l’UMP, la fin d’un leurre ?

par olivier cabanel
mercredi 13 juin 2012

A l’aube du 2ème tour des législatives, les triangulaires qui se préparent vont démontrer si l’UMP est encore un parti républicain, ou s’il est prêt à favoriser le FN au dépens des autres candidats.

Les triangulaires sont en effet révélatrices, car au delà des belles paroles du parti traditionnel de la droite, affirmant qu’il n’a pas d’affinités avec le Front National, ce sont les consignes de votes qui montreront si oui (ou non), l’UMP appelle au sursaut républicain, quitte à perdre la partie.

Rejetant la solution du « vote républicain », Le patron provisoire de l’UMP s’est finalement décidé pour le « ni-ni » (ni PS, ni FN), avalisant ainsi la possibilité pour ses électeurs de voter pour le Front National.

A gauche, la consigne est claire, Martine Aubry prône le désistement républicain afin de faire barrage au FN, et semble être sur le point d’être respectée, à une ou deux exceptions près. lien

En effet, le PS n’est pas exempt de reproches, à l’instar de la socialiste Dolores Roque, qui, en se maintenant avec ses 29% risque de faire gagner le FN Guillaume Vouzelloud (49,3) si elle ne pratique pas le vote républicain qui ferait gagner le candidat UMP, un certain Elie Aboud fort de ses 33,6%. lien

A droite, devant les possibilités offertes par Jean-François Copé, Nadine Morano saute sur l’occasion : sans le soutien du FN, elle aurait des difficultés à gagner, alors elle fait du pied au Front National, déclarant qu’elle en partageait les valeurs : « Je n’ai pas d’états d’âme à en appeler aux électeurs du Front National » a-t-elle déclaré sans hésitations, ajoutant « la maitrise de l’immigration, le refus du vote des étrangers (…) la protection de nos frontières extérieures de l’Europe. Oui, je partage ces valeurs avec eux ». lien

Dans le Tarn et Garonne, Brigitte Barège veut à son tour aider le Front National.

Cette député à la reconnaissance du ventre, puisqu’elle se souvient que si elle avait pris en 2001 la mairie de Montauban, faisant tomber l’élu socialiste, c’était grâce au FN.

Elle se dit « ravie  » aujourd’hui que Marine le Pen puisse être élue, affirmant que ce parti « mérite d’avoir des élus à l’assemblée ». lien

Cette étrange maire a tenu des propos (qu’elle a regretté plus tard) sur l’emploi et la préférence nationale, qui semblaient sortis de la bouche d’un frontiste, puis au sujet du mariage des homosexuels, elle avait répliqué : « et pourquoi pas des unions avec des animaux ? ». lien

A l’exception de Nathalie Kosciusko-Morizet, les candidats UMP se retirent lorsqu’ils ont perdu toute chance de gagner, afin de permettre au Front National de l’emporter.

C’est ce qu’à fait l’UMP Roland Chassain, dans les Bouches du Rhône en se désistant en faveur du FN afin que Michel Vauzelle ne soit pas élu. lien

Pour mieux comprendre sa position, il faut rappeler que Chassain est pour la peine de mort, et qu’il a perdu son siège de député en 2007, battu justement par Michel Vauzelle.

En tout cas, le cumul des mandats ne lui fait pas peur : déjà maire, il est aussi conseiller général dans le canton des Saintes Maries de la Mer. lien

Et puis, il y a longtemps que la volonté de faire fusionner ces deux partis existe.

Personne n’a oublié les déclarations de Jacques Peyrat, l’ancien maire de droite de Nice, qui affirmait que « l’union (avec le FN) se fera inévitablement  ».

Montrant l’exemple, il a finalement rejoint le parti frontiste. lien

Et quid de l’UMP Christian Vanneste qui se bat depuis des lustres pour un rapprochement entre l’UMP et le FN, déclarant sur l’antenne du radio locale : « l’alliance avec ce qui est à notre droite est tout à fait possible ». lien

Le maire UMP de Monfermeil, Xavier Lemoine ne dit pas autre chose, affirmant : «  il est nécessaire et indispensable que l’on arrive à cette union de toutes les droites, y compris avec le FN  ». lien

C’est ce même élu qui avait déclaré « l’islam s’est implanté dans nos quartiers ». lien

Tout le monde a peut être oublié les agissements d’Eric Woerth, lorsqu’il pactisait avec le Front National lors des élections régionales de 1998, mettant en place une alliance avec les deux partis. lien

Dès avril 2011, après l’échec des régionales, une équipe UMP avait été constituée avec Lionel Luca, Thierry Mariani et Jean-Paul Garraud afin d’œuvrer à une possible fusion entre les deux partis.

A l’inverse de Jacques Chirac, Nicolas Sarközy a donc implicitement encouragé la création d’une « droite populaire » qui permettrait la fusion entre l’UMP et le FN.

C’est le « Canard Enchaîné » qui a levé le lièvre évoquant le déjeuner que Mariani a eu avec Marine Le Pen le 18 avril 2011, scellant un accord pour la création d’une « droite populaire » composé de 44 députés, lequel collectif sera reçu par l’Elysée le 24 mai 2011. lien

Ce serait cette même droite populaire qui aurait œuvré pour permettre le FN d’obtenir ses 500 signatures. lien

Le front national déclarait le 23 mai dernier qu’il atteindrait le second tour dans plus de 100 circonscriptions, (lien) ce qui semble bien optimiste puisqu’aujourd’hui, puisqu’on sait qu’il n’a que 61 présents au second tour. lien

La porosité entre le FN et l’UMP est donc un secret de polichinelle.

D’ailleurs récemment, à propos de Claude Guéant, Marine Le Pen veut l’encourager à continuer sur ce chemin, puisque dit-elle « il a contribué à rendre service (au FN) en diffusant ses idées  ». lien

C’est bien ce qu’a compris Jean-Marc Ayrault affirmant que l’UMP était en train de préparer une alliance stratégique avec le FN. lien

On comprend mieux le politologue Stéphane Rosez qui, évoquant le FN et l’UMP, n’arrive pas à discerner ce qui les sépare et remarquant que « l’UMP banalise le vote FN ». lien

Marine le Pen, qui fait le maximum pour se montrer fréquentable a, elle aussi, quelques casseroles : député européenne, conseillère régionale, et conseillère municipale, elle a multiplié pendant 3 ans les recours pour contourner la législation, choisissant en fin de compte de garder son siège européen, cette même Europe qu’elle ne cesse de critiquer, et abandonnant son siège au conseil municipal d’Hénin Beaumont, ce même Hénin Beaumont ou elle revient se présenter. lien

On s’interroge sur ce choix, alors qu’elle arrive en tête des absentéistes au parlement européen.

Mais Marine est-elle devenue fréquentable, alors qu’il n’y a pas si longtemps, elle posait aux cotés de Franz Shonhuber, ex-waffen-SS de la division Charlemagne (vidéo) ou qu’elle s’exhibait à Lyon avec 2 militants portant des tee-shirts avec des initiales déguisées, qui ne sont rien d’autre que le sigle nazi ? photo

Et quid de sa « valse brune » à Vienne, à laquelle elle était l’invitée d’honneur, bal organisé par des ligues étudiantes, vivier de néo-nazis ?

Elle valsait ce soir là avec un certain Martin Graff, membre d’Olympia, société secrète interdite aux juifs, et qui véhicule des idées antisémites, néo nazi, et négationnistes. lien

Au-delà de l’Autriche, grâce à l’un des membres les plus influents de son parti, Frédéric Chatillon, elle a rencontré, en avril 2011, Francesco Storace, leader du parti néo-nazi italien, et ex-ministre de la Santé dans le gouvernement Berlusconi, dans la plus grande discrétion. lien

C’est d’ailleurs ce parti, le MSI, qui a offert le sigle de la flamme tricolore au FN.

Mais Marine le Pen affirme que Chatillon, pro syrien convaincu, n’est que l’imprimeur chargé de la publication des documents du FN, et rien d’autre. lien

Et que penser de cette affaire de famille qu’est devenu le FN  ?

Après le père, fondateur du mouvement, on découvre la fille, puis le fiancé de celle-ci, Louis Alliot, vice président du FN, et enfin Marion Maréchal Le Pen, nièce de Marine, et petite fille de Jean Marie, qui vise une place de député, et qui risque de gagner si la PS Catherine Arkiolovitch se maintient. lien

En attendant, Marine Le Pen vient de dresser une liste noire rappelant de bien mauvais moments, dressant une liste des candidats qu’elle veut faire battre, et même si elle a pris comme tête de turc, l’UMP Kosciusko-Morizet, appelant à la faire battre en votant pour le candidat PS, ça ne change pas grand-chose sur le fond. lien

Quand à Gilbert Collard, le nouveau rallié, son parcours est plutôt hésitant : après avoir soutenu Pierre Boussel, le chef de l’OCI (organisation communiste internationale) il a adhéré par la suite au parti radical valoisien, pour finir aujourd’hui comme « chargé de com » pour Marine Le Pen.

C’est lui qui avait affirmé que la candidature de Marine Le Pen était une terreur pour l’ex-président de la République. lien

On sait aujourd’hui ce qu’il en est.

Collard sera peut-être élu le 17 juin prochain, puisque Etienne Mourrut, le candidat de l’UMP voudrait bien se désister en sa faveur. lien

Le 17 juin prochain, on verra si les électeurs sont encore des candides, prets à tomber dans le piège, mettant en fin de compte des élus frontistes à l’assemblée nationale, car comme dit mon vieil ami africain : « que le tigre porte de la laine n’en fait pas un mouton pour autant  ».

L’image illustrant l’article provient de « christianschoettl.over-blog.com »

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Olivier Cabanel

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