En avant, Marche pour l’autisme !
par Julie Dep
vendredi 1er avril 2011
Ce 2 avril parents, professionnels et anonymes soucieux de justice défileront pour les droits des autistes, toujours bafoués sur notre sol malgré la condamnation par l'ONU de la France, les "plans autisme", circulaires, rapports et recommandations des hautes autorités de santé et d'éthique. Pour rappeler que les bonnes intentions n'ont d'intérêt que sanctionnés par des réformes, cette 9e "Marche" de sensibilisation, initiée par l'associaition "Vaincre l'autisme"*, envahira deux heures durant la rue de Rivoli, de l'Hôtel de Ville à l'Assemblée, au rythme de percussions guadeloupéennes propres à la rendre festive.
1 Français sur 1000 condamné au ghetto... à condition d'en trouver
Le nombre d'individus affectés par le syndrome a beau progresser - du fait peut-être, et partiellement, d'un meilleur diagnostic -, sur les 430 000 autistes répertoriés moins de la moitié bénéficient d'une éducation. Des 90 000 enfants, dont on estime que la moitié seraient aptes à suivre un cursus scolaire adapté, seuls 15% y ont droit. 30% traînent en hôpital de jour, hp, ou autre plus ou moins sinistre ghetto, les autres trouvant refuge en Belgique, ou restant dans le giron d'une famille anxieuse à la perspective de manquer un jour à leur bien-aimé pestiféré.
Pourtant la maladie, ou le handicap, ou la maladie handicapante, ou le handicap qui rend malade, s'il se traduit par une indifférence, une difficulté plus ou moins criante à envisager l'autre et ses sensations, ne neutralise pas le reste des fonctions cérébrales, dont certaines peuvent s'en trouver surdéveloppées. (On voit ainsi croître chez certains des facultés qui en font de véritables ordinateurs…). Des méthodes de stimulation empruntées aux pays nordiques portent leurs fruits dans les rares écoles françaises qui les pratiquent, à l'intention de parents avertis, de préférence fortunés, et volontaires pour l'exil campagnard (comme Jean Vautrin, ou l'acteur Francis Perrin).
En finir avec le tout-psy
On sait le dégât causé par les psychiatrie, psychanalyse et autres hypothétiques pansements qui longtemps furent les seuls recours, évidemment impuissants, de parents résolus à tout gober, sauf que l'aveu de leur culpabilité suffira à arranger les affaires de leur rejeton. Sans grain à moudre, quiconque a passé sa vie coupé de toute source d'information, avec pour interlocuteurs - autre absurdité du ghetto - de jeunes mutiques ou déficients devient un adulte amoindri, forcément assisté.
Et sortir de l'anecdotique
La France non-agit comme si nulle alternative aux "prises en charge" médicales ne s'était encore, et depuis longtemps, fait jour ailleurs. Comme si les sourds-muets devaient être privés d'instruction, alors qu'existe le langage des signes. Dans l'intérêt des familles touchées, mais aussi du reste d'une société qui paie pour rien plus cher que les méthodes efficaces (un éducateur spécialisé coûtant infiniment moins que l'hôpital), cette 9e "Marche de l'Espérance" tentera donc de secouer une fois de plus la léthargie, pour ne pas dire l'autisme, des pouvoirs concernés. Avec l'espérance de trouver plus d'écho qu'une minute en fin de journal télévisé.