De la tolérance sur les idées, propos et agissements des autres

par Antoine Christian LABEL NGONGO
samedi 16 août 2008

Cet article m’est venu après le flot de propos critiques cohérents ou non, justifiés ou non après la parution de mon article intitulé La cigarette gagne-t-elle du terrain ? Est-elle de retour ?. Je me demande pourquoi cette excitation.

Ce qui est problématique, c’est justement que chacun veut garder son petit intérêt sans se soucier des autres.

L’intolérance ou la tolérance sont pour moi des concepts qui n’engagent que ceux qui les adoptent. Le concept étant ce qu’il est, agir dans l’un ou dans l’autre cas sans pour autant nuire aux autres qui vous sont différents, ne peut que vous faire évoluer positivement. Encore faut-il que ces derniers ne se focalisent que sur des idées novatrices ou évolutives.

J’entends par le mot tolérance : un choix d’acceptation, une idée nouvelle choisie en vue d’apprécier, d’accepter la façon d’agir, de penser, d’être d’une autre personne sans émettre d’avis. La tolérance doit être de l’ordre du spontané, de l’instinctif ; elle ne doit pas être calculée. Ce concept ou cette idée va à l’encontre de l’intolérance, qui se matérialise comme une notion de déni, de refus d’acceptation de l’autre dans sa différence.

En prenant le cas des fumeurs, certains parmi eux ne se soucient guère des autres. Par leur comportement qui n’est peut-être pas provocateur, mais probablement agressif, ils font poindre des réactions d’intolérance. Qu’en est il de la tolérance ? Est-elle à sens unique ? Le non-fumeur doit se taire et accepter de subir au lieu de voir une personne censée qui mettrait de la distance pour fumer sans pour autant gêner les autres. Faut-il que la tolérance n’ait qu’un sens d’adoption, et ce par celui qui subit et non l’autre qui agit ? Elle n’est pas un concept articulé plus ou moins bien dans un moule caractérisé. C’est également une action délibérée et voulue, elle ne consiste pas à émettre ou porter des jugements de valeur. La tolérance doit pouvoir admettre toutes les façons de s’exprimer, de penser et d’agir des différentes personnes sans pour autant approuver ce qui est fait.

Dans l’article traitant de la cigarette dans les lieux publics, mais en particulier dans les parcs d’enfants que je fréquente avec mes mômes, il suffit de lire les commentaires des différents intervenants pour comprendre que la tolérance a encore du chemin à faire. Certes, des esprits étriqués pourraient me reprocher d’être intolérants, mais que pensent-ils des agressions que nous, non-fumeurs ressentons vis-à-vis des personnes fumeuses intolérantes ? Faire des raccourcis sur les voitures, sur je ne sais quoi d’autres est une technique vieille comme le monde. On évite d’analyser le problème, voire la question qui est sous-entendue ou posée, et ce sont de vieux clichés d’intolérance qui reviennent. Ce qui ne fait pas évoluer le débat.

Il faut donc considérer que la tolérance ne pourrait être séparée de ce que serait son passage à l’être puisqu’elle est effort pour passer à l’être, pour régner, pour transformer dans le meilleur des cas, ou dans le pire, pour détruire, nettoyer (exterminer) : lorsque vous vous faites enfermer (et éventuellement si vous mourrez) pour des idées que vous défendez, ce n’est pas sans conséquences.

Il est essentiel de savoir dans notre société si tout ce qui se dit, se fait ou se laisser faire est passible de tolérance. Cette idée qui peut être considérée comme une question, indique bien que la tolérance n’est pas une simple représentation, voire un cliché et qu’il est impossible de distinguer son extension. Pouvons-nous penser que la tolérance peut passer dans la réalité sans qu’il y ait de contradiction ? Il est difficile d’y croire, car ce concept serait détruit de ce fait et son idée même disparaîtrait.

L’intolérance est-elle une limitation de la tolérance ? Il n’est pas facile de s’avancer sur ce terrain sans croiser des obstacles. La tolérance n’est pas là pour tout autoriser, sans limite, sans interdit, nous risquons l’anarchie, voire le chaos. L’intolérance est-elle le pendant de la tolérance ? Cette question pourrait nécessiter des heures de débat sans pour autant apporter une ou des réponses claires. Penser qu’il faille accepter toutes les idées et leurs différentes manifestations dans l’action de transformation du donné sans mettre de limites est dangereux pour notre société. Or en France dès que vous parlez d’interdit, certains voient immédiatement le besoin de transgresser cette loi. Il n’est pas possible de tout mettre sur le même plan car cela serait ne pas distinguer les idées, les actions par leur essence ou par leur conséquence. Faut-il pour autant valider et accepter l’intolérance en restant inerte, l’idée est difficile à cautionner car accepter l’intolérance signifierait accepter à court ou long terme la disparition de la tolérance. Il faut néanmoins se dire que la tolérance totale mène inexorablement à l’anéantissement, voire la destruction totale.

Lors de la rédaction de cet article « La cigarette gagne-t-elle du terrain ? Est-elle de retour ? », je me doutais que cela engendrerait une discussion forte. Je ne me justifie pas car je n’en ai pas besoin. Je reste persuadé qu’un grand nombre de fumeurs en France sont méprisants et ne pensent qu’à eux. Si je constate que les choses évoluent, mon analyse progressera dans le bon sens également.

La tolérance en gros, c’est quoi ?

Elle représente un grand et beau concept, elle est le respect d’autrui, des autres dans leurs différences, de leur liberté, de leurs manières de penser, d’agir, de leurs opinions quelles soient religieuses, politiques ou autre. Il est à constater que certaines personnes ne sont pas tolérantes. Elles n’acceptent pas les autres et cela se traduit par du racisme, de la discrimination, du mépris. L’idée n’est donc pas de suivre le sens du mouvement de l’opinion, mais de s’affirmer. Le débat fait évoluer les choses.

En conclusion, comment se positionner dans le monde public et privé, il faut marquer la tolérance par le respect et la liberté. Il ne faut pas négliger la loi qui est contraignante et peut donner une impression d’intolérance. La tolérance est donc un concept qui ne peut s’appliquer qu’aux personnes qui la respectent et qui y croient.


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