Gavée d’avocat, la GAV ?

par La râleuse
lundi 18 avril 2011

Ah, il est loin le temps où la police pouvait conduire jusqu’à un tribunal, qui les punissait comme ils le méritaient, des auteurs de ‘razzia sur la schnouf’ !

Avant 1958, la GAV (garde à vue) n’est soumise à aucune loi. Sa durée est fonction des estimations des enquêteurs pour obtenir les aveux des présumés auteurs de délits. Quant aux moyens utilisés pour obtenir ces aveux, ils sont également à la discrétion des enquêteurs (lesquels d’ailleurs restent très discrets sur les méthodes employées).
Après 1958, le CPP ou Code de Procédure Pénale décrète que le délai maximum de GAV sera fixé à 48 heures. Délai qui pourra être prolongé jusqu’à 96 heures s’agissant d’un certain nombre d’infractions (meurtres commis en bande organisée, trafic de stupéfiants, enlèvement et séquestration en bande organisée, proxénitisme,…) et même jusqu’à 6 jours en cas de soupçon d’actes de terrorisme.
Ainsi, la loi du 04 janvier 1993 modifiée par la loi du 24.08.1993 accorde aux personnes gardées à vue le droit

Et c’est ainsi que piano piano, nous arrivons au 14 avril 2011 avec le vote d'une loi n° 2011-392 qui sera mise en application pratiquement illico. Normal, sous le régime Speedy Sarkozy, tout est pressé : on délibère, on vote, on applique. Pour les bugs on verra après.



Et que dit elle, cette loi ? Grosso modo ceci :


On ne peut que féliciter les membres du gouvernement pour cette heureuse initiative.
Depuis le temps qu’il leur était reproché de ne pas s’attaquer aux réels problèmes qui gangrènent notre société. Existe t-il meilleur manière de lutter contre le surpeuplement des prisons, de meilleure solution pour éviter les suicides des taulards, que de donner aux présumés auteurs de délits le maximum de moyens pour leur éviter d’être incarcérés ?
Qui plus est, moi, si j’étais juge, cette loi me comblerait de bonheur. Il existe en effet moins de probabilité pour les juges de se voir blâmer pour la libération trop hâtive d’un violeur d’enfants qui récidive si ce violeur d’enfants a échappé à tout emprisonnement grâce à un avocat retors qui aura démontré un vice de forme dans sa procédure d’arrestation.
Bon, je suis d’accord que des policiers risquent d’être tués lors d’intervention dans des cités dites sensibles par des délinquants relâchés à la fin de leur garde à vue grâce aux talents de leur avocat mais, si je ne me trompe, ça s’appelle des dommages collatéraux. Or chacun sait que l’adjectif collatéral signifie « qui ne peut être évité ». Et puis, qui ne sera pas d’accord avec le fait que suivre l’enterrement d’un policier est une manifestation bien plus paisible que réprimer les manifestations de loubards qui mettent des banlieues à feu et à sang pour protester contre l’arrestation et l’emprisonnement de l’un de leurs acolytes.

Par ailleurs, pour ce qui concerne la loi sur la GAV votée le 14 avril, je prétends que les législateurs se sont montrés quelque peu timorés et qu’ils pouvaient faire bien mieux que ça.
Il me semble qu’ils n’ont pas bien pris la mesure qu’il s’agissait de défendre des (peut-être innocentes) victimes contre la féroce répression policière. Parce que, franchement, cette nouvelle loi du 14 avril 2011 ne change rien au fait qu’on place des gens en garde à vue ce qui est indigne d’une société civilisée qui respecte la liberté de l’individu.
Donc, je préconise une loi


Quoi, les victimes ? Mais on n’est pas là pour parler des victimes, on parle de la garde à vue. Et la garde à vue, c’est l’enfer de l’enfer-mement pour des innocents. Parce que, soyez en certains, ils clament tous leur innocence les gardés à vue.
Or, l’innocence, elle existe. La preuve, la peine de mort a été abolie pour ne pas risquer d’exécuter un innocent égaré parmi des centaines de coupables.
Et, puis, il ne faut pas oublier, si ça vous arrivait, hein ? Parce que, comme dit l’adage (à moins que ce ne soit la Française des Jeux ?) : « Ça n’arrive pas qu’aux autres. »


Lire l'article complet, et les commentaires