Des centrales nucléaires « pas gérées par des Mickeys chargés de veiller sur les dividendes »
par Enjeux Electriques
vendredi 9 mars 2012
Un an après la catastrophe de Fukushima, je vous propose de relire l'excellente chronique qu'avait faite Guillaume Erner, sur France Inter, le Mardi 15 mars 2011.
Sans se prononcer sur la place du nucléaire dans la production d'énergie, il s'intéresse à son actionnariat et sa gouvernance au Japon et en France.
" Je sais pas si vous savez mais en France, pays du terroir, nous avons le nucléaire le plus sûr du monde. D'ailleurs avant de m'endormir j'écoute en boucle Anne Lauvergeon d'AREVA, qui nous explique que "il n'y a aucun problème, je crois qu'on va éviter la catastrophe nucléaire, et je voudrais d'ailleurs saluer le formidable sang-froid de toutes les équipes de Tepco. Ce sont des réacteurs qui même en cas de fusion de coeur, événement extrêmement improbable, hé bien il n'y aura pas de fuite dans l'environnement. (...) Il n' y a eu aucun problème, il y a eu une grosse polémique pendant un an en France, sur le fait que nos réacteurs étaient trop sûrs ".
Aaah ! si le nucléaire japonais était français, les japonais vivraient en ce moment même un grand moment de sérénité ! En tout cas chez nous ça y est, le débat fait rage, nucléaire or not nucléaire, c'est notre manière à nous de compatir aux souffrances et à l'angoissse niponne. Au train où vont les choses, nous allons voler au secours des japonais en leur parachutant un gros stock d'autocollants qui fleurissaient dans les seventies : un petit soleil orange réjoui, avec un slogan écrit en écolo-teuton : "ATOMCRAFT, NEIN DANKE !".
Et pourtant à côté de ce débat sur l'utilité du nucléaire on pourrait en avoir un autre sur l'utilité d'avoir privatisé le nucléaire.
Car figurez-vous que la société Tepco qui possède la désormais célèbre centrale de Fukushima-Daïchi est tout bonnement le premier producteur mondial privé d'électricité. Hors la catastrophe qui est en cours au Japon à pour cause une série de mauvaises décisions, dont celle de ne pas avoir noyé immédiatement les réacteurs de la centrale pour éviter de perdre ce précieux actif.
Mais la société Tepco n'en est pas à sa première erreur. Cette entreprise à déjà falsifié une trentaine de rapports d'inspection de ses réacteurs nucléaires. Pire même, en l'espace de 25 ans c'est prêt de 200 incidents nucléaires que Tepco a caché à l'opinion publique japonaise, pour préserver les intérêts des actionnaires.
Hé bien je sais pas vous, mais moi ça me rassurerait qu'en France et ailleurs, les centrales nucléaires ne soient pas gérées par des Mickeys chargés de veiller sur les dividendes. Que Renault se fasse rouler, que les hamburgers Quick soient impropres à la consommation, ou bien encore que la société générale soit pleine de kerviels, celà ne m'empêchera pas de dormir. Mais EDF, franchement, ça n'est pas la même chose. Et à ce sujet, je ne sais pas si vous êtes au courant mais en 2000, un gouvernement de gauche mené par un certain Lionel Jospin nous a expliqué qu'il fallait absolument privatiser EDF.
Avant, EDF appartenait aux français ; ça ne pouvait pas continuer ainsi. Il fallait à tout prix qu'on se rachète EDF à nous mêmes. Eh bien la catastrophe en cours au Japon pourrait inciter ces actionnaires d' EDF à revendre leurs actions aux citoyens, ou pour le dire autrement, à renationaliser l'entreprise. Le capitalisme a inventé beaucoup de choses, les subprimes et les juckbonds, les obligations pourries.
Pas la peine de laisser prospérer maintenant les actions radioactives ".