La matraque sensible

par olivier cabanel
mardi 8 décembre 2020

On trouve de tout sur « France Inter », du pertinent, de l’impertinent, mais aussi, parfois, un certain manque d’objectivité, proche d’une allégeance gouvernementale.

Ainsi, on pouvait s’étonner d’entendre un certain Dominique Seux, censé s'occuper d’économie, donner son avis sur la vaccination, et la réaction écrite que j’ai envoyé à la direction n’a eu à ce jour aucune réponse. lien

Mais c’est la chronique du 7 décembre dernier de Thomas Legrand qui mérite le détour...

Extraits : « Une extrême gauche groupusculaire, à l’agilité démultipliée par les messageries cryptées qui théorisent l’insurrection et la provoc en tablant sur la faiblesse des services d’ordre ».

Quand on voit ces « services d’ordre » caparaçonnés, bien à l’abri de leurs boucliers, de leurs casques, de leurs gilets pare-balle, équipés de fusils, de grenades, on se demande où est cette faiblesse ?

Mais continuons.

Il évoque : « une police mal équipée, mal adaptée (...) à la doctrine obsolète, un pouvoir qui se laisse enfermer dans la logique brutale des syndicats de police contribue à faire de la manifestation un champ de bataille, plus qu’un lieu d’expression populaire... »...

Bon, on l’a compris, le coupable, ce n’est pas le préfet qui donne des ordres, ni le président de la république qui l’a nommé, mais « les syndicats de police », qui ne manqueront pas d’apprécier...

 « Parfois la violence et la bêtise des casseurs est trop manifeste et brise le mouvement en cours... »

Pour le chroniqueur, la vérité éclate : ce sont les casseurs qui empêchent le « mouvement en cours » de s’exprimer, mais, dans l’esprit de Thomas Legrand, le gouvernement n’a manifestement rien à voir avec tout ça... en résumé, c’est de la faute aux casseurs...

On pourrait à ce moment s’interroger, avec lui, sur l’origine de ces casseurs, et surtout sur le fait que la police, qui les connait bien pour les filmer en continu par drones interposés, ne fait pas grand-chose pour l’empêcher...

Puis le chroniqueur ajoute : « trop de violences policières boostent la manifestation, et parfois la violence paye, elle fait débourser le gouvernement, renoncer à la taxe sur le carburant, aux 80 km/h...ou renoncer aussi à Notre Dame des Landes »...

Legrand n’est-il pas en train d’encourager la violence, qui, au début de son papier, lui provoquait des crises d’urticaire ?

Il continue...

« Des casseurs stratèges, une police dépassée, il faut ajouter un troisième rouage à la mécanique de la violence »...

C’est alors que Legrand montre du doigt les fameux « réseaux sociaux »...

« Dans le cas d’une manif, ils changent la nature de l’évènement par l’usage qu’en font les autorités...à l’Elysée, dans les ministères, dans les bureaux, ont en permanence les chaînes d’info allumées, sans le son (qu’est-ce qu’il en sait ? ndlr), mais les images sont là...c’est leurs fenêtres sur la France, ou plutôt sur ce qu’ils pensent que la France et les français voient de leur pays...euh...quand une poubelle brûle, quand une vitrine est éventée, même si le reporter en place explique bien que c’est marginal...quand ça l’est...quand ça l’est encore... »

A ce stade de la réflexion du chroniqueur on comprend bien que ça ne l’est plus...

...eh bien, les images sont là, démultiplicatrices, et l’Elysée, effrayé par leur effet potentiel sur l’opinion, appelle Matignon pour que ça cesse... Matignon, appelle le préfet pour que ça cesse...celui-ci intime l’ordre aux policiers sur place que ça cesse... autrefois, (je vous parle d’un temps, où les moins de vingt ans...ndlr)...le commandant de crs sur le terrain évaluait par lui-même, et en fonction des consignes qui lui avaient été données, la nécessité d’une intervention, plus ou moins musclée, au contact ou non, risquait-elle par elle-même...euh...un trouble à l’ordre public plus important que celui qui se déroulait devant ses yeux (les éborgnés, amputés, voire morts, apprécieront... ndlr)...il y avait même une sorte de tolérance relative au foutoir, à la casse, dans un premier temps, une répression à contretemps, parfois précipitée, pour changer une image, peut-être contreproductive ( ?), à tout point de vue. L’intelligence opérationnelle laissée au « chef de terrain », est anéantie par l’effet des images sur les chefs politiques, les casseurs ne sont relativement suivis ou tolérés par autres manifestants ( !) que dans la mesure ou la police, mal commandée, est aussi, et sans discernement violent et expéditive ...cette mécanique globale de la violence ne peut être brisée, comme chez nos voisins européens, que par une impulsion de désescalade et celle-ci ne peut venir que d’en haut ».

On appréciera, comme il se doit, le « en même temps », cher à la macronerie, puisque finalement, tout en épargnant le chef de l’état toute responsabilité de ces violences, il finit par conclure quasi le contraire... lien

Mais allons un peu plus loin...

France Info avait donné une piste intéressante, il y a un peu plus d’un an, en diffusant une capture d’écran dans laquelle on voit 3 civils vêtus de noir, Place d’Italie, courir se mettre à l’abri derrière un cordon des forces de l’ordre, dont elles faisaient clairement partie, et comme le dit le journaliste « il est très vraisemblable qu’il s’agisse de policiers infiltrés dans le cortège  », situation qui a fait réagir de nombreux manifestants : « policiers casseurs pour décrédibiliser les gilets jaunes  », écrit l’un d’eux. lien

Une vidéo en témoignage.

Plus récemment, Olivier Bonnet, journaliste, évoquait « une police complice des casseurs », assurant que la police macroniste aurait un double objectif : dissuader par la peur les citoyens d’aller manifester, et faire accréditer par l’opinion le « moi ou le chaos », qui justifierait toutes les répressions.

C’est aussi manifestement l’avis de l’avocat Yassine Bouzrou : « ça arrange beaucoup de monde que cela se passe comme ça. Dont le préfet de Paris. Il est hostile à ces rassemblements et il n’est pas possible de ne pas prévoir ces débordements ».

Le journaliste continue : « la police laisserait donc sciemment faire les casseurs ? L’accusation est tout sauf invraisemblable ».

Un CRS, présent lors d’une manif aux champs Elysées, en mars 2019, s’en était ému : « C’est pas croyable, on dirait qu’on les laisse faire ! C’est quoi l’objectif ?! ».

C’est du moins ce qu’a entendu le Journaliste Wladimir Garcin-Berson qui se trouvait à proximité. lien

Plus récemment, on apprenait de la bouche d’Alexandre Langlois, ce policier qui vient de démissionner bruyamment, qu’il s’agissait de la stratégie du « laisser faire ».

Il a rapporté sur twitter les témoignages de collèges CRS, lesquels auraient reçu la consigne : « en cas de casse, on laisse casser  », info relayée par Marianne. lien

C’est le moment d’écouter l’avocat Ariè Alimi qui évoque la nouvelle tendance policière : la technique de la nasse.

Lallement avait décidé, au moment où les gens essaient de partir, de « nasser » tout le monde et de balancer des lacrymogènes afin de créer de un conflit. lien

J’ai vécu, en 2012 une situation analogue.

Avec les opposants au Lyon Turin, j’avais demandé l’autorisation de manifester à Lyon, afin d’informer statiquement les lyonnais des problèmes provoqués par ce néfaste projet, et aussi de rencontrer Hollande qui s’était déplacé à l’occasion.

Autorisation accordée, et en accord avec la préfecture, nous choisissions un lieu pour ce rassemblement, la gare des Brotteaux.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’une fois tous les militants arrivés, que des barrières de blocs en béton, surmontées de grilles d’acier avaient été positionnées tout autour de la place... rendant impossible toute communication avec les lyonnais, et créant les tensions que l’on peut imaginer. lien

On le voit, la technique de la nasse n’est pas une nouveauté...

Au-delà de ces péripéties, c’est de la formation de la police dont il faut s’étonner, quand on sait qu’il suffit de 3 mois de formation, en France, alors qu’ailleurs il faut plusieurs années. lien

Le témoignage de ce journaliste infiltré est capital sur ce sujet. vidéo

Comme dit mon vieil ami africain : « quand tu lances la flèche de la vérité, trempe la pointe dans le miel ».

Le dessin illustrant l’article est d’Oli

Merci aux internautes pour leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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