Des propos acides

par C’est Nabum
lundi 5 février 2018

C’est surprenant quand ça vient de la base.

Un dignitaire d’une grande société de transport « Kéolis » a daigné répondre au billet : « Le ticket choc » que j’avais commis afin de dénoncer un fait grave se déroulant sur le réseau dont il est un cadre de haut vol. Cet homme au sommet d’une pyramide qui prend de jour en jour de la hauteur grâce à son projet de téléphérique en terrain plat, a immédiatement jugé mes propos acides, belle entrée en matière pour entamer sereinement le débat.

Pour rester sur le même ton aimable, je répliquai en traitant l’important importun de foutriquet, manière de me situer un peu plus encore au-dessus de la mêlée. Vous imaginez aisément que le personnage trouva bien vite prétexte à interrompre la discussion, se payant même le luxe de prétendre que je l’importunais et qu’ainsi je lui faisais perdre un temps précieux en balivernes inutiles.

J’aurais aimé avoir le temps de lui suggérer de réviser un peu ses notions élémentaires de chimie. Un pauvre usager de la base comme moi ne peut tenir des propos acides. Toute sommité qu’il est, ce triste individu ferait mieux de se pencher sur les vermisseaux que nous sommes avec un peu plus de considération. J’achevai la joute en le mettant en garde contre l’éventualité d’un dépôt de plainte contre sa société et éventuellement l’institution de tutelle pour mise en danger de la vie d’autrui à propos d’un incident, qui d’après ce haut dignitaire distingué, ne pouvait pas avoir eu lieu comme je le relatais. Démentir est une action de principe dans le monde des décideurs. Les usagers que nous sommes sont forcément des menteurs de la pire espèce.

J’avais, en écrivant le billet, eu la délicatesse de ne point nommer la société ni même la ville où se passa l’incident. Je me vois contraint de mettre des points sur les « i » tant l’honorable représentant de la TAO, Transport de l'Agglomération Orléanaise m’a fait sortir de mes gongs. C’est donc en Orléans, que ce réseau tente de remplir pour le mieux sa mission. Il faut reconnaître que le centre ville est merveilleusement desservi et qu’il en va tout autrement des villages périphériques. Mais comme les décideurs sont tous dans la grande cité, comment pourrait-il en être autrement.

C’est ainsi que la fameuse ligne 34, n’est pas considérée. Elle a le triste privilège d’être sous-traitée en dépit des allégations de notre interlocuteur. Qu’un chauffeur, fusse-t-il un vacataire, dépote au milieu d’un carrefour giratoire fort encombré une passagère mal voyante afin de rentrer au plus vite par la voie rapide en négligeant son circuit habituel, n’est pas une erreur comme le sous-entend le sus-dit, mais une faute qui mérite réparation.

Que notre bon maire n’ait pas daigné répondre à mon interpellation en fait naturellement un responsable et même un complice. J’attends désormais des réponses rapides et que le chauffeur en question soit sanctionné sinon la menace de plainte sera mise en exécution. Je monte certes sur mes grands chevaux car j’en ai assez de ce mépris quasiment systématique qui émane de cette caste au pouvoir, héritière des grands marchands d’autrefois, incapable de voir dans les manants du bon peuple, autre chose que des serviteurs bons uniquement à se taire.

Le transport collectif devrait être gratuit, c’est ainsi l’occasion de s’indigner des dépenses effectuées pour organiser la chasse des fraudeurs, leur contrôle et leur verbalisation par des escouades belliqueuses ainsi que la billetterie et les distributeurs automatiques. Dépenses somptuaires auxquelles il convient d’ajouter la police des transports et qui, dans le contexte actuel, s’avère totalement inopérante. C’est bien entendu un choix de société qui ne peut que déplaire à ces tenants d’une idéologie libérale qui fait fi des difficultés réelles de la population.

Voilà, je n’ai plus à espérer la moindre prestation dans cette bonne ville où les flagorneurs sont honteusement privilégiés. La vérité n’est jamais bonne à dire, la critique insupportable à ces gens enfermés dans leur tour d’ivoire. J’attends avec impatience 2022 pour célébrer en payant de ma personne, le millénaire du premier bûcher des hérésies européennes qui eut lieu à Orléans et nulle part ailleurs. C’était un joli clin d’œil au futur martyre de l’héroïne locale. J’ai allumé le feu, je dois en accepter les conséquences. En se tenant chaud sur le bûcher, nombreux sont ici les indésirables à réduire au silence.

Irrévérencieusement leur.

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