L’hébergement d’urgence en question

par C’est Nabum
jeudi 3 octobre 2019

Jean François Chalot passe le sujet au crible.

 

 

Inlassablement tout autant que régulièrement, ce diable d’homme vient mettre ses gros sabots dans les chemins convenus d’une pensée officielle qui mérite souvent qu’on la bouscule. C’est ce que ne cesse de faire ce militant acharné qui refuse d’accepter l’intolérable, qui s’indigne ou s’encolère, qui prend la plume ou bien la banderole pour combattre l’injustice et l’iniquité, deux maux consubstantiels semble-t-il à une République sans éthique.

L’association : « Familles Laïques » de Melun dont Jean François Chalot est le président ne cesse de se trouver aux côtés de ceux qui sont en détresse de par leur parcours chaotique. Le problème du logement est crucial car de lui découle bien des aspects : éducation, alimentation, travail, loisirs, culture… Rien de tout cela n’est possible quand le logement fait défaut en dépit d’une loi sur le droit au logement qui n’a été qu’un leurre.

L’homme harcèle madame la préfète, c’est du moins ce que prétend cette haut fonctionnaire plus soucieuse de sa tranquillité que du bien-être de la population et des plus démunis en particulier, ceux qui justement échappent à son réseau. Ce livre contient des témoignages qui ne peuvent laisser indifférents au risque d’importuner la représentante d’un État atteint de cécité.

Une femme expulsée de son appartement avec ses trois enfants, une infirmière se retrouvant à vivre dans sa voiture, une autre femme expulsée et dépossédée de tous ses effets, une autre encore expulsée avec son fils handicapé, beaucoup privés de leurs vêtements, tous démunis et totalement livrés à eux-mêmes, voilà quelques cas concrets qui sont présentés à notre stupéfaction.

Deux mille quatre cents personnes ont ainsi recours chaque jour dans le département de Seine-et-Marne au115 ainsi qu’aux différents services d’urgence qui sont naturellement débordés. La situation ne fait qu’empirer en dépit des annonces des présidents successifs. La rue serait le plus souvent la seule réponse si des bénévoles n’agissaient au quotidien pour trouver des solutions, soulever des montagnes et parfois importuner madame la préfète si attentive à sa tranquillité.

Le livre a le mérite de présenter des cas concrets, de mettre des prénoms derrière des drames humains tout en expliquant les limites mais aussi les recours de service comme le 115 ou la Direction Départementale de la Cohésion Sociale. Il évoque également l’humanité de certains maires qui en dépit de lignes politiques différentes sont disposés à faire leur possible pour soulager la misère dans la limite hélas de moyens qui demeurent modestes.

Ces récits ne laissent pas indifférents, ils viennent briser les propos lénifiants et commodes sur le RSA ou l’APL. La réalité est toujours plus complexe, les obstacles multiples, les solutions lourdes à mettre en œuvre. Mais elles existent et par exemple le Solibail qui mérite d’être développé plutôt que ce recours simpliste aux hôtels.

Jean François Chalot ne se contente pas de nous accabler d’une longue série de cas, tous plus douloureux les uns que les autres. Pour ceux-là, il a retroussé ses manches avant que de prendre sa plume, il a fait preuve d'opiniâtreté pour refuser l’inéluctable descente aux enfers. C’est ce qui fait la richesse de ce témoignage que d’être aussi le récit de sauvetages.

Mais c’est encore dans l’expression des solutions et des possibles que ce document prend tout son sens. Il ouvre des portes pour d’autres Samaritains qui voudraient suivre les pas de ce bénévole extraordinaire. C’est en ce sens un guide pour ne pas rester inactif, un formidable encouragement à ne pas baisser les bras, une invitation à se dresser face à l’indifférence et parfois la morgue des pouvoirs publics.

Madame la Préfète a bien raison de se faire du souci. Ce diable « d’agitateur » ne la laissera jamais dormir tranquille tandis que des pauvres hères sont à la rue ou en passe d’être expulsés. Ce n’est après tout que justice puisque la dame est fort convenablement logée aux frais de la Princesse. Mais avec Jean-François, les contes de fée ne sont pas interdits aux exclus et aux miséreux. Il veille sur eux avec sa baguette qui, a défaut d’être magique, demeure infatigablement à leur service.

D’autres apportent leur contribution, leur réflexion, leur touche personnelle à ce petit ouvrage qui ne laisse pas indifférent. Je vous le conseille vivement pour ne rester sans rien faire.

Préfectoralement sien.

 


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