Fanny Truchelut, condamnée en appel pour discrimination religieuse

par Blaise
mardi 14 octobre 2008

Yvette Truchelut, dite Fanny, ancienne propriétaire d’un gîte à Julienrupt, dans les Vosges, vient d’être condamnée pour discrimination religieuse, après avoir fait appel, à verser 2 000 euros de dommage et intérêt à Horia Demiati et à trois autres membres de sa famille, ainsi qu’à une peine de deux mois de prison avec sursis, ce qui a provoqué sur certains sites une réaction outragée.
 
Rappelons les faits : Horia Damiati réserve une chambre de gîte chez Mme Truchelut par internet. Il n’est pas farfelu de supposer qu’elle a donné son nom, nom à consonance maghrébine, ce qui ne semble pas avoir posé de problème.

Mais lorsqu’elle se rend au gîte, Mme Truchelut soumet à condition l’accès aux parties communes de son gîte à cette famille musulmane (Horia Damiati et sa mère ainsi que cinq autres personnes), demandant aux deux femmes voilées de s’y rendre tête nue, ce que nie l’accusation en la personne d’Horia Damiati, la plaignante, qui déclare que l’accès lui a tout simplement été refusé dans l’ensemble du bâtiment, malgré une réservation à l’avance.
Elle récupère ses arrhes.

Rapidement Horia Damiati entame des démarches judiciaires.

 
Du côté de Mme Truchelut, ce fut d’abord l’avocat de Philippe de Villiers qui prit sa défense, à titre gracieux, avant qu’un autre avocat ne le remplace. Sa présence donnait un tournant politique à l’affaire, tournant qui ne servait pas forcément la cause de Fanny Truchelut.

De l’autre côté, Horia Damiati a tout simplement été épaulée par les avocats des associations anti-racistes classiques, le MRAP, la Ligue des droits de l’homme et la LICRA...
 
Pour la justice, il s’agissait de déterminer s’il y avait eu ou non refus de service pour discrimination, et la peine pouvait s’aggraver pour racisme. Mme Truchelut avait précisé sa pensée concernant le voile, qu’elle voyait comme un signe d’oppression des femmes, précisant avoir été elle-même battue dans son enfance.

En outre, elle avait insisté sur le caractère laïc de ses parties communes.
 
"C’est le fruit d’un long cheminement spirituel" avait déclaré Horia Damiati, sans en dire plus, si ce n’est : "Le voile, je le mets où je veux". Les avocats de l’accusation n’ont eu de cesse de taxer de racisme Yvette Truchelut, qui en fut fort affectée.
On la soupçonna même d’être juive pendant l’audience, pour expliquer ce refus du voile et sous-entendre une certaine haine anti-islam, non pas une haine raisonnée, mais une manière de haine "communautariste" et héréditaire, peut-être exacerbée par les conflits du Proche-Orient, peut-on supposer.
 
Mme Truchelut se déclare pourtant athée et se veut tout simplement "laïque". Sa famille serait originairement catholique. Dans l’affaire, elle a dû se séparer de son gîte, pour couvrir le procès d’une part et d’autre part parce qu’elle était tout à fait affectée de cette mauvaise aventure.
 Aujourd’hui elle se retrouve endettée, d’autant qu’il faudra verser à Horia Damiati ainsi qu’aux membres de sa famille ayant participé au procès, la somme de 2 000 euros, toute personne comprise. Ce n’est qu’au dernier moment que la mère de la plaignante a décidé de se joindre à sa fille.

Les mauvaises langues diront que cela agrandissait le gâteau d’une part supplémentaire...
 
L’avocat général a tout simplement déclaré ne pas vouloir faire de "martyres" d’un côté ou de l’autre en ne réclamant pas d’amende, ce qui démontre bien qu’au-delà de l’affaire des parties se reconnaissaient, pro-voile et anti-voile, favorables ou défavorables à un islam "public", laïcs ou islamophiles, mais aussi d’autres idéologies plus radicales.
 
Mme Truchelut est une femme d’une cinquantaine d’année, elle est entière et semble être animée par des principes qui pourraient être qualifiés de "tranchés". Il ne semble pas avoir été considéré, au cours du procès, qu’elle tâchait peut-être aussi de préserver une convivialité propre à son établissement et conforme à ses convictions laïques.

Conviction contre conviction, celles de Mme Truchelut ne valaient pas bien lourd face à celle d’une "minorité visible" soutenue par la loi, par les subventions de l’Etat, par des associations dont le seul but est de chercher la discrimination, le racisme ou encore le sexisme, subventionnées pour combattre ces fameuses discriminations, discriminations qui justifient leur existence et leurs revenus...

La situation est peut-être plus tragique encore que cela veut bien être dit. A trop jouer l’islam contre le christianisme, à trop vouloir mettre en avant un racisme réel, mais parfois aussi fictif, à trop vouloir classifier les personnes selon leurs origines, à vouloir nier toute racine culturelle au pays, nous nous trouvons dans une situation où les "communautés", selon l’usage nouveau qui est fait de ce mot, se séparent et s’affrontent pour revendiquer leur propre vision des choses, dans des espaces qui se veulent communs.

Les différentes lois qui ont été votées contre les "discriminations", mot nouveau également et porteur de toute une idéologie, idéologie qui s’applique plus particulièrement sur les territoires occidentaux, n’arrangent pas non plus les choses.
Si l’intention est bonne, la pratique crée des différences juridiques entre les personnes.
Ici c’est Fanny Truchelut qui en est victime, traitée comme un voyou, un vulgaire délinquant, une moins que rien, taxée de racisme, pour ses convictions affichées.
Il n’a pas été établi que Mme Truchelut soit raciste...

Le lecteur qui s’attardera à visiter le site "Riposte laïque" comprendra combien la situation de Fanny Truchelut a été compliquée, combien elle semble avoir été prise au piège.
Sans aller jusqu’à la défendre, l’on pourra noter que le voile est décrié par des personnalités musulmanes ou anciennement musulmanes (ainsi de Souad Sbaï, en Italie) et qu’il n’est pas donné pour absolument nécessaire dans la pratique de cette foi.

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