Elections USA : la DÉMOCRATIE s’exprime enfin !

par hugo BOTOPO
lundi 21 novembre 2016

Un tsunami de ramassis de lieux communs et de condamnations envers le peuple "populiste" qui vote mal, qui refuse la propagande multiforme des différents milieux "élitistes", s'est déversé dans les égouts médiatiques : la DÉMOCRATIE, notre démocratie chère à notre coeur, aurait été violée ou abusée par un pseudo-humain américain et ses sbires et aficionados, dont la longue liste de qualificatifs nauséeux et nauséabonds est laissée à votre imagination.

À une échelle plus réduite le phénomène s'était produit en avril 2002 avec la "qualification" de Le Pen pour le second tour. Les exhortations à extirper de la tête et du coeur de mauvais français les "pensées indignes de la démocratie" ont masqué toute tentative de découverte des causes profondes et latentes qui ont amené une "frange" du peuple français à mal voter. Les causes existent toujours et sont de plus en plus pertinentes : cela pourrait expliquer la montée en puissance du front national, qui n'est combattu que par des anathèmes lancés par les systèmes politico-économico-financiers et médiatique (ce dernier est entre les mains du système dominant !). Il en est de même pour l'accroissement des taux d'abstention, vu que le vote pour départager les fractions ou écuries du système ne changera rien sur les politiques menées : le peuple n'est plus souverain devant des choix imposés !

En revenant aux élections américaines, du président, des membres du congrès, des gouverneurs, des shérifs et de nombreux référendums locaux (au niveau des états, des comtés et des villes) la vie démocratique est pleinement présente  : les questions référendaires portent sur la consommation, l'usage et la culture du cannabis, sur l'euthanasie, sur la peine de mort (abolition, accélération des exécutions, rétablissement) sur des taxes sur les boissons sucrées, sur les dépollutions, sur la politique énergétique sans carbone, sur les transports et diverses questions locales. C'est une vraie vie démocratique et citoyenne que l'on ne retrouve que partiellement en Suisse avec des votations ou référendums d'initiative populaire (pardon citoyenne !). En France, cette vie démocratique n'existe pas et l'on prétend donner des leçons de démocratie !

En ce qui concerne l'élection présidentielle proprement dite, avec une campagne typiquement américaine, pleine de financements par les acteurs économiques et financiers, où le dénigrement par spots publicitaires même et surtout mensongers, va de soi, dans le style de télé réalité trash, alors le champion de ce mode de communication et de propagande, un "Bigard sans l'humour", s'est senti à l'aise et a mis son adversaire sur la défensive, surtout qu'elle était considérée comme menteuse, peu fiable, pas sincère sur ses projets et comme un pion du système disposant de la quasi unanimité des médias. En outre, comme Obama en 2008 ses adeptes ont bien utilisé les réseaux sociaux. Trump mettait en accusation le système des profiteurs économico-financiers, bénéficiaires de la mondialisation, de la désindustrialisation et des licenciements réducteurs de coûts, avec des déficits commerciaux annuels de l'ordre de 500 milliard$ (correspondant à environ 5 millions d'emplois ou de chômeurs). Les industries sinistrées ne sont que très partiellement remplacées : la crise de l'automobile de 2008, consécutive aux subprimes a été résorbée par un gros prêt fédéral (750 Md$, en grande partie remboursés) mais surtout par une forte réduction du personnel en nombre et en salaires individuels. Le moins d'impôts pour les très riches qui accaparent la moitié de la richesse nationale, s'est traduit non pas par moins de dépenses militaires mais par l'abandon de l'entretien des infrastructures publiques (ponts dangereux avec des effondrements en augmentation, routes défoncées, bâtiments publics délabrés...). La crise des subprimes a fait quelques heureux au détriment de millions d'accédants à la propriété, expulsés, ruinés, leur maison saisie revendue à vil prix. Que Trump prône le retour à une Amérique forte de ses travailleurs, de ses fabrications, de ses infrastructures de qualité et fière d'elle-même, quoi de plus normal dans les gènes et le génie du peuple américain. Alors différentes composantes du peuple américain, victimes du système qui les gouverne et les déclasse, ont saisi l'occasion de se manifester par leur vote, espérant contrer la pieuvre du système. Trump aura-t-il la force et les équipes pour imposer une partie de son programme fort disparate ? C'est souhaitable !

Naturellement il y a eu des dérapages verbaux dans la campagne, dépassant les outrances et outrages habituellement usités. Maintenant les boues nauséeuses se déposent et sèchent, laissant la place aux discours et propositions d'un homme investi dans les habits et la fonction d'un Président de toute l'Amérique : seules quelques propositions de la campagne seront pleinement mises en oeuvre, et on ne sait pas lesquelles.

En France, les mondes médiatiques et politiques, s'honorent ou se déshonorent (au choix selon sa conscience ou son absence de conscience) par un violent et humiliant "Trump-bashing", comme ils l'ont fait (et le font encore) pour le "Hollande-bashing" pendant les primaires de 2011 (par certains socialistes) puis pendant la campagne par l'UMP, puis par tous réunis dans leur morgue et leur supériorité narcissique depuis l'élection de 2012 !

 

Les bénéfices pour la démocratie

Que ce soit pour l'élection de Trump et/ou pour le Brexit, des peuples ont démontré qu'ils disposaient encore de pouvoirs obligeant le système à se démettre ou plus probablement à se remettre en cause. Pour l'UE, les admonestations de Trump et la liberté retrouvée après le départ des Anglais adversaires de toute construction européenne autre que purement mercantile, vont enfin obliger à repenser l'UE avec les Citoyens européens responsables de leur avenir : les mouvements populaires type Podémos ou Syrisa, les mouvements populistes souverainistes, séparatistes de droite extrême, ne permettront pas aux seuls Eurocrates du système actuel de forger une nouvelle UE au seul bénéfice du monde néolibéral économico-financier. En France, la constitution ou l'émanation de mouvement citoyen européen se fait attendre : nous ne sommes plus le "phare" de l'EUROPE ! La Démocratie reste donc dans l'attente.


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