Des ravages de l’élection

par citoyenrené
vendredi 5 octobre 2012

"On ne règle pas un problème avec le système de pensées qui l’a engendré"

La lutte pour le pouvoir, puis la conservation du pouvoir, voici l’alpha et l’oméga des politiciens

Où est l’intérêt général là-dedans ? Ce concept fort, « l’intérêt général », qui devrait nous guider, être notre seule boussole pour déterminer notre système de gouvernance. 

Avant de voir, quel usage du mot « démocratie » fut fait par Robespierre et Jean Jacques Rousseau, et quel système de gouvernance ils préconisaient,

Avant de sortir du naufrage programmé de l’élection, en prenant appui sur la phrase

"On ne règle pas un problème avec le système de pensées qui l’a engendré" d’Albert Einstein

Commençons par dérouler les ravages du principe électif.

Encore avant cela, nous ne trouverons pas ensemble la solution originelle si l’erreur sémantique est maintenue, nous sommes dans un gouvernement représentatif, non dans une démocratie

Sieyès, extrait du Discours du 7 septembre 1789

"Les citoyens qui se nomment des représentants renoncent et doivent renoncer à faire eux-mêmes la loi ; ils n’ont pas de volonté particulière à imposer. S’ils dictaient des volontés, la France ne serait plus cet État représentatif ; ce serait un État démocratique. Le peuple, je le répète, dans un pays qui n’est pas une démocratie (et la France ne saurait l’être), le peuple ne peut parler, ne peut agir que par ses représentants."

Alors oui, le gouvernement représentatif est en crise

 

Cherchons en les causes

Pour Montesquieu dans « L’esprit des lois » de 1748  « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir a tendance à en abuser. Tout homme va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. Qui le nierait ! La vertu même a besoin de limites. »

Et dans le prolongement, pour Alain : « le pouvoir sans contrôle rend fou »

Ainsi, notre seule tâche est de les contrôler ? très bien, admettons, qui votera ces lois de contrôle citoyen ? nos élus ?

Ce contrôle ne peut venir que de nos institutions, être gravé dans le marbre de la loi. A ce titre, une constituante citoyenne désintéressée nous garantirait sans doute la pérennité du pouvoir citoyen

Le système actuel, manifs & pétitions, est institutionnellement inopérant

L’idée d’un panel de citoyens désignés aléatoirement pour surveiller, contrôler leur élu est intéressante. Jurés citoyens au mandat court et non renouvelable... très bien, mais qui inscrira cela dans la loi ? à part le Front de Gauche, aucun parti ne propose de rendre du pouvoir au peuple souverain. Contrôle des députés, voir l’intéressant travail de Guy Belloy, de Bernard29

 

Reprenons le point d’appui d’Albert : 

"On ne règle pas un problème avec le système de pensées qui l’a engendré"

Ainsi, on ne réglera pas les problèmes que pose le gouvernement représentatif avec le système de pensées électif

Tentons malgré tout d’enfoncer le clou sur le principe électif,

 

« Gouverner, c’est faire croire » nous disait Machiavel 

Sommes-nous des victimes consentantes, des serviteurs volontaires, des amoureux ? Pour certains, oui, et puis ‘on croit toujours aux doux mots d’amour lorsqu’ils sont dit avec les yeux

Le principe électif est pourri dans sa moelle, qui se présente ? Les pires ! Les ambitieux, les cupides, les fous…n’est pas Robespierre ou Mélenchon qui veut, pour Alain, « Les gens bons ne se soucient pas de gouverner » 

On pourrait dire que la cupidité, l’ambition, la soif de pouvoir passent après le « sacrifice personnel pour l’intérêt général » que font nos représentants, à voir la manière dont l’intérêt général est malmené, on peut en douter

L’intérêt général a le bonheur, le bien être, comme but, comme raison d’être

L’intérêt général est la radicale transition écologique, la suppression des paradis fiscaux, la fin de l’évasion fiscale (2 300 milliards d’euros sur 20 ans (1)), une fiscalité réellement équitable, donc progressive. L’intérêt général est une éducation et des soins de santé assurés par la communauté, etc…

Ce système électif est programmé pour attirer les pires, comme un pot de confiture ouvert, l’intérêt général est perdu dans la bataille

 

Concernant les ravages de l’électoralisme, il n’est pas besoin de les étaler « un homme d’Etat pense aux prochaines générations, un homme politique pense aux prochaines élections »

Concernant la personnification du pouvoir, Voyez le bordel, on en vient à choisir une personnalité, un charisme, la première dame ne nous est pas indifférente, mais c’est quoi le rapport avec « la démocratie » ? on veut quoi ? un charisme mussolinien ?

Dans un gouvernement représentatif, cela compte, tout compte, la couleur du caleçon du chef, mange-t-il bien le matin ? Peut-on assister à son lever ?

C’est quoi ce peuple de veaux ? De Gaulle nous a répondu, ce sont les Français

 

"On ne règle pas un problème avec le système de pensées qui l’a engendré" phrase répétée

Ainsi, on ne réglera pas les problèmes que pose le gouvernement représentatif avec le système de pensées électif

Les dérives, les abus des hommes de pouvoir seront éternels, peu importe les hommes, il naitra d’autres Pasqua, d’autres Sarkozy, d’autres Roland Dumas, d’autres Copé qui (presque) tous refuseront que le peuple viennent se mêler directement de la conduite de la nation. Depuis 200 ans, le peuple se trompe de mot, c’est bête, une simple erreur de mot, alors certains indignés, face aux résignés, demandent une démocratie réelle, une démocratie participative, une démocratie directe…Bien sûr, le gouvernement représentatif est mieux qu’une dictature, qu’un totalitarisme, là n’est pas la question, mais cessons d’appeler démocratie le gouvernement représentatif. Alors peut être des solutions,dont la démocratie, apparaitront.

Aparté : A ce titre, la pensée dominante est notre nouveau totalitarisme, pervers et insidieux,

 

Le dernier vestige positif du principe électif est que le Référendum d’Initiative Citoyenne et le Référendum Révocatoire soient portés par un parti, par un candidat, en l’occurrence, le Front de Gauche et Jean Luc Mélenchon

Le « contrat social » proposé par le FdG serait signé des deux mains par le peuple de Gauche, (la Gauche, pas le centre droit d’Hollandréou)...mais pour ceux qui en sont éloignés idéologiquement de la Gauche tout en ayant des aspirations à la Démocratie ?

Quoi qu’il en soit, le système de gouvernance sera définit par la constituante citoyenne désintéressée, désintéressée donc désignée aléatoirement, ici, le « système Chouard » de désignation (vote + tirage au sort) fera merveille

 

Et cela m’en coute, mais pour revenir aux sources de la confusion sur le système démocratique en France, et par loyauté pour l’éventuel lecteur, il faut citer Robespierre l’incorruptible, l’avocat des pauvres, dans son discours, pourtant bouleversant, du 5 février 1794, 18 Pluviose de l’an II, « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la convention nationale dans l’administration intérieure de la République » :

« La démocratie n’est pas un état où le peuple, continuellement assemblé, règle par lui-même toutes les affaires publiques, encore moins celui où cent milles fractions du peuple, par des mesures isolées, précipitées et contradictoires, décideraient du sort de la société entière : un tel gouvernement n’a jamais existé, et il ne pourrait exister que pour ramener le peuple au despotisme.

La démocratie est un état où le peuple souverain, guidé par des lois qui sont son ouvrage, fait par lui-même tout ce qu’il peut bien faire, et par des délégués tout ce qu’il ne peut faire lui-même.

(…)

Nous ne prétendons pas jeter la République française dans le moule de celle de Sparte ; nous ne voulons pas lui donner ni l’austérité, ni la corruption des cloîtres. Nous venons de vous présenter, dans toute sa pureté, le principe moral et politique du gouvernement populaire. Vous avez donc une boussole qui peut vous diriger au milieu des orages de toutes les passions, et du tourbillon des intrigues qui vous environnent. Vous avez la pierre de touche par laquelle vous pouvez essayez toutes vos lois, toutes les propositions qui vous sont faites. En les comparant sans cesse avec ce principe, vous pouvez désormais éviter l’écueil ordinaire des grandes assemblées, le danger des surprises et des mesures précipitées, incohérentes et contradictoires. … »

 

Maximilien, tu es de mauvaise foi, l’ami, en même temps, il est lui-même élu et s’adresse ici à d’autres élus, renoncer à son rôle d’élu est quasi impossible

De mauvaise foi pour « cent milles fractions du peuple » cent milles, un million, dix millions puis revient deux fois le risque des mesures « précipitées, incohérentes et contradictoires »

La démocratie des collectivités humaines avancent en zig zag, la volonté générale évolue, comment s’en offusquer ? Des erreurs sont commises, puis seront rectifiées, ainsi on avance.

Si une majorité se dégage après débat contradictoire, nulle précipitation, le peuple souverain a tranché.

Ensuite de mauvaise foi pour « un tel gouvernement n’a jamais existé » peut être exclut-il Athènes du système démocratique pur car ni les femmes, ni les esclaves, ni les pauvres n’étaient dans le panel de base duquel on tirait au sort les représentants, c’est une supposition.

Et enfin, mauvaise foi du glorieux Maximilien car il a lu « du contrat social » (publié en 1762) de son maitre Jean Jacques Rousseau, il l’a lu tout comme certains constituants, le buste de Jean Jacques étant placé dans la salle de séances des constituants avec un exemplaire du « contrat » sur le socle

Il a donc lu, partie III, chapitre III :

«  Le souverain peut, en premier lieu, commettre le dépôt du gouvernement à tout le peuple ou la plus grande partie du peuple, en sorte qu’il y ait plus de citoyens magistrats que de citoyens simples particuliers. On donne à cette forme de gouvernement le nom de démocratie.

Ou bien il peut resserrer le gouvernement entre les mains d’un petit nombre, en sorte qu’il y ait plus de simples citoyens que de magistrats ; et cette forme porte le nom d’aristocratie »

Enfin il peut concentrer tout le gouvernement dans les mains d’un magistrat unique dont tous les autres tiennent leur pouvoir. Cette troisième forme est la plus commune et s’appelle monarchie, ou gouvernement royal  »

Je serais à mon tour de mauvaise foi si je n’indiquais pas que Rousseau poursuit plus loin par : 

«  Si, dans les différents Etats, le nombre des magistrats suprêmes doit être en raison inverse de celui des citoyens, il s’ensuit qu’en général le gouvernement démocratique convient aux petits Etats, l’aristocratique aux médiocres, et le monarchique aux grands.  »

La France étant un grand Etat, même en 1794, Robespierre aurait pu promouvoir une aristocratie éclairée, ce qu’était l’assemblée, mais pourquoi a-t-il promu le mot « démocratie » quand bien même il savait ce qu’était la démocratie pour les antiques grecs, et pour son antique maitre ? à savoir la désignation aléatoire couplée à la rotation des charges.

Le pouvoir l’avait déjà changé ? il y avait pris gout comme tous ces congénères ? mais l’esprit de la démocratie lui plaisait, l’esprit seulement, le mot seulement, alors quoi, il est tiraillé entre son idéal de gouvernance et l’appétence qu’il éprouve déjà dans les arcanes du pouvoir ?

Bref, poursuivons le « contrat social », partie III, chapitre IV

« A prendre le terme dans la rigueur de l’acceptation, il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais. Il est contre l’ordre naturel que le grand nombre gouverne et que le petit soit gouverné. On ne peut imaginer que le peuple reste incessamment assemblé pour vaquer aux affaires publiques, et l’on voit aisément qu’il ne saurait établir pour cela des commissions, sans que la forme de l’administration change »

Ici Rousseau, comme Maximilien après lui, doit exclure Athènes du système démocratique pur car ni les femmes, ni les esclaves, ni les pauvres n’étaient dans le panel de base duquel on tirait au sort les représentants, c’est une supposition

Soyons honnête en citant encore Rousseau :

« S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes »

Pour les adeptes féroces de l’aristocratie éclairée, de la monarchie républicaine, citons Rousseau qui cite un vertueux Palatin dans la diète de Pologne :

« Je préfère les dangers de la liberté à la paix de la servitude » (Malo periculsam libertatem quam quietum servitum)

Tout compte fait, Robespierre n’est peut être pas de mauvaise foi, peut être pense t’il avoir résolu l’équation posée par Rousseau, reste qu’il aurait pu définir le régime auquel il aspirait comme étant une aristocratie, une aristocratie éclairée, mais pas le gouvernement du grand nombre, la démocratie.

 

Pour la suite de « du contrat social », le lecteur se fera son opinion,

Partie III, chapitre V « de l’aristocratie »

…« Il y a donc trois sortes d’aristocratie : naturelle, élective, héréditaire. La première ne convient qu’à des peuples simples ; la troisième est le pire de tous les gouvernements. La deuxième est le meilleur ; c’est l’aristocratie proprement dite.

Outre l’avantage de la distinction des deux pouvoirs, elle a celui du choix de ses membres ; car, dans le gouvernement populaire, tous les citoyens naissent magistrats ; mais celui-ci les borne à un petit nombre, et ils ne le deviennent que par élection : moyen par lequel la, probité, les lumières, l’expérience, et toutes les autres raisons de préférence et d’estime publique, sont autant de nouveaux garants qu’on sera sagement gouverné.

De plus, les assemblées se font plus commodément ; les affaires se discutent mieux s’expédient avec plus d’ordre et de diligence ; le crédit de l’Etat est mieux soutenu chez l’étranger par de vénérables sénateurs que par une multitude inconnue ou méprisée.

En un mot, c’est l’ordre le meilleur et le plus naturel que les sages gouvernent la multitude, quand on est sûr qu’ils la gouverneront pour son profit, et non pour le leur. Il ne faut point multiplier en vain les ressorts ni faire avec vingt milles hommes ce que cent hommes choisis peuvent faire encore mieux. Mais il faut remarquer que l’intérêt du corps commence moins à diriger ici la force publique sur la règle de la volonté générale, et qu’une pente inévitable enlève aux lois une partie de la puissance exécutive. »

A noter que dans sa « Polysynodie de l’abbé de Saint-Pierre » Rousseau conclut :

« A force d’être bon sénateur, on devient enfin mauvais citoyen. Ce qui rend l’aristocratie la pires des souverainetés »

Il ajoute en note

« Je parierais que milles gens trouveront ici une contradiction avec le Contrat social. Cela prouve qu’il y a encore plus de lecteurs qui devraient apprendre à lire, que d’auteurs qui devraient apprendre à être conséquent »

L’aristocratie est à la fois le meilleur des gouvernements et la pire des souverainetés.

La question européenne, son néolibéralisme, son TSCG, n’est pas abordée ici, car il est présupposé qu’un des moyens de lutter contre la dictature de cette Europe là est de refonder notre modèle national, qui en remontant éclatera ces diktats

Pour conclure, l’élection est aristocratique, notre système actuel est soit une aristocratie élective soit une monarchie républicaine

Seul le Front de Gauche, porteur du Référendum d’Initiative Citoyenne et du Référendum Révocatoire sauvent le principe électif en ouvrant la route vers la démocratie.

Rousseau pensait la démocratie valable seulement pour les petits Etats en 1760, mais en 2012 ? Robespierre pensait peut être avoir résolu l’équation de Rousseau en qualifiant de « démocratie » le gouvernement représentatif,

En tout état de cause, nous ne résoudrons pas la crise « démocratique » si l’on exclut de facto du périmètre des solutions ce qu’est réellement la démocratie

Enfin, les modalités du système de gouvernance seront mises à plat par la constituante citoyenne désintéressée

Si la démocratie est jugée définitivement impossible, un gouvernement représentatif avec contrôle citoyen sera peut être la voie que nous choisirons, une aristocratie éclairée par le peuple, pourquoi pas ?

 

1

http://www.senat.fr/rap/r11-673-1/r11-673-116.html


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