Dylan vit de la solidarité nationale mais, dit-il, la France est un pays injuste !

par French Observer
mercredi 23 avril 2008

« Ras-le-bol de ce pays ! » s’exclame le jeune homme. Pour lui la France est un pays injuste...

Il faut dire qu’il a de quoi râler ce trentenaire : il n’a pas de travail ! Il n’a pas de formation professionnelle ! Il n’a pas d’argent ! Il n’a pas...

« Tout ça c’est de la faute à ce pourri de Sarko ! » lance-t-il. C’est bien connu dit-il « le président ne pense qu’à lui ! » la preuve ? « Il s’est augmenté de plus de 150 % tandis que nous on reste dans notre merde !  » Dylan est en colère. Et quand Dylan est en colère il veut changer de pays. « C’est sûr, c’est mieux ailleurs » assure-t-il.

C’est vrai que le jeune homme ne vit pas sur l’or. Il ne fait pas partie de ces privilégiés qui ont bénéficié du « paquet fiscal » et sont protégés par le bouclier lui aussi fiscal. Ah vraiment les riches exagèrent. « On leur donne tout », déclare notre homme... « Moi je suis allé à la mairie pour demander des bons alimentaires - il ne sollicite pas Dylan, il réclame, exige presque - et ces salopards me les ont refusés. » Pourquoi refuse-t-on l’aide alimentaire à celui qui en a besoin ? « Ben c’est simple ils ont répondu que Sarah touche trop. Pourtant elle ne déclare que 400 euros par mois !  » Dylan est sincère dans ses propos, il parle avec le cœur mais... Mais il oublie certains détails que tout le monde doit lui pardonner, bien sûr. Le brave garçon a oublié que depuis le début de l’année 2008 il a déjà réclamé et obtenu, à titre exceptionnel, trois fois des bons alimentaires de la mairie et de son service d’action sociale. « Crois-moi c’est pire depuis que l’on a une maire PS ! » sic. Pourtant Dylan ne jure que par la gauche et le PS en particulier... Nicolas Sarkozy lui donne des boutons et la droite ne s’inquiète pas de son cas à lui... Bref, qu’ils soient de droite ou de gauche, peu importe, les gens doivent lui en vouloir pour qu’il soit aussi malheureux.

Loin de nous l’idée de faire du cas présenté ici une généralité, mais il convient d’en parler pour que l’on arrête de se voiler la face, que l’on cesse de se dire que cela n’existe pas ou que c’est vraiment très rare.

Ici l’accent est mis sur le comportement de certaines personnes qui pensent que tout leur est dû, tout de suite et qu’il ne faut surtout pas leur demander des comptes car cela voudrait dire qu’on les soupçonne de ne pas être honnêtes. Non, cet article n’a pas pour effet de jeter le doute ou le discrédit sur toute une partie de la population, qui souffre réellement, mais uniquement de poser le problème de l’abus...

Retour sur la situation du jeune révolté :

Dylan s’est déclaré vivant seul chez sa mère, mais en réalité il vit en couple avec Sarah. D’une première union, il a deux enfants pour qui il refuse de verser le moindre centime au titre de la pension alimentaire : « même un euro elle ne l’aura pas », dit-il en parlant de son ex-compagne. Malgré ses condamnations, il n’a jamais vraiment été inquiété. Seule vraie peine appliquée : Dylan a été déchu de ses droits parentaux. Ce n’est pas grave, avoue-t-il car c’est justement ce qu’il voulait ; en somme, la justice lui a rendu un sacré service gratuit (pour lui).

Continuons encore. Sarah, d’une première union, a eu deux enfants ; ils sont préadolescents. Son ex-compagnon lui verse une pension alimentaire probablement très modeste (150 euros). Elle bénéficie et c’est un droit des allocations familiales pour deux enfants (188 euros), du RMI (670 euros environ) qui donne de fait droit à la Couverture mutuelle universelle (CMU), de l’Aide personnalisée au logement (APL) de sorte à ce que son loyer se trouve réduit à moins de 150 euros mensuels toutes charges comprises. Sarah ne touche plus l’Allocation parent isolée, mais en a indûment profité. Sarah et ses deux enfants n’ont donc environ que 873 euros pour vivre. La part de loyer restant à sa charge déduite, le reste à vivre est de 723 euros. Dylan lui ne touche que le RMI pour lui seul et ne paie pas de loyer. Ses revenus sont donc très modestes : 447,91 € par mois. Il bénéficie également de la CMU, ce qui est normal au nom de la solidarité. Son reste à vivre est de 447,91 € pour lui seul.

Revenons à la réalité des faits : Sarah et Dylan vivent ensemble avec deux enfants. Leur revenu mensuel et de 1 320,91 euros nets pour toute la famille.

En comparaison, les revenus d’un couple avec deux enfants, du même âge que ceux de notre couple témoin, et dont un seul parent travaille (payé au Smic comme trop de personnes) s’élèveraient à environ 1 100 euros nets de salaire et à 188 euros d’allocations familiales. Sauf erreur, leurs revenus sont donc de 1 288 euros, soit moins importants que ceux que touche notre couple sans travailler. Tandis que nos plaignants bénéficieront de différents avantages (pas de frais de santé, chèques vacances, tarifs préférentiels divers, cantine à moindre coût ou gratuite, aides financières ponctuelles, assistance juridique gratuite, pour eux car tout cela a un coût), la famille « classique » celle qui travaille et se serre la ceinture chaque mois n’aura pas les mêmes avantages, loin s’en faut. Alors les mots de Dylan raisonnent encore et encore « Ras-le-bol de ce pays ! ». Celui-ci se plaint encore : « On me menace même de me sucrer le RMI si je ne prouve pas que je cherche du travail ! C’est quoi ce pays !?  »

Cet article n’a évidemment pas la volonté de jeter l’opprobre sur les gens qui bénéficient de la solidarité nationale. Celle-ci est utile, indispensable, capitale même.

La majorité des bénéficiaires sont des gens honnêtes et intègres. Mais, hélas, le comportement des profiteurs du système risque de mettre à mal notre système avec la menace que les gens dans la vraie galère ne puissent plus en bénéficier faute de crédit...

Le président est-il responsable de la misère ? Doit-il accepter, par l’inaction, que le pays parte à la dérive ? La France souffre d’un déficit chronique qu’il faut maîtriser afin de préserver le principe de solidarité française, probablement unique en son genre, afin que chacun puisse être assuré de trouver, lorsque cela est nécessaire, toute l’aide à laquelle chacun doit pouvoir prétendre. Que le président soit de droite ou de gauche, qu’il soit populaire ou non n’a, en fait, que peu d’importance. Ce que l’histoire retient de ses présidents, c’est leur capacité à gérer les situations de crise. Nicolas Sarkozy commence son quinquennat avec un handicap lourd venant perturber de façon grave la politique de rénovation dont il a présenté les contours au long de sa campagne électorale : la France est dans une crise économique américano-européenne grave qu’il serait malhonnête d’attribuer au président de la République. En analysant la situation, on comprend que chacun à son niveau doit faire des efforts. Les années à venir seront certes difficiles, mais l’avenir de tous dépend des résolutions prises aujourd’hui...


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