Deux « anarcho autonomes » de plus...

par Ceri
vendredi 16 janvier 2009

Le délire continue : les flics ont trouvé deux nouveaux « anarcho autonomes ». Une avocate et son copain auraient été surpris alors qu’ils s’apprêtaient à mettre le feu à une voiture à Paris dans le XIXème arrondissement. Au lieu de les inculper pour dégradations de biens, ou vandalisme, c’est-à-dire de simple délits, on leur colle une inculpation pour terrorisme, rien de moins. C’est ça, la vie en Sarkoland.

Comme d’habitude en matière d’ « anarcho autonomes », l’info sort dans Le Figaro de ce vendredi. Les flics les auraient interpellés vers 3 heures du matin, alors qu’ils s’apprêtaient, du moins semble-t-il, à mettre le feu à des voitures à l’aide de papier enflammé coincé dans les jantes.

Alors que deux « anarcho autonomes » de Tarnac sont encore en taule sans savoir pourquoi, on en retrouve deux autres : direct, les flics ouvrent une enquête pour, tenez-vous bien, « dégradation par incendie en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs en vue de préparer des actes de terrorisme  », soit 96 heures de garde à vue, dont 72 sans avocat. Ca ne rigole pas, en Sarkoland.

Là où la présentation des faits est magnifique, c’est que le simple fait de manifester contre un Etat policier devient pour les flics, les juges, les journalistes du Figaro et l’opinion publique une preuve de « sympathie pour la mouvance anarcho autonome » (qu’on ne nous a toujours pas définie, d’ailleurs). Automatiquement, on devient un dangereux terroriste en puissance.

Reprenons le papier du Figaro, éloquent de mauvaise foi et de parti pris, mais c’est normal après tout le Fig, comme l’a voulu Dassault, sert à « faire passer des idées saines ». Le quotidien nous explique donc au sujet des ces deux nouveaux terroristes, que « Leur supposée sympathie (quel crime !) avec la mouvance (qu’est-ce que « la mouvance autonome », au juste ? Qui est autonome, et que leur reproche-t-on exactement ?) autonome et les personnes poursuivies (donc pas reconnus coupables) pour les sabotages commis le 7 novembre contre les caténaires de la SNCF semble avoir justifié leur transfert au 36, quai des Orfèvres.

De source proche de l’enquête, l’avocate parisienne a été aperçue lors d’une manifestation en novembre 2003 (aperçue, mais a-t-elle commis un acte répréhensible ? Manifester est-il susceptible de nous faire rentrer dans la catégorie « autonome », donc terroriste ? De plus, c’était en 2003, signe que les flics ont bien leurs fiches en ordre et n’oublient pas une obscure manif qui s’est déroulée il y a 5 ans !) devant la maison d’arrêt de la Santé lors du deuxième Forum social européen tenu en France. Plus récemment, elle aurait participé à une réunion (en France, n’en déplaise à Sarko, on a toujours le droit de réunion) le 6 décembre dernier à Montreuil (Seine-Saint-Denis) pour brocarder les interpellations de Tarnac. Son ami Kevin, présenté de source policière comme « gravitant dans la mouvance d’ultragauche », serait connu pour « avoir manifesté activement (peut-on manifester passivement ? J’en doute. Il a donc soutenu ouvertement les accusés de Tarnac, qui seront probablement le symbole de l’acharnement policier dans quelques années) son soutien à Julien Coupat », toujours incarcéré depuis le 15 novembre dans l’affaire du sabotage de la SNCF ».

Bref, on tient là deux personnes qui sont une réelle menace pour la société et l’ordre établi, qu’il convient bien sur de mettre au secret en attendant de créer les preuves pour les inculper d’activités terroristes. Même s’il ne s’agit à la base que d’une ou deux voitures qui auraient pu être incendiées.
Enfin, on reste perplexe de ce nouveau type d’attaque terroriste, qu’on a plus l’habitude de voir utilisée par les petits délinquants des cités. En outre, si Le Figaro dit que les deux derniers "anarcho autonomes" n’avaient pas bu, Le Monde titre en affirmant exactement l’inverse. Des terroristes beurrés, ça fait quand même un peu moins « terroriste », n’est-ce pas ?
 
Par contre, le Monde enfonce encore le clou, expliquant que l’avocate "connaîtrait " Julien Coupat, toujours incarcéré pour l’histoire de la SNCF. Et en plus, Coupat, dixit le quotidien, serait « le chef du groupe ». Attention, en plus nos terroristes auraient un réseau super organisé : la preuve, les flics le disent. Clou carrément écrasé par L’Express, qui écrit sans détour aucun que "La procédure d’exception (...) est aussi justifiée car la jeune fille travaillerait selon la police dans un cabinet défendant des membres de la mouvance dite "anarcho-autonome".
Donc, notre avocate est classée comme terroriste parce que :
- elle a manifesté pacifiquement
- son cabinet défend les accusés de Tarnac
Diante, quelles preuves ! Si nous étions au fin fond d’une dictature dans un pays sous développé, des arrestations pour ce genre de motif ne surprendraient personne. Or, nous sommes encore dans un résidu de démocratie, où en principe la Justice n’enferme pas les gens pour leurs opinions, fussent-elles gauchistes.

Clairement, il est temps de s’inquiéter. Si, dès lors qu’on doute de la version officielle et qu’en plus on a manifesté, contre les OGM, le FN, le CPE ou autre, on est suspect d’être un « anarcho autonome », terme par ailleurs fort pratique car polysémique, et donc un vilain terroriste, et qu’on risque 3 jours de garde à vue, que deviennent la liberté d’expression, la liberté de réunion, la liberté de manifester, en un mot : la liberté de contester.

Pendant ce temps-là, on laisse l’extrême droite, bien réelle et pas du tout autonome celle-là, détruire les cimetières Juifs ou musulmans, s’en prendre aux homos et inviter sur scène le pire des négationistes.

Lire l'article complet, et les commentaires