Ferry, Haby, réveillez-vous, ils ne sont pas dignes de la République !

par Jean-François Dedieu
vendredi 14 juin 2013

Nous en appelons à Jules Ferry, non pas Ferry-la-Famine, du surnom qu’il mérita pour avoir si mal ravitaillé Paris lors de l’occupation prussienne (guerre de 1870 perdue par la France), pas plus que Ferry promoteur du colonialisme, plutôt celui qui laissa son nom à la gratuité, à la laïcité de l’école publique, à l’admission des jeunes filles dans le secondaire, à l’obligation de l’enseignement primaire.

Nous invoquons aussi René Haby (1919-2003, ministre de l’Éducation de 1974 à 1978) qui, par sa réforme, initia le « Collège pour tous ». Et plutôt que de rappeler le « collège unique » si décrié par les opposants d’aujourd’hui, nous voulons retenir qu’il s’agissait d’assurer un minimum aux élèves qui quittent le système à court terme sans pour autant léser les autres et qu’en 1977, l’effectif des classes était limité à 24 élèves ! Une politique de gauche menée par un ministre de droite !

René Haby

Les faits, en l’occurrence, sont d’autant plus révoltants qu’ils se passent à Mayotte où l’inégalité républicaine semble entretenue par des tergiversations dilatoires. Le vice-recteur vient d’enjoindre la commune de Koungou de ne laisser passer que 82 % des élèves du CM2 au collège ! Il y a quelques mois, ce "responsable" parlait de dégraisser le primaire d’une soixantaine de classes ! L’an passé, son prédécesseur, François-Marie Perrin, celui qui restera célèbre pour ses considérations sur le vagin des Mahoraises ainsi que pour son racisme à l’encontre de l’accent local (à l’égal de L.F. Céline et de J. Derrida, plus proche de nous !), avait aussi voulu brider l’entrée en sixième à Tsingoni avant de faire marche arrière suite au tollé provoqué. Ces agissements doivent être portés à la connaissance de tous : la démocratie française ne saurait être à dimensions variables. Si ces hauts fonctionnaires portent seulement le chapeau pour des décisions prises à Paris, Paris qui persiste, en contradiction totale avec les principes de la République, à sacrifier ses enfants, en raison des restrictions dues à une austérité que les dirigeants socialistes n’ont même pas le courage d’admettre. Il ne s’agit pas d’être contre les économies budgétaires mais, concernant les générations montantes, c’est un devoir de les rejeter. L’annonce des 60000 enseignants supplémentaires va dans ce sens sauf qu’ici, les actes trahissent les intentions affichées.

Ici ce sont des postes par centaines qui ne seront pas pourvus ! Et le vice-recteur répond qu’il dispose de contractuels ! Le privé n’est pas seul à promouvoir l’emploi éphémère ! Ici, une situation particulière, plus difficile sinon pire qu’ailleurs autorise, de la part des pouvoirs publics, une surenchère toujours plus arrogante et indécente. Il ne fait aucun doute que les infrastructures scolaires ne suffisent pas et que le problème est exponentiel avec la prise en compte de 40 % d’enfants étrangers dans les classes. Est-ce raciste de relever que l’accueil de tous les enfants sans discrimination cause un sureffectif, un surcoût au contribuable et que la progression des nationaux s’en trouve entravée ? Est-ce illégitime d’exiger des actes forts et des moyens contre l’émigration clandestine ?

Ici, la nomination des hauts fonctionnaires se traduit par une mise à l’épreuve avant de rebondir dans d’autres territoires ou d’être promu en métropole pour service rendu ! (Je pense à un prédécesseur, qui n’est actuellement que directeur de services académiques et qui plaisantait, à la télé, de jouer, avec son beau-frère, à celui qui collectionnerait le plus d’îles dans son cv... encore un écumeur des mers du sud !) 

 Ils n’en ont rien à faire des locaux, ces Français à part, et ils détiennent encore un pouvoir absolu, rappelant le temps des colonies, pour châtier ceux qui, dans un esprit républicain, voudraient faire avancer les choses. Ici, si le renouvellement est refusé à un syndicaliste, un fonctionnaire expulsé pour attentat à la pudeur peut être nommé à nouveau, quelques années après ! Ici, si des profs ont été condamnés, d’autres profiteraient encore de la précarité des élèves étrangers ! Sans parler d’un point de vue pénal, l’honnêteté citoyenne serait répréhensible et non les attitudes déviantes ! A l’incompréhension s’ajoute donc l’amertume suscitée par la posture aussi cynique qu’inacceptable de l’Education Nationale, donc de l’État ! Seulement du mépris, pour rester bref !

L’intérêt des enfants semble bien oublié or la mise en œuvre de moyens dans l’éducation relève d’un devoir : ce contrôle des dépenses devrait être précédé par le refus des gaspillages et de la gabegie généralisée. Auprès des citoyens, seule une gouvernance saine, rigoureuse et sincère est en mesure de faire accepter un gel provisoire des droits acquis alors qu’un prétendu gouvernement socialiste pousse plutôt au renoncement et à la régression démocratique tout en ne réagissant que mollement à la crise morale qui enfle toujours plus. La question est d’autant plus grave qu’elle rejoint le refus actuel par la société civile de l’immobilisme institutionnel, le retour à une éthique républicaine bafouée par nos élus et les hauts fonctionnaires, véritables États dans l’État. Sont-ils ces grands ou petits serviteurs de la République ? Servent-ils indirectement des intérêts privés ? Se servent-ils seulement dans la caisse comme un nommé Guéant le fit ?

Tous ces dysfonctionnements, ces dévoiements sapent la Constitution de la Nation et ne peuvent mener qu’à une catastrophe !


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