La Ligne de Front
par C’est Nabum
mercredi 9 décembre 2015
De quoi perdre la face.
S'il est un sujet éminemment dangereux c'est bien celui du front. À bien y regarder, il y a de quoi en perdre la tête ou bien la face. C'est d'ailleurs là la question la plus importante. Faut-il faire front ou bien se dresser face à la menace ? Car ceux qui prétendent avancer le front en avant en nous regardant droit dans les yeux ont souvent des têtes qui ne me reviennent pas.
Mon front se plisse à cette évocation scabreuse. La ride qui se dessine préfigure-t-elle la prochaine ligne de front qui séparera les gens de bonne volonté des moutons égarés ? Car, à n'en point douter, il vaudra mieux tomber au front les armes à la main que se retrouver front contre front et subir cette lourde menace. Hélas, nul front du refus ne se dessine pour l'instant ; le petit roquet de la maison bleue a le front fuyant dès qu'il s'agit d'aborder le sujet.
Le front s'assombrit sur notre belle France. Ce sont des sueurs froides qui me coulent du front. La bête immonde avance, le visage grimé derrière un masque de fausse respectabilité. Beaucoup se laissent prendre à la farce, baissent le front devant les leçons de l'Histoire et ceignent leur front d'un bandeau tricolore, prétextant ainsi ne pas laisser à l'adversaire sournois l'exclusivité du patriotisme.
C'est le rouge au front que je constate à quel point se fourvoient ceux qui pensent encore qu'il est possible de mener plusieurs affaires de front. Il n'y a plus qu'un combat à mener : celui de la démocratie et, avant que nous ayons à bander le front des futurs blessés de la guerre civile inéluctable, évitons de nous bander les yeux et de feindre que le danger n'existe pas.
Il conviendrait alors d'atteler les chevaux de front afin de ne pas creuser des sillons gorgés d'un sang impur. Hélas, les vieilles ganaches qui nous gouvernent sont incapables de faire taire leurs divergences, les uns vont à hue, d'autres prétendent aller à dia et laissent le champ libre à ceux qui sillonnent vraiment la campagne, creusent un socle solide qui bientôt leur assurera de prometteuses récoltes.
Du front de mer sourd une terrible menace. Les réfugiés seront renvoyés sans état d'âme. Voilà un front qui se prive aisément de cas de conscience. Ces malheureux seront attaqués de front, sans ménagement, refoulés à la mer ou bien de là où ils sont venus. Seuls ceux qui ont le front oint d'une eau bénite certifiée, seront reçus les bras ouverts. L'acte de baptême sera bientôt le passeport idéal pour notre belle France.
Courber le front devant un Dieu homologué ou devant un chef auto-proclamé, voilà les perspectives qui se présentent à nous. Nous feignons de ne pas croire à l'imminence de la menace. Nous allons perdre sur tous les fronts, la liberté en sourdine, l'honneur en décrépitude et la démocratie en sommeil. La bête, quant à elle, fond sur sa proie sans pitié !
Combien serons-nous à relever le front tant qu'il en est encore temps ?Le front du refus se passera aisément des guignols qui agitent le vilain Gnafron par simple calcul électoral. Il faut se serrer les coudes pour repousser ce front infernal ; n'attendons rien de ceux qui courtisent leurs électeurs, marchent sur leurs plates-bandes ou pire, encore, vont se servir dans leurs propositions.
La COP 21 lutte contre le front chaud tandis qu'un front froid, glacial, risque de s'abattre sur nos libertés. Il n'est pas d'exemple que la peste brune respecte les règles une fois qu'elle est dans la place. Quand elle sera au pouvoir, vous aurez beau vous essuyer le front, ouvrir les yeux et sortir de vos illusions, il sera trop tard. Vous vous heurterez le front ou la tête contre les murs, vous partirez alors, chers petits camarades, au front, comme de bons petits soldats marchant au pas de l'oie et chantant une marseillaise liberticide.
J'espère que d'autres auront le front de se dresser eux aussi contre la lourde menace. Mais ce n'est certes pas en insultant honteusement les électeurs égarés à la manière d'un premier ministre outrageant. Ces braves gens expriment leur désespoir, leur colère devant le mépris des partis de gouvernement. Ils ne peuvent mener plusieurs affaires de front ; pour l'heure ils réclament d'être enfin considérés et écoutés : ils ne s'attachent pas à décrypter la véritable nature de ceux qui leur font les yeux doux.
La peur n'exclut pas le danger ; nous sentons des sueurs froides nous coller sur le front. Pour les éponger, il faudra aussi passer un grand coup de balai sur cette République qui nourrit la bête par tous ses travers, ses défauts et ses tromperies. Relever le front sera à ce prix ou il faudra se résoudre à la catastrophe.
Frontalement leur