En route vers la démondialisation

par HKac
mercredi 19 octobre 2005

D’un côté, nous avons une Terre et une biosphère contenant des ressources et de la matière limitées, bornées et finies. D’un autre côté, nous avons une espèce humaine en constante expansion dans une perspective historique. Cette espèce, l’une parmi les autres, prélève et transforme une grande part des ressources disponibles pour maximiser sa « joie de vivre ».

La Terre pourra t-elle supporter une croissance continue, ou bien devra-t-on remettre profondément en cause notre conception du développement humain ?

Si on considère le système de pensée dominant, on s’aperçoit qu’il est régi par une conception assez inquiétante de ce que devrait être le bonheur de l’humanité.

Cette conception socio-économique dit que la valeur du monde est dans la croissance et dans le développement. Ainsi, pour que le type homo sapiens, en tant qu’espèce, maximise son bonheur, il faut produire cette année davantage que l’année dernière. Et cela de façon linéaire. De plus, cette conception économique est de type mécaniste. Elle dit que la matière se transforme et se recycle, et que les processus touchant à sa transformation sont de nature RÉVERSIBLE. C’est ainsi que le monde d’aujourd’hui tourne. On prélève des ressources dans un stock constitué par de longs et complexes processus géologiques (auxquels l’espèce humaine n’a apporté aucune contribution significative), on les transforme et on enfouit dans le sol la résultante inexploitable obtenue en fin de processus (les déchets). Alternativement, ces reliquats peuvent aussi être libérés dans l’atmosphère. Tout cela a été, en parallèle, consommateur d’énergie. Au demeurant, cette énergie, à l’heure actuelle de nos connaissances, a été mise à disposition de l’espèce humaine par des processus non humains, à savoir d’origine exclusivement naturelle.

Cependant, cette conception ignore une certaine loi physique (second principe de la thermodynamique ou loi de l’entropie) qui se traduit en termes économiques de façon suivante (très schématiquement) :
- un processus de transformation de matière n’est pas toujours réversible (des glaçons qui fondent ne peuvent pas se reconstituer d’eux-mêmes, à moins d’apporter de l’énergie, mais finalement il y aura un déficit dans l’opération)


- que dans un processus de transformation économique (produits) il y a, en entrée, de la matière première et une consommation d’énergie et, en sortie, un produit transformé et des déchets.

Dans ce schéma, l’irréversibilité provient du fait que l’énergie utilisée est perdue (il faudra en trouver encore une nouvelle quantité quelque part pour recommencer un processus similaire), et que les déchets ultimes ne sont pas réutilisables.

Imaginez donc, à la lumière de ce constat, quelles seront les conséquences dans quelques dizaines d’années d’une logique de croissance humaine continue, où, pour alimenter le système, on puise dans des ressources géologiques bornées et finies et qui, au bout du compte, génèrent des déchets inutilisables, voire dangereux pour la vie, dont il faut coûte que coûte se débarrasser.

On s’aperçoit que cette logique humaine n’est pas durable. Nous brûlons les dernières cartouches !

La seule issue est de revenir en arrière, de freiner, de ralentir.
Ensuite, il faudrait déterminer quel est le point d’équilibre entre une biosphère aux ressources limitées et une humanité en croissance qui aspire à un maximum de bonheur. Ce point d’équilibre est le point de "soutenabilité" dans lequel la biosphère complète peut fonctionner en vase clos.

Cela passe notamment par une remise en cause de la mondialisation.
A partir de là, un changement de paradigme doit intervenir à l’échelle planètaire : maîtriser l’expansion humaine, gérer autant les ressources que notre propre développement, tout en assurant un bonheur collectif.

Voilà quelle est l’équation en jeu.
Dans le cas contraire, la vie humaine est compromise, ou du moins la quête de bonheur est-elle vouée à l’échec. En fait, la vie risque de devenir de plus en plus inconfortable pour l’espèce humaine.

La seule mondialisation pertinente aujourd’hui est celle de la coopération, du partage, et de l’échange des idées.


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