Et si l’ère de la scupidité touchait à sa fin ?

par hans lefebvre
mardi 30 décembre 2008

Fin 2007, l’affaire Kerviel, ô combien prémonitoire, venait annoncer avec force la crise financière systémique actuelle dont l’apothéose s’est incarnée dans le scandale Madoff, nous faisant toucher du doigt le comble d’une malhonnêteté perverse intrinsèque. La bulle spéculative a bel et bien cédé, ne résistant pas plus aux pressions provoquées par les turpitudes en cascades d’un univers de la finance coupé de toute réalité, qui aura abusé jusqu’à son paroxysme d’un pouvoir démesuré pétri d’une scupidité sans limite, signant peut-être là sa propre fin. En attendant, la récession écrit son nom sur le frontispice de l’année 2009, alors que se dessine peut-être une ère nouvelle.

 

Cinquante milliards de dollars envolés et un suicide plus loin, voilà un épilogue parfaitement congruent à cette année de pertes financières si vertigineuses que les comptes sont encore loin d’être arrêtés, alors que l’année à venir ne suffira certainement pas à dresser un bilan comptable exhaustif de pareille déroute.

Véritable crise de foi du capitalisme financier, outrancier et dominateur, le monde n’est pas prêt d’oublier l’année qui vient de s’éc(r)ouler tant le sol se sera dérobé sous les pieds de ces faiseurs de prospérité artificielle non partagée, véritables apprentis sorciers d’un univers impitoyable où le défaut de morale le dispute sans cesse au cynisme le plus abscons.

Mais voilà, tout cela devait bien prendre fin, rattrapé par ces maudites subprimes semées il y a déjà bien longtemps dans les foyers les plus modestes sous la forme de crédits immobiliers parfaitement insensés. Comble du comble, les riches se sont enrichis sans compter sur le dos des plus pauvres, aveuglés par une stupidité cupide sans fond.

Après plusieurs années passées au soleil des profits rois, dissimulés derrières la complexité de produits financiers sophistiqués, voilà que le bel édifice tangue, vacille et finit par s’effondrer en quelques mois seulement, annonçant avec fracas une récession désormais incontournable.

Le capitalisme financier ne serait-il pas en train d’assassiner le capitalisme tout court, se demandent certains penseurs bien avertis ? Toute cette richesse fictive ne s’évapore-t-elle pas sous l’effet d’une telle surchauffe, disparaissant comme un mirage à l’horizon lorsqu’on s’en approche ?

Tout cela fleure bon la remise en question d’un système qui vient de toucher ses propres limites, nul besoin d’être devin pour lire dans les entrailles de la bête.

Aussi, la réflexion devra être poussée bien au-delà de la simple mise en place de mécanismes de contrôles et de régulations plus ambitieux, les contrôlés appartenant souvent au même ensemble que les contrôleurs, et c’est ici un biais fondamental qu’il faudra à l’avenir ne plus répéter.

Certains de s’exclamer à la moralisation de la machine, mais le capitalisme est-il réellement soluble dans une pensée vertueuse, ou bien l’exigence est-elle ailleurs, par delà de simples perspectives à court terme car le naturel chassé, il reviendra au grand galop.

Alors que la globalité s’impose désormais à la totalité humaine, l’avenir n’est-il pas en train de se dessiner malgré nous, traçant les contours d’un futur résolument autre, absolument différent, parfaitement innovant ?

Quoiqu’il advienne, et même s’il est encore difficile de l’imaginer tant notre monde peut nous apparaître figé dans les archaïsmes fondateurs de l’espèce, force est de se projeter dans un futur qui ne sera en rien comparable au passé. De plus, la mutation va son train, dans une mécanique d’évolution dont la vitesse est comparable à celle qui anime la fuite des galaxies, de plus en plus élevée.

Bientôt, les terres infertiles de la finance, du profit pour le profit, ne seront plus, et comment ne pas sentir poindre les préoccupations de l’humanité de demain, bien loin de la mécanique mercantile à fabriquer du futile pour remplir ce vide existentiel qui nous habite encore.

Le culte du veau d’or, éternelle rengaine humaine, touche à sa fin, l’ère de la globalité sonnant le glas d’une histoire qui passe à trépas, où le siècle écoulé aura signé le début de la fin de cette ultime Babylone.

Les éternels pessimistes jureront bien le contraire, avec raison il faut savoir les entendre, alors que les sempiternels optimistes continueront à croire aux lendemains qui chantent affirmant haut et fort que nous sommes encore là pour le voir, jusqu’à preuve du contraire. Puis au beau milieu, il y a l’immense majorité des humains qui se débat dans le quotidien envahissant d’un ventre qui sonne creux et qu’il faut remplir car c’est le prix de la survie dans le pli des lendemains incertains.

C’est ce gouffre qu’il nous faut désormais combler, entre ceux qui accaparent sans fin, hors toute raison, et ceux qui accumulent les souffrances indignes, bien loin de ce que nous imaginons. Il est là le chantier d’aujourd’hui et de demain, le seul qui vaille à l’aube de cette humanité globalisée.

Les jalons existent déjà, depuis les temps reculés, nombre d’êtres besogneux travaillent à cela, semant les graines d’une philosophie qu’il faudra bien un jour se décider à partager, celle de la vie à tout prix.

Les solutions sont là, elles ne demandent qu’à être généralisées, puisque même la finance peut et sait être solidaire, responsable, partageant les gains avec le plus grand nombre dans le soucis d’un développement durable ; cela sans même évoquer cette croissance verte promise, solution si ce n’est miraculeuse, à tout le moins unique réservoir d’espoir pour le modèle à venir.

Immanquablement c’est vers toutes ces alternatives que nous allons tendre, l’essentiel étant de durer ici-bas et de perpétuer notre espèce qui doit absolument intégrer que le profit ne vaut que lorsqu’il est partagé par le plus grand nombre.


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