.
Le vote neutre va dans le sens d’un statu quo de maintien de la situation actuelle en attendant une ou de nouvelles propositions, un débat plus éclairant, pour opérer le changement proposé.
* Si ce changement est facultatif, la proposition de changement doit avoir la majorité absolue (plus de 50%, 1/2 des votes), éventuellement plus par sécurité (par exemple selon le règlement intérieur de Decidemo(s) (association, parti politique pour l’établissement d’une démocratie réelle), plus de 3/4, 75% des votes pour changer les statuts, et plus de 2/3, 66,66% des votes pour changer le règlement intérieur).
* Si le changement est nécessaire ou obligatoire (une proposition ou son contraire doit se réaliser, il doit y avoir nécessairement une nouvelle réalisation, un changement), la proposition de changement doit avoir une majorité relative pour être réalisée, et c'est seulement si le vote neutre a la majorité relative, qu'on doit recommencer à délibérer en renouvelant les propositions, leur formulation, le débat, en différant la réalisation nécessaire ou obligatoire que du temps bref de la nouvelle délibération.
Par exemple, en Suède on roulait à gauche (et on pouvait continuer à rouler à gauche : ce changement était facultatif) : afin de rouler à droite, il aurait fallu que cette proposition référendaire ait la majorité absolue. Ainsi, si les votes étaient : rouler à droite 45%, rouler à gauche 40%,, et neutre 15%, on aurait continué de rouler à gauche, car il y aurait eu 55% qui n’approuvaient pas ce changement facultatif qui n'a pas obtenu la majorité absolue.
Par contre, dans une nouvelle contrée où il n’y a aucun côté de circulation déjà établi, mais qu’il en faut un afin d'éviter des accidents, ce même vote établirait la droite comme premier côté de circulation, car il a obtenu la majorité relative (seule une majorité relative de votes neutres aurait obligé à rapidement recommencer à délibérer sur ce problème).
Dans le cadre d'une constitution comme celle de la Cinquième République française, où il doit y avoir un président élu, si lors du second tour de l'élection, la majorité relative suffirait donc à établir une nouvelle réalité : si l'un des candidats avait 34%, et l'autre 33% (et donc le vote neutre était à 33%), le candidat à 34% serait élu ; ce ne serait que si le vote neutre avait la majorité relative (par exemple 35% de vote neutre, 33% pour un candidat, et 32% pour l'autre) qu’on éliminerait ces deux candidats pour recommencer l’élection sans eux. (Il y aurait à étudier le cas du vote neutre premier ou deuxième au premier tour… mais de toute façon, le scrutin uninominal à deux tours est très peu représentatif de la volonté populaire, la biaise trop, et sont préférables des scrutins plus démocratiques comme le vote de valeur permettant à chaque votant d'évaluer chaque candidat : on peut argumenter pour qu'une élection avec une majorité relative de votes neutres aille dans le sens de changer les procédures de vote, ou la Constitution...)
Dans le cas de 16 votants pour une action facultative, il faudrait au moins 9 votants pour qu'elle soit réalisée ; à 8 (ou moins) votants pour, elle ne serait pas réalisée, qu'elle que soit la répartition des votes contre et neutres.
Afin d'éviter des confusions, il faut formuler la proposition de telle façon que la proposition de changement facultatif est celle à laquelle on peut répondre favorablement (« oui » ou « pour »).
Par exemple, pour un Etat qui fait partie de l'Union Européenne, la question devrait être : « Voulez-vous sortir de l’UE ? » (avec une majorité absolue de oui pour réaliser la sortie) et non « Voulez-vous rester dans l’UE ? ». (La question référendaire « Voulez-vous rester dans l’UE ? » ne serait pertinente que s'il avait déjà été décidé de sortir, mais que des éléments nouveaux pouvaient faire changer la volonté populaire.)