Guadeloupe : L’indépendance et vite !

par Stephane Guezenec
mardi 10 mars 2009

En Guadeloupe, ce n’est pas la misère qui est scandaleuse, mais la richesse dans un territoire subventionné à 93%.

Il existe sans doute aux Antilles des situations de monopoles insulaires qui permettent à certains de s’enrichir de façon plus ou moins scandaleuses, comme en Corse (où le litre de Super est un produit de luxe) ou à l’Ile d’Yeu. Que la puissance publique oeuvre pour y mettre fin n’aurait rien de choquant. En revanche, justifier le (très) mauvais accueil fait aux touristes en Guadeloupe ou en Martinique par une aversion au "service" issue du passé esclavagiste est risible. A St Domingue, les descendants d’esclaves accueillent plus que cordialement les touristes et les servent sans avoir l’impression de retomber dans la servitude. Mais il est vrai que eux n’ont pas le choix, ou plutôt ils l’ont, puisqu’ils savent que sans cela leur destin sera celui de l’autre moitié de leur île : Haïti, premier pays libéré de la servitude et actuellement l’un des plus pauvres du monde, mais qui semble avoir exporté l’un de ses savoir-faire, les Tontons Makoutes. A St Domingue, impossible de tendre la sébile vers un "Etat colonisateur", il faut se démerder seul pour sortir de la misère - et à force de travail, ils y arrivent, preuve que les Caraïbes ne sont pas une zone de sous-développement par nature.


Ceci n’intéresse toutefois pas les Guadeloupéens qui - lucides - veulent "développer un tourisme de luxe et pas concurrencer St Domingue" dixit le LKP. Tu penses, cracher sur les touristes en short pour attirer ceux qui viennent en smoking, belle stratégie marketing ! En attendant que la haute-bourgeoisie américaine aille s’encanailler sur les barrages du LKP, il faut que "l’Etat colonisateur" casque, lui qui ne dépensera jamais assez pour effacer sans succès sa "dette morale", mais qui pourtant dépense déjà trop en métropole et se ruine dans les DOM, cette caricature des Danaïdes. Une population de fonctionnaires (37% de la population "active", un record) et de érémistes, suréquipés en véhicules flambant neufs, n’a que faire des comparaisons avec ses voisins directs ou des statistiques. La Guadeloupe refuserait par ailleurs- pas folle ! - toute idée d’indépendance et n’a qu’une idée en tête, nous faire payer toujours plus, sans discuter, sans contrôler. Et comme l’argument racio-colonialo-esclavagiste emporte tout sur son passage, y compris la pudeur et le bon sens, on est prié de ne pas leur hurler la seule chose raisonnable : casse-toi pauvre con ! Autrement dit : IN-DE-PEN-DAN-CE.

Le scandale de la Guadeloupe, ce n’est pas la pauvreté - personne n’y meurt de faim - mais la richesse. Il est en effet assez aberrant que des riches y prospèrent à l’abri de monopoles quand on sait que les Guadeloupéens produisent environ 7% du PIB qu’ils consomment. Autrement exprimé, voilà un territoire subventionné à 93% par le biais du traitement des fonctionnaires du RMI, et des différentes allocations, subventions, exonérations fiscales consenties par la métropole "coloniale". Faire comprendre aux riches guadeloupéens en situation de rente (foncière ou monopolistique) qu’ils ne font que détourner à leur profit une partie des 93% de subvention ne semblerait pas odieux. Mais augmenter les salaires par la force ne résoudra rien, les prix suivront. Après l’indépendance, qu’ils en discutent entre eux pour savoir comment se partager les 7% qui resteront...

En attendant, tous les jobards qui prétendent que le mouvement Guadeloupéen doit servir d’exemple à la métropole doivent préalablement se demander quel généreux mécène apportera prochainement à la France 93% de ses ressources : Cuba ? La Corée du Nord ? Hugo Chavez ? Parce qu’au final, il faut quand même bien quelqu’un qui travaille et qui paie. Mais il y en a pour qui le travail rappelle trop le souvenir douloureux de l’esclavage, et il faut les en exempter. En métropole, j’en appelle solennellement à tous les descendants des serfs à qui le travail évoque le servage, mais qui souhaitent un revenu décent pour s’abonner à Canal Plus et rouler en Laguna afin de profiter de leur temps libre. Une petite manif de la République à Nation ?


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