Grève autrement

par L’enfoiré
jeudi 23 août 2007

Il y a eu le socialisme et le communisme qui se sont mis dans la bataille contre le capitalisme. Même aujourd’hui pour David, les armes pour contrer Goliath ne sont pas ajustées. David reçoit des coups par la bande larvée.

Dernièrement, la compagnie aérienne irlandaise à bas coûts, Ryanair se plaignait d’avoir subi une grève sauvage dans laquelle ils n’étaient pas en cause. Le patron Michael O’Learly n’a pas digéré et l’a fait savoir à la région wallonne ce 21 août. Pour la bonne forme, il réclamait un million d’euros de dédommagements aux responsables de l’aéroport pour avoir été cloué sur le tarmac de Charleroi pendant le week-end du 15 au 17 juin dernier. 22 500 passagers avaient alors été pris en otages de cette "grève sauvage".

Un protocole d’accord pour sécuriser la gestion de la sécurité des aéroports avait été signé avec les syndicats.

L’accord était clair : un revenu pour les travailleurs et possibilité, s’ils le désirent, de retourner travailler pour l’administration. En attendant, Ryanair a décidé de suspendre ses réservations à Charleroi à partir du 12 novembre. Bluff ? Peut-être. Date du hasard ? Non, certainement. Pas de mal pour la période d’été, on assure et on a le temps pour trouver des solutions. Ryanair se dit prêt à assurer ses vols avec "l’assurance qu’une éventuelle grève ne pourra plus bloquer cet aéroport international". Un "signal fort" est demandé pour mettre la pression au besoin par un coup de force.

L’argent ne semble pas être la seule revendication. Ryanair espérerait que l’esprit de la grève, lui-même, change. En fait la grève ne serait plus permise dans certains cas. Et si la recherche d’une volonté était plus profonde et n’était pas recherchée ? Est-ce briser le pouvoir de grève.

Le ministre des Télécommunications, André Antoine, persiste et signe : le droit de grève doit être maintenu.

De quoi débattre à nouveau sur le service minimal ? En juillet, déjà, la question s’était posée dans le sens de revoir la notion d’"emploi convenable". Cette notion permettrait un service minimum dans les ports et les aéroports. L’Echo en parlait dans un article qui avait pour chapeau : "Cette mesure devait faciliter la mobilité régionale des travailleurs", cela en marge du rapport de Didier Reynders dans son rapport au roi. Il était question d’une discussion entre les acteurs riverains de l’aéroport et du patron de Belgocontrol. La logistique est bien entendu importante pour un pays. Veiller à l’accessibilité en toutes circonstances des aéroports. « Bloquer » est le mot qui énerve. Une zone neutre comme un Parlement est même envisagée. Annoncer 48 heures avant une grève, un mot d’ordre de grève, préconisé par Nicolas Sarkosy qui a aussi dû plancher sur le problème. Ce qui, il faut bien l’avouer perd un peu de son « sel ».

La question à se poser est simple comme toujours : "jusqu’où aller trop loin en croyant gagner la proie pour l’ombre ?"

Où est la limite ? Si la force du travail avec les syndicats lâchent du lest et qu’on interdise la grève dans certains cas, soit par une formule de service minimum, soit en refusant ce droit parce qu’on ne peut plus assumer un service parce que les effectifs trop réduits ne le permettent pas, que se passera-t-il ?

Comment contrer un patron qui dirait que son staff en entier est absolument nécessaire en toute occasion et qu’ainsi, une grève serait complètement mal venue et préjudiciable pour l’économie du pays ?

Quelles seraient les professions qui pourraient user encore du droit de grève sans risquer un retour de flamme devant un juge ?

Tous conflits futurs proposés à la justice se référeront d’une manière ou d’une autre au poids de la jurisprudence.

A des arguments aussi convaincants que répondre ? La population et les consommateurs des services sont eux-mêmes souvent lésés et considèrent que quand cela va trop loin, cela commence à bien faire.

J’avais écrit dans le passé un article intitulé Grèver la grève pour un conflit ancien qui avait généré des piquets de grève, des manifestations musclées très durs en Belgique.

Alors, que dire pour avancer le schmilblick ?

Comment exprimer son ral-le-bol devant une situation inextricable sans rendre difficile ou inextricable la situation des "voyageurs du même temps mais sur des voies différentes".

La grève est affaire de combat dès le début et sans elle, y aurait-il une véritable classe moyenne qui serait née chez nous pendant le XXe siècle ? La Chine n’est qu’un des exemples connus de cette absence.

La grève ne pourrait-elle trouver une autre forme par les résolutions des problèmes et les conflits de pouvoir ?

La solidarité dans la compréhension des buts à atteindre par exemple ? Etre dans le même bateau ne veut pas dire couler ensemble.

A la suite d’une augmentation des prix à cause de l’euro, l’Italie avait boycotté les commerces pendant une journée de grève de... la consommation.

Dans un monde démocratique, qu’espérer de mieux qu’une franche explication sans effusion de sang ni grosses colères, mais avec efficacité sur le domaine sensible de l’économie et de l’argent, nerf de toutes les guerres ?

Internet est l’outil qui est sous la main de chacun et à portée de clic. Il ne sert pas qu’à vendre. Et, en plus, il dépasse allègrement toutes les frontières. Mais seule la solidarité restera efficace.

Autant s’en souvenir.


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