Doit-on se réjouir de la baisse de l’impôt sur le revenu ?

par Michel DROUET
mercredi 21 mai 2014

Pour ceux qui sont concernés, la réponse est évidente : c’est oui. Par contre pour ceux qui sont juste au dessus des nouveaux plafonds et pour tous les autres contribuables, la réponse l’est moins, encore qu’on ne pleurera pas sur le sort de ceux qui sont dans les tranches les plus élevées du barème.

Pourquoi être partagé sur cette mesure ?

Parce qu’elle s’écarte des principes de la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen qui énonce qu’une contribution commune est indispensable pour couvrir les dépenses d’administration de l’Etat et qu’elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. Pour être pleinement citoyen, il faudrait donc payer l’impôt.

Maintenant, cette notion d’impôt payé par tous doit être regardée à la lumière de tous les impôts et taxes auxquels nous sommes soumis (taxe d’habitation, T.V.A., T.I.P.P., taxe foncière, taxe sur les contrats d’assurances, sur les alcools, le tabac, j’en passe et des meilleures…)

Ce qui pose problème en effet aujourd’hui, c’est la superposition des décideurs et bénéficiaires de ces taxes : l’Etat bien sûr, mais aussi les collectivités territoriales et différents syndicats intercommunaux, sans compter différents organismes qui prélèvent des taxes.

On peut donc dire que les bénéficiaires d’un allègement de leur impôt sur le revenu, continueront donc à payer des impôts et des taxes comme tout le monde (ou presque) et qu’ils n’en sont pas moins citoyens que vous et moi, même s’ils bénéficient d’un avantage sur un impôt particulier, mais qui n’est pas le plus important dans leurs dépenses courantes taxées.

Ce qui gêne, c’est autre chose…

On semble découvrir que les bas revenus concernés par la non indexation du barème et la fin de certains avantages (la défiscalisation des heures supplémentaires par exemple) et qui sont rentrés en masse dans la catégorie des assujettis, ont des fins de mois difficiles et demandent de plus en plus des facilités de paiement, que ce soit pour l’impôt sur le revenu ou pour les impôts locaux, alors on prend des mesures à minima, sans s’intéresser aux autres composantes du dossier, à savoir la stagnation des salaires et la diminution du reste à vivre en raison de l’inflation et de l’augmentation des dépenses contraintes.

Une politique de facilité, donc…

Il est plus facile en effet pour le gouvernement d’actionner le levier de l’impôt qu’il maitrise, quitte à s’appauvrir et à rogner sur le service public et les dépenses sociales que de s’attaquer aux autres causes de cette diminution du reste à vivre par l’augmentation des dépenses contraintes. Parmi celles-ci on notera les dépenses de logement (loyers et charges) qui augmentent régulièrement et qui deviennent intolérables, notamment dans les grandes agglomérations, les dépenses liées aux déplacements (voiture, transports en commun), les augmentations des produits de consommation courantes par la grande distribution, celles des assurances, de l’énergie ou bien encore des frais bancaires et les dépenses de santé.

En ce sens, on peut affirmer que les actions du gouvernement actuel pour « rendre du pouvoir d’achat », ne sont pas éloignées de celles prises par l’ancienne majorité, et on peut le déplorer. La faiblesse, voire l’inexistence des augmentations des salaires minimaux que ce soit dans le privé ou le public en sont également l’illustration, alors que des responsables patronaux (le président du Medef, pour ne pas le nommer) grand pourfendeur des hausses de salaires, s’est octroyé modestement une augmentation de ses revenus de 29 % en 2013, que les joueurs du PSG ont touché une prime de 700 000 € pour leur belle saison, sans compter le coût du capital dans les entreprises qui exige des rendements à deux chiffres.

L’action de l’Etat, quelle que soit la majorité, consiste donc à mettre le couvercle sur la marmite en évitant de s’attaquer aux causes réelles des difficultés des français les plus fragiles. 

 


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