L’abstention, une responsabilité commune

par Robinews
mercredi 24 mars 2010

Triste épisode démocratique que ces dernières élections régionales. S’il ne fallait retenir qu’un seul enseignement, qu’un seul chiffre, ce serait celui-là : le taux d’abstention atteignant 53,6 % au soir du premier tour. A qui la faute ?

Au-delà du bon score de la gauche « solidaire », de la déroute de l’UMP, et du renouveau du Front National, le principal gagnant de cette élection est, sombre ironie, l’abstentionniste. Mais qui est ce parti abstentionniste, aujourd’hui majoritaire en France ? Pourquoi ce « gap » entre les politiques et les français, d’autant plus marqué qu’il s’ancre durablement dans le paysage hexagonal ?

LA CLASSE POLITIQUE DÉSAVOUÉE ... A RAISON.

Les premières responsabilités sont évidemment politiques. Si les français décident de ne plus se rendre aux urnes, c’est que la confiance est rompue. Entre des promesses jamais ou partiellement tenues, une vision purement court-termiste de la politique, où la communication et la forme priment sur le fond, le désaveu est cinglant. Un certain rejet du sarkozysme par l’électorat de droite mais surtout le sentiment d’inutilité (« ça ne va rien changer », « ça sert à rien » …) complètent ce sinistre tableau.

Alors les partis politiques tous coupables ? Responsables à part entière de cette crise démocratique ? Pas si sûr...

DES ABSTENTIONNISTES COUPABLES.

En effet, une partie des abstentionnistes ont leur part de responsabilité. Leur principal tort est leur désintérêt porté à cette élection, et plus largement à la politique. C’est un comble, puisqu’il s’agit de savoir qui et comment l’argent public est investi. L’argument « tous pourris » n’a de crédibilité que si les programmes politiques sont lus, au moins en partie. Sinon, il devient, ni plus ni moins, un camouflet pour déresponsabiliser les non-votants.

La situation est encore plus inquiétante concernant les jeunes citoyens. Car seulement 28% des 18-24 ans prévoyaient de participer au scrutin (sondage Ifop réalisé les 4 et 5 mars). Lorsqu’on sait (mais le savent-ils ?) que la Région a en charge la gestion des lycées, des transports en commun, et partiellement de l’emploi, autant de thèmes qui les touchent directement, il y a lieu de s’alarmer. Lorsqu’on sait que, dans certains pays, le droit de vote n’est qu’illusion, un effort pour comprendre la politique et ses enjeux servirait le débat démocratique. Dans le même temps, un effort des politiques pour enfin sortir les jeunes du marasme précaire dans lequel ils se trouvent serait un signal fort.

A QUAND UN RÉEL VOTE BLANC ?

Ainsi, il semble que les responsabilités soient multiples. Ceux n’ayant pas pleinement pris conscience du privilège que représente le droit de vote, ceux qui n’ont pas pris la peine de se renseigner sur la nature du débat sont autant responsables que les politiques qu’ils fustigent.

A l’inverse, les abstentionnistes ayant pris connaissance des projets des différents partis, et qui pourtant ne se sont reconnus dans aucun d’entre-eux n’ont pas à rougir. Et pour cause : le système démocratique français les exclut automatiquement, en ne comptabilisant pas le vote blanc parmi les votes exprimés. C’est pourquoi la pleine reconnaissance du vote blanc est indispensable. Les politiques comme les non-votants n’auraient alors plus d’excuses.


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