L’échéance de la déchéance

par C’est Nabum
lundi 28 décembre 2015

Le piège absolu.

Voilà bien un sujet à propos duquel je me garderai bien d'émettre la moindre opinion tant il sent le roussi, le faisandé et la scission absolue. Pourtant notre Prince de la synthèse a trouvé le moyen de sortir de son chapeau la plus effroyable machine à créer du dissensus qui soit. Lui qui se rêvait fédérateur, pacificateur et roi du consensus mou, il a frappé un grand coup qui va laisser des traces.

À trop vouloir courir après l'opinion publique, notre cher président est tombé dans ce terrible piège fangeux. Il a fouillé dans les remugles de l'extrême droite pour s'approprier une de ses propositions, pensant ainsi noyer le poison et empêcher la dame de cracher son venin. Il n'était pas mécontent non plus de couper la mauvaise herbe sous le pied du petit Nicola$.

Fin tacticien, notre cher François se trouve pris aux pièges des grands principes, des belles idées, de l'opinion publique et de la légitime peur de l'instant. À vouloir tout mélanger, on finit immanquablement par se prendre les pieds dans les chausse-trappes de la dialectique. Maintenant, le brave Flambi premier est englué dans une proposition qu'il a eu l'immense tort de rendre solennelle dans le palais de Versailles.

N'est pas le roi Soleil qui veut et notre pauvre pantin, pour éviter l'éclipse, a voulu briller des mille feux de la fermeté. Il a tapé du poing sur la table de loi, il a froncé les sourcils pour paraître plus méchant qu'il n'était et voilà qu'il se reprend un magistral retour de bâton. C'est à le dégoûter définitivement d'avoir une idée.

Il aurait dû, comme à son accoutumée, prendre le pouls, envoyer quelques ballons-sondes, déléguer un quidam pour essuyer les plâtres, jouer du démenti par premier ministre interposé, tergiverser, bégayer, reculer, nuancer. Mais non, il était coincé, il avait lâché sa bombe devant le congrès … Quel idiot !

Alors, la suite fut du grand Guignol. Un coup de barre à gauche, un autre à droite. Au PS, louvoyer est la plus sûre manière de naviguer entre deux eaux. Il est commode de tenir la barre quand on n'a aucun cap précis à suivre. Mais cette fois, le bon capitaine s'est pris les doigts dans le sextant et les pieds dans la déclaration universelle des droits de l'homme.

La grogne fait rage dans ses rangs. S'il lui reste encore des fidèles , ils doivent avaler leur chapeau ou une couleuvre. Le choix est malaisé quand on a prétendu jadis avoir une certaine idée de la France. Pour finir de mettre le grand bazar, l'opinion publique aime à se faire virulente sur un tel sujet. C'est l'hallali qui résonne dans les cafés du commerce. La peine de mort et la déchéance sont des bouées de secours auxquelles aiment à s'accrocher les Dupont-la-Joie de tous poils.

Et après bien des pirouettes, notre président a décidé d'aller jusqu'au bout de la parole donnée. Pour ne pas vous décevoir, la déchéance sera … La ministre de la justice devra se soumettre ou se démettre, la véritable gauche se pincer le nez ou risquer la catastrophe. Les Français de souche replongent leurs racines dans les vieux relents de Vichy, la loi se met au service des dérives de l'heure et abandonne les postures morales et philosophiques.

Que de dégâts pour une mesure qui est uniquement symbolique et ne devrait toucher qu'une infime minorité d'individus qui ne méritent pas qu'on se déchire pour eux. Je pensais naïvement que gouverner c'était prévoir. Je découvre avec effarement que l'improvisation règne en maître aux plus hauts sommets de l'état.

Ce serait drôle si la mesure n'était pas de nature à créer des fractures profondes dans la société. Il est si facile de crier avec les loups, de perdre de vue les Grands Principes, de réagir dans l'émotion et la crainte, l'abjection légitime et le traumatisme indéniable. Mais cela ne devrait en aucune façon être la posture de l'homme d'Etat … La preuve est désormais faite que celui-ci non plus n'est pas digne de la fonction qu'il occupe.

Déchéancement sien.


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