L’année de tous les déserts

par Michel Monette
mercredi 25 janvier 2006

L’ONU a proclamé 2006 « Année internationale des déserts et de la désertification ». L’objectif est d’attirer l’attention sur le lien entre pauvreté et désertification. La progression annuelle de la dégradation des terres a de quoi sérieusement inquiéter. Plus du tiers de la planète est menacé, et plus d’un quart de milliard d’êtres humains souffre de ce véritable fléau.

Les chiffres sont impressionnants : 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année. Non, vous n’avez pas berlue : 24 milliards.

L’ONU estime que la désertification affecte 40% des terres, certaines de celles-ci étant situées en Europe. Un milliard de personnes, vivant surtout dans les pays pauvres, sont plus ou moins touchées par ses effets.

Ce qu’il y a de terrible avec la désertification, c’est qu’elle est à la fois la cause et la conséquence de la pauvreté. Comme un chat qui court après sa queue, en somme.

Comment est-ce possible ?

Parce que la pauvreté oblige les populations dont la subsistance dépend de la terre à surexploiter celle-ci pour s’alimenter, se loger et disposer de sources d’énergie et de revenus, la désertification est en même temps la cause et la conséquence de la pauvreté.

Futura sciences. Journée mondiale contre la désertification : un tiers du globe menacé.

Pour paraphraser Indira Gandhi, qui a dit, en 1972, que « la pauvreté est la pire forme de pollution », nous pourrions ajouter, à notre tour, que « la pauvreté est la pire forme de désertification ».

À tout le moins, c’est la plus méconnue des causes. Vous en doutez ? Avouez que vous étiez convaincus, avant de lire ce billet, que le réchauffement climatique dû à la pollution industrielle est le grand responsable de la désertification.

Ajoutez, à la surexploitation pour la survie, celle qui alimente une course folle aux profits à court terme, sans véritable préoccupation pour les effets à long terme, et vous avez les ingrédients d’un drame humain d’autant plus horrible qu’il s’installe sournoisement, comme la vieillesse.

Le phénomène est-il irréversible ?

Non, justement, et c’est là que le bât blesse. En bonne comptable qu’elle est, la Banque mondiale a calculé le coût de la désertification : 42 milliards de dollars américains de manque à gagner à l’échelle mondiale.

Pourtant, il en coûterait environ 2,4 milliards par année pour lutter efficacement contre la progression des déserts.

Pourtant, mettre fin à la pauvreté est l’un des plus sûrs moyens de museler ces grands dévoreurs de sols fertiles et d’êtres humains que sont devenus les déserts.

Il faudrait suivre attentivement le colloque international Désertification, faim et pauvreté, les 11 et 12 janvier prochains à Genève, qui abordera le problème sous l’angle des droits humains, économiques et sociaux, de même que toutes les rencontres internationales qui auront lieu, tout au long de cette année internationale des déserts et de la désertification.

Le comble serait que la lutte contre la désertification se heurte à un désert médiatique.


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