Indécision

par C’est Nabum
jeudi 13 avril 2017

Le prix de la médiocrité.

L’échéance approche et nul ne sait vraiment vers où penchera son vote, si vote il y a ; à l’exception, c’est évident, des encartés, des supporters ou bien des irréductibles d’un camp ou d’un autre. Et le plus étonnant c’est qu’on nous fait reproche d’hésiter, de nous interroger sur l’opportunité de cautionner cette farce en y apportant notre bulletin !

Le corps électoral serait fluctuant, versatile, indécis, démotivé et encore accablé de tant d’autres défauts qui attestent, dans l’esprit des commentateurs forcément éclairés, de l’immaturité politique de la majorité silencieuse. Il est facile de nous montrer du doigt, de dire pis que pendre des spectateurs incertains d’une campagne électorale d’une si désastreuse tenue, sans pointer du doigt l’incommensurable responsabilité des acteurs eux-mêmes.

Ce serait donc notre faute si les sondages ne sondent que les convaincus. C’est d’ailleurs, à bien y réfléchir, la fonction première des sondages : une sorte d’investigation intime qui rentre dans les annales de la profession. Nous pourrions également nous opposer à cette introspection indécente alors que le vote demeure encore secret et que, pour beaucoup de citoyens plus matures que les analystes veulent bien le dire, il n’a pas à se fonder sur des pratiques de type publicitaire.

En fait, l’opinion est dégoûtée et aimerait ne pas avoir à se mêler de ce dérisoire combat de coqs ou bien de pintades énervées. Chacun sait que tout cela est parfaitement fictif et qu’il eût été plus simple de tirer aux dés le vainqueur de la farce. Nous savons que les grandes décisions se prennent ailleurs, que le vainqueur aura une misérable marge de manœuvre et que bien des promesses demeureront lettre morte.

L’opinion a bon dos. C’est bien le personnel politique qui est discrédité par les affaires, les combines, les trahisons et les mensonges, les soupçons d’enrichissement personnel et les trains de vie scandaleux. C’est encore la classe politique qui a cessé depuis longtemps d’être exemplaire et crédible. C’est toujours la caste des décideurs qui s’accorde des droits exorbitants en matière de rémunération, de retraite et d’immunité. Ce sont toujours eux qui vivent sur un pied qui n’a rien à voir avec le pouvoir d'achat moyen des citoyens.

La représentation nationale ne représente plus personne et il faudrait que le bon peuple continue de soutenir un camp ou un autre avec conviction et enthousiasme ? Notre colère est encore très circonscrite. Elle réside dans le refus de tendre la main pour prendre un tract, dans l’envie de repousser ces militants- qui, pour nous désormais, sont les commis voyageurs de vulgaires canailles-, dans la volonté de cesser de respecter ces élus qui profitent de leurs fonctions pour nous vendre des gredins, qui plus est, en s’en faisant de vils complices, comme c’est le cas particulièrement dans ma cité.

Qu’ils aillent tous au diable ! C’est bien là la seule opinion majoritaire dans le pays. La tarte à la crème, la claque ou la farine nous démangent à tous ; à moins que ce ne soit le bout de nos chaussures qui espèrent un séant méprisable. La parodie n’a que trop duré. Nous sommes humiliés par les révélations, les affaires et leurs comportements. Nous sommes désabusés et sans espoir. Nous sommes las de cette République des magouilles, d’un pouvoir monarchique et des barons déplorables qui se pavanent dans leurs fiefs.

Alors, le jour du scrutin, nombreux seront ceux qui ne se déplaceront pas afin d’éviter la nausée. Plus nombreux encore seront ceux qui déposeront un nom sans conviction ni confiance, tout simplement parce que le sens civique est bien plus fort dans la population que chez ces canailles encravatées. Les votes seront dispersés, le bulletins blancs nombreux ; les grands candidats récolteront des pourcentages historiquement dérisoires.

Pourtant le vainqueur oubliera tout ça, continuera à jouer le monarque, à favoriser une caste plutôt qu’une autre, à se servir et à vivre sur un train qui n’a aucune justification dans un régime démocratique. Et vous voudriez que l’on se sente concerné ? Vous avez parfaitement le droit de nous mépriser ; c’est d’ailleurs ce qui vous a poussés à faire profession de ce métier si peu respectable mais de grâce : ne nous prenez plus pour des cons. Nous savons désormais ce que vous valez réellement ; et je peux vous assurez que vous n’êtes rien qui vaille !

Franchement vôtre.


Lire l'article complet, et les commentaires