De la parole aux actes : Darcos pris par la patrouille !

par etxe
vendredi 17 octobre 2008

Darcos a décidé de tailler dans le dur et de couper (partiellement) les vivres à ceux qui se battent pour « le mieux vivre ensemble » et pour la culture et l’éducation populaire. La Ligue de l’enseignement vient de recevoir deux courriers du ministre réduisant drastiquement les engagements de l’Etat et le soutien financier associé. Une illustration concrète du new deal éducatif darcosien.
 
Le 9 mai 2007, Xavier Darcos, futur sinistre de l’Eradication nationale écrivait sur son blog : « Ce que nous voulons donc, c’est la culture à l’école et une école plus proche, plus ouverte à la population. Nous voulons lui donner toute sa dimension de chose publique, de maison républicaine, de maison de la "culture" dans toute la pluralité du mot. Voilà un beau projet pour le quinquennat ! »
 
Mais il en est des envolées lyriques comme du pâté de cheval et d’alouette : un cheval d’envolée et une alouette de lyrisme… En date du 6 octobre 2008, Xavier Darcos a écrit deux lettres à La Ligue de l’enseignement. La première pour l’informer du gel définitif de 25 % de la subvention gouvernementale accordée le 27 mars 2007 pour une durée quadriennale, avec effet rétroactif au 1er janvier 2008 (à deux mois et demi de la clôture de l’exercice, on vous explique que vous devrez vous débrouiller avec 75 % de ce qui avait été prévu !). La seconde pour lui signifier le rapatriement au 1er septembre 2009 des 180 emplois équivalent temps plein d’enseignants détachés auprès de La Ligue pour l’accomplissement de certaines de ses missions.

La Ligue de l’enseignement, c’est une vaste organisation qui rassemble les mouvements d’éducation populaire, créée en 1866 par Jean Macé. Ses 102 fédérations départementales, ses 30 000 associations affiliées, ses 2 millions d’adhérents, organisent ou coordonnent : des vacances actives (Vacances pour tous), des classes découvertes pour les écoles, des centres de loisirs associés à l’école (CLAE), des débats, des actions d’alphabétisation et d’insertion, des initiatives culturelles dans les banlieues ou les zones rurales, du sport scolaire, et un long et cætera. Son ambition : inciter « les citoyens à s’associer dans la lutte contre les inégalités, à débattre et à être acteurs dans la cité afin de construire une société plus juste, plus libre et plus solidaire visant à l’émancipation de tous ».
 
Les permanents et les bénévoles de La Ligue font souvent ce que l’Etat et l’école ne font plus, ou n’ont pas à faire. Relais indispensable entre la sphère scolaire et la sphère familiale, elle comble les lacunes de l’une et les faiblesses de l’autre, pour essayer de faire des citoyens éclairés et libres. Démanteler ces dispositifs, asphyxier ces structures, c’est remettre en péril le très fragile équilibre républicain : moins de vie associative, moins d’éducation populaire, moins de culture pour tous, c’est plus de replis identitaires, plus de fracture sociale et plus de failles dans la République.
Mais évidemment, tout ça, M. Darcos n’en a cure.
 
« Morale », « éthique », « citoyenneté » : Darcos est (probablement) croyant, mais pas pratiquant.
 
Il faut dire que cet enfant de la République (enseignant puis haut fonctionnaire, fils de fonctionnaire), sous son apparence de bon notable provincial, se transforme facilement en hyène féroce et haineuse. Passons sur sa pitoyable prestation en direct sur Canal+ où il se perdit dans le passé antérieur et se prit les pieds dans la règle de trois. Concentrons-nous sur la lecture de son blog (http://xavierdarcos.blogspirit.com/), sorte de coïtus interumptus (il n’y écrit plus depuis sa nomination) de la beauferie politique. Très édifiant.
 
 Il a des avis sur le dialogue social : « vous dites "culture" et aussitôt l’intermittent montre son nez ; vous dites "identité nationale" et vous voici fasciste, poursuivi par les pétitionnaires ; vous dites "éducation" et le syndicaliste bardé d’autocollants se met à hurler : "des vrais moyens pour une vraie politique de l’école !" On vit dans l’automatisme de la pensée en boucle » (14 mars 2007) ; sur les acteurs qui s’engagent : « M. Torreton, ex-prince consort de Mme Chazal, habitué de Gala et Voici, vous le preniez pour un acteur ? Mais non, c’est un intellectuel, une sorte de néo-Yves Montand » (6 mars 2007) ; sur Marie-Georges Buffet « qui cache sa faucille et son marteau comme elle peut, exigeant "un vrai débat pour poser les bases d’une vraie alternative pour répondre aux vrais problèmes des vrais gens" (etc.) : elle rame dans la sciure de langue de bois, pour sauvegarder les 3 % qu’atteignit le visionnaire novateur Robert Hue » (23 mars 2007) ; sur son ex-mentor Bayrou : « Comment arrêter un tracteur à quatre bayrous motrices ? » ; etc.
 
Dans la même veine poétique, il fut attaqué en février 2004 par Les Chiennes de garde pour avoir déclaré, au sujet d’une adjointe de Juppé à Bordeaux « Que Mme Fayet cesse de mettre en avant sa "fidélité" à Alain Juppé, ce n’est tout de même pas à la femme adultère de donner des leçons de fidélité conjugale ! »
 
Il avait même écrit, le 1er mars 2007 « Je ne vois pas l’intérêt (...) d’avoir B. Kouchner ou J. Delors comme chef d’un gouvernement où chaque ministre serait en cohabitation avec tous les autres ». Bernard Il Magnifico, assis à la même table gouvernementale que lui les mercredis matin à l’Elysée, a dû apprécier…
 
Quant à la morale, elle s’arrête chez les Darcos aux portes du petit intérêt personnel : il emploie comme chef adjoint de cabinet sa jeune épouse (il lui rend 23 ans), titulaire d’une maîtrise d’histoire et il fut inculpé en 82 (puis relaxé) pour fraude au bac, quand il n’était encore que prof de terminale et qu’il voulut faire le malin auprès de ses élèves.
 
Comme le faisait dire Michel Audiard à un de ses personnages : « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît ».

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