Démocratie locale : la politique autrement !

par Philippe NOGUES
lundi 29 octobre 2007

Idéal de société, finalité politique, nécessitant de baliser collectivement et de redéfinir en permanence les chemins pour l’atteindre, la démocratie, vécue au quotidien, reste trop souvent marquée par le poids d’un système traditionnel de gouvernance, relevant d’une organisation pyramidale : au sommet les élus, à la base la population, et, entre les deux, les techniciens, experts et associations jouant le rôle de corps intermédiaires.

Sans que les élus ne s’en rendent forcément compte, la concentration et la personnification du pouvoir a trop souvent pour conséquence la paralysie du débat démocratique. Dans un système « descendant » de gestion, qui montre chaque jour davantage ses limites, cette absence de concertation ne fait que renforcer le désintérêt de la plupart des citoyens à l’égard des travaux et décisions des assemblées délibérantes... conseils municipaux par exemple !

Nos concitoyens sont aujourd’hui plus lucides et, contrairement à ce qui est trop souvent véhiculé, mieux outillés pour juger du bien fondé des décisions prises. Ils souhaitent être partie prenante des choix qui les concernent. Encore faut-il être en capacité de les entendre et de leur proposer une offre réelle d’implication... ce qui suggère de renverser la pyramide installée par le système politique traditionnel.

Sans aller jusqu’aux trop fameux « jurys citoyens », dont la légitimité tendrait à remettre en cause celle de la démocratie représentative, il n’apparaît, malgré tout, plus envisageable de continuer à faire de la politique sans reconsidérer concrètement le rapport élu/citoyen.

La démocratie locale est, à ce titre, une remise en question assez dérangeante des pratiques actuelles de la majorité des municipalités en place, fussent-elles animées de la meilleure volonté du monde. Elle induit une conception plus exigeante, finalement plus politique (!), de la fonction d’élu, et le passage à une culture de la responsabilisation, de la transversalité et de l’écoute, qui bouleverse l’ensemble des systèmes de gouvernance locaux.

Cette démarche participative n’est pas seulement une évolution de la forme, elle influencera sur le fond les décisions. L’enjeu du développement durable en est une représentation flagrante : il n’est pas possible de se contenter de vouloir l’imposer, car il est avant tout une question de conscience individuelle et collective... à construire ! La mise en place de programmes, type « agenda 21 » par exemple, nécessitent ainsi à la base une véritable participation et organisation citoyenne.

Le développement de la démocratie locale dépendra de la volonté de tous, élus, citoyens, associations. Les outils à mettre en place (comités de quartiers ou de villages d’un côté, mais aussi réorganisation, voire formation, de l’équipe municipale de l’autre...) nécessiteront, il ne faut pas se le cacher, une pédagogie nouvelle pour passer de la traditionnelle communication descendante, à cette construction commune de la vie de la cité.

Au-delà de la gestion technique et administrative, le politique se doit d’apporter une véritable plus-value en termes de démocratie, et donc de motivation, de participation des citoyens. Il doit être celui qui va faire renaître l’intérêt pour la chose publique ! Nous sommes face à un choix dérangeant, difficile, mais crucial !... car c’est à ce prix que la politique retrouvera sa crédibilité et qu’on réduira l’écart entre le personnel politique et la population.


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